« LE NATURISME Une histoire illustrée » de Thierry Chardonnet

« LE NATURISME Une histoire illustrée » de Thierry Chardonnet

La conquête du vivre nu n’est jamais acquise. Rien de tel qu’une bonne dose d’histoire du mouvement naturiste en images pour se rafraichir la mémoire. C’est tout l’art de Thierry Chardonnet germaniste et enseignant en Normandie, auteur du présent ouvrage : « Le naturisme Une histoire illustrée ». Il œuvre en tant qu’historien mais aussi éclaireur en visuels. Des années 1900 jusqu’en 1960, en France, en Europe et dans le monde, il raconte tour à tour le naturisme libertaire, hygiéniste, sportif et hédoniste. Que vous soyez textiles ou naturistes, je vous recommande chaleureusement l’approche originale, ouverte et pertinente de ses lumières.

Le naturisme actuel comme leitmotiv saisonnier nous torche des articles racoleurs par les médias en mal d’information. Ainsi, cet été 2017, le tenancier d’une paillotte en Corse a dégainé son fusil et fait feu de tout poil contre justement des gens nus qui fréquentaient pacifiquement une plage naturiste. Les marronniers ont fleuri au Cap Drague où « le cul ça fait les comptes ronds » dixit Léo Ferré. Et aussi la baie des cochons où des échangistes et autres sado-masos bâtent le grain de sable sous le nez des naturistes ahuris trahis et totalement impuissants d’enrayer ce phénomène dû aux pieuvres locales qui s’en fichent plein les fouilles. En septembre, pour la deuxième année l’APNEL (association pour le naturisme en liberté) sera une nouvelle fois l’attraction en tenue d’Adam et Eve des pékins à la fête de l’Humanité. Elle prône le mélange incompatible des genres entre gens nus et calcifiés. Elle se bat de façon légitime cette fois pour la dépénalisation du nu et la proposition d’un projet de loi « visant à réhabiliter la simple nudité afin qu’aucun ostracisme, aucune condamnation ne soient envisageable dans le futur ».
En cette période où d’autres luttes d’essence hautement sociales et vitales, qui j’espère feront fureur de vivre dès le mois de septembre où les retraités, chômeurs, travailleurs, étudiants, fonctionnaires… vont battre le pavé pour la sauvegarde de leurs droits... A côté, l’hédonisme bon teint des naturistes qui prônent leur petit plaisir de se sentir nu, c’est cucul. Jean Jaurès « directeur politique » du journal l’Humanité doit se retourner dans sa tombe et avoir envie de faire la bombe !

Je vous invite à un voyage passionnant à travers le temps qui confère un devoir de mémoire nécessaire, pour comprendre quels sont les enjeux du naturisme actuel en regard des luttes de ses pionniers internationaux.
L’auteur insiste à juste raison dans son introduction sur le fait que certaines cartes postales reproduisant des nus, photographies respectueuses et humaines, avaient été réalisées en dehors de la censure, et devaient nécessiter, c’est moi qui rajoute une bonne dose de courage militant.
Du fait de mon côté animal de Singette qui vit nue toute l’année, j’apprécie et partage son approche de la nudité. « La nudité en commun produit un apaisement intérieur en diminuant les conflits internes sources d’angoisse. Elle peut même avoir une action thérapeutique. La curiosité sexuelle se trouve guérie. On pourrait parler de catharsis. La nudité offerte au regard des autres est une preuve de confiance. Le naturiste ne fait pas de place à la sexualité, elle fait partie de sa vie privée, même si elle est aussi l’un des fondements de la société démocratique que définit une règle simple : est permis ce qui ne nuit pas à autrui et qui n’est pas provocation » (page 7). A méditer ! Tout le contraire du Cap Drague, vous en conviendrez avec moi !

J’estime vraiment cet ouvrage pour différentes raisons. La première, contrairement aux idées reçues chez la plupart des naturistes qui ont quelques connaissances de l’histoire de leur mouvement (bien trop peu nombreux), il évoque toutes les tendances qui ont eu cour, sans omettre aucune. D’Elisée Reclus, géographe anarchiste et grand voyageur, aux naturiens libertaires, aux colonies des milieux libres en France, le courant anarchiste est trop souvent mis à l’index et a droit de citer pour une fois. Comme avec la mémoire des vaincus, les courants majoritaires se plaisent à réécrire l’histoire d’un mouvement à sa propre sauce, en dédaignant sciemment ceux qui ne sont pas aux ordres dans leur ligne de mire. Pas Thierry Chardonnet qui s’adonne à ses analyses historiques fines ouvertes et respectueuses, s’appuyant sur une riche iconographie de tous les courants sans suprématie.
D’ailleurs, il m’a fait découvrir quelques personnalités illuminées qui se présentaient comme des « apôtres » du naturisme et posaient dans la posture du Christ en page 12.
Plus sérieusement et sujet trop souvent édulcoré qui me tient vraiment à cœur. Puisque dans son roman « Dagmar » le Bartos l’évoque et s’y est beaucoup intéressé. Je veux parler de la colonie de Monte Verità à Ascona en Suisse italienne où le nu créatif et révolutionnaire fut à l’honneur entre les années 1900 et 1920. Ce vaste courant des « Naturmenschen » ces hommes naturels et amoureux de la nature cultivaient nu leurs légumes et se revendiquaient végétariens voir aussi végétaliens et s’inscrivaient dans le vaste mouvement de réforme de la vie en Europe.
Le Bartos s’y est rendu pour l’écriture de son livre et a été stupéfait de retrouver des photos d’époque en noir et blanc de grande qualité dans ce présent ouvrage. Où le mélange des genres des modes de vie et aspirations sociales et hygiénistes donnèrent tout leur piment à cette expérience unique en Europe. Un joyeux cocktail entre végétarisme, végétalisme, naturisme, médecines naturelles, spiritisme, hygiénisme, théosophie, anarchisme, pacifisme, mouvements artistiques et littéraires…

