Portrait de Adrien Sollami

Portrait de Adrien Sollami

Next (F9) vous propose des portraits de personnalités connues ou inconnues, des poètes ou des vendeurs de boutons, des gauchos ou des gauchers. L’important est de rêver. Chacune des personnalités est contactée personnellement, décide de sa photo à publier et raconte à Patrick Lowie un rêve marquant. Précision d’usage : ce portrait est un portrait onirique, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie.

Il y a des rêves insipides, des rêves incompréhensibles, des rêves lumineux, des rêves qui bouleversent, des rêves prémonitoires, des rêves dont on attend encore la preuve de leur clairvoyance. Bref, il existe autant de rêves que de têtes qui dorment, que de hiboux qui bouboulent et comme l’avait écrit Goya sur une de ses gravures : le sommeil de la raison engendre les monstres ou le rêve de la raison engendre des monstres. Pourquoi ces deux versions ? Parce qu’en espagnol : sommeil et rêve, c’est le même mot : sueño. Alors, dans ce nouveau rêve, je suis enfermé dans une maison qui m’intrigue. Je suis assis à même le sol, sur un carrelage vieillot et froid qui me gèle les fesses, j’ai l’impression d’avoir été puni, comme si j’étais encore un enfant, puni d’avoir trop mangé de glaces à la straciatella, puni d’avoir volé de l’argent dans les poches de mon père pour pouvoir m’acheter plusieurs glaces aux goûts différents pour être bien sûr de continuer à aimer la glace à la straciatella. On m’a dit que j’étais un monstre. Et tel un monstre maîtrisé par ses propres angoisses, rêves ou sommeils, je regarde, là, mon propre corps, le réel et le fantastique qui se confondent dans un miroir aux alouettes. Je n’ai pas peur, et je n’ai pas envie d’avoir peur de moi-même. Rien ici ne trouble mes pensées, je récite en moi : que rien ne me trouble, que rien ne m’effraie, tout passe, …. quand soudain, j’entends une porte s’ouvrir, des pas entrer dans la maison. Sans qu’il ne dise un mot, je sais que c’est Adrien Sollami, passionné de musique, créateur de L.N.A. (les nouveaux artistes). J’entends ce qu’il pense, j’entends ce qu’il fredonne. Il est seul et ne sait pas que je suis là. Il avance dans la maison et retrouve ses marques, il se sent vraiment bien, heureux de retrouver cet espace. Il y avait un commerce ici au rez-de-chaussée dans une autre vie. Mais là, tout est transformé, il sait qu’il entre par effraction dans une maison qui n’est plus la sienne. Il aimerait ne pas croiser les locataires, je ferai tout pour ne pas l’effrayer. Ce n’est pas la première visite d’Adrien. Il vient régulièrement humer les parfums de cette maison où il n’a pourtant pas vécu les plus belles années de sa vie. Je sais qu’à chaque réveille il a des pensées très nostalgiques ce qui l’étonne, le perturbe. Nous sommes dans la toute dernière maison de la rue Grétry à Liège (Belgique). Il continue à avancer, essaye de trouver la limite entre réalité et imaginaire. Il se sent grand, immense. Il s’assied ensuite et pose sa tête sur la table de la cuisine. Des chouettes, des chats, des chauves-souris l’accompagnent dans ce sommeil/rêve. Je m’approche de lui : n’ayez crainte, je suis Patrick Lowie, j’ai l’habitude d’éteindre les réverbères des rêves, vous allez bientôt vous réveiller. Mais j’ai juste une question à vous poser : pourquoi venez-vous si souvent ici ? Il me dit que cette maison a une histoire car ses parents y tenaient un commerce de glaces. Il me fixe des yeux et continue : j’ai toujours su que vous étiez ici. Vous venez de Mapuetos n’est-ce pas ? Cette ville qui n’existe pas dans un pays qui n’existe pas ? J’acquiesce. Je ne reviens pas ici par nostalgie, ni par goût pour les glaces, je reviens ici pour que vous me fassiez découvrir ce monde invisible. Mais voilà qu’au moment où il prononce le mot invisible, Adrien Sollami disparaît, se réveille dans le monde du réel.

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