L’illustration précisément en page 15 donne un aperçu à la richesse de la transversalité des idées hétérogènes, qui composaient ce vaste mouvement à Monte Verità. Où l’on aperçoit au pied d’une cascade le docteur Raphael Friedeberg député social-démocrate berlinois, et à sa droite le poète activiste anarchiste Erich Müsham, tous deux nus. Ce dernier participa à la révolution allemande en 1918 / 1919 des conseils ouvriers de Bavière et fut dépecé vivant par le régime nazi, suite à l’incendie du Reichstag, du fait de son militantisme libertaire et qu’il était juif.
Des personnalités de haut rang intellectuel visitèrent ce lieu emblématique. D’Otto Gross psychanalyste et pionnier de la révolution sexuelle et du matriarcat. Il avait dépassé les concepts de son professeur Sigmund Freud, trop attaché à tailler le lard sur le dos de ses patientes bourgeoises juchées dans l’ennui de leur existence rance. Gusto Gräser, le poète de la contre-culture non violente et amoureux de la nature, préfigura le mouvement beatnik bien avant l’heure et inspira le personnage du « Demian » d’Hermann Hesse. Rudolf Laban et Mary Wigman chorégraphes et danseurs nus révolutionnèrent la danse moderne et prêtèrent ensuite allégeance sans état d’âme au régime nazi, par souci de confort créatif. Le sociologue Max Weber, le fameux écrivain Hermann Hesse naturiste et adepte de la marche nue entre deux verres d’alcool et tant d’autres… enrichirent le lieu de leur présence.
Dans le roman du Bartos, Dagmar sa jeune héroïne débarque de Berlin à Monte Verità lors de la mise en orbite de la grande boucherie de 14 / 18. Ado émancipée en fugue du domicile parental, elle a failli tâter un temps de la prostitution pour survivre et a été sauvée de justesse par l’artiste expressionniste Ernst Ludwig Kirchner, figure tutélaire du mouvement « die Brücke » (le Pont). Elle est devenue l’une de ses modèles du nu dans la nature. Avant de s’engager comme correctrice de la presse anarchiste à la revue die Aktion du pacifiste Franz Pfemfert. Je vous livre son point de vue de l’intérieur sur le lieu et le mode de fonctionnement à Monte Verita.
« A mon grand regret, la colonie anarchiste avait déserté le bateau ivre. Les Aconautes en altitude, les membres de la communauté nouvelle étaient prêts à décrocher la lune. (…)
Des réformateurs de la vie, des libertaires, des utopistes… A Ascona, l’ennui n’avait pas la dent longue. Les salles communes de musique, de lecture, bibliothèque et salle à manger ne désemplissaient jamais qu’elles que soient les phases diurnes ou nocturnes. J’avais restreint mon univers à la colline, au lac, aux pics et au village. (…)
Le centre de cure végétalien était ouvert au monde extérieur avec tout le confort possible : électricité, baignoires et eau chaude. Il permettait l’autonomie économique escomptée pour la survie du groupe constitué. C’est dans ce contexte que j’obtins les faveurs de porter une blouse blanche pour accompagner les curistes entre les bains de siège, d’air, de lumière et de soleil, les massages, la gymnastique et les sports ». (in Dagmar pages 123 et 124, copyright Franck dit Bart éditions Kirographaires) Ce qui préfigura son retour à Berlin au premier Institut de sexologie de Magnus Hirschfeld, militant homosexuel social-démocrate qui développa la théorie du « troisième sexe ». Elle y fut employée à l’accueil du planning familial de l’établissement où le naturisme était vécu en plein air dans les jardins.

Autre point rare à souligner dans la riche personnalité de Thierry Chardonnet, il est germaniste et donc a recherché des documents en langue allemande pour nous éclairer sur l’histoire du naturisme. Et comme les allemands furent à la pointe de ce mouvement en Europe, merci à lui de nous sortir des sempiternels lieux communs franchouillards, comme quoi le coq gaulois est prédestiné à devenir roi. Ce n’est pas le regretté Claude Nougaro qui me contredira les amours vaches et fatals entre un coq et une pendule !
Ainsi, par exemple, le peintre Fidus s’inscrivit dans la tradition de l’art nouveau (Jugenstil) et illustra par des vignettes des livres de l’essayiste Ungewitter, mais aussi pour les revues naturistes de son époque.

Est évoqué également le mouvement expressionniste « die Brücke » (le Pont) pratiquement totalement inconnu en France au profit des Fauves, avec lesquels ils partagèrent pourtant de larges éclats de couleurs vantés pas ce très cher Apollinaire. La reproduction en noir et blanc des « Baigneurs » nus (1912) d’Ernst Ludwig Kirchner n’a rien à envier aux baigneurs naturistes d’aujourd’hui ! (page 27) Il proclamait le nu au-dessus de toutes les autres considérations artistiques.

Autre cadre et autres connotations du nu cette fois sur scène dans les cabarets berlinois où les nus provocateurs d’Anita Berber nous renvoient à la beauté incandescente d’une Joséphine Baker durant les années folles.

Le nu de libération des esprits et des corps avait aussi un impact sur la santé des corps, à travers les maillages des thérapeutes qui distillèrent les propos d’Hippocrate pour les appliquer en réalité : « La nature guérit, laissons-là agir ! »
Aux cures des régimes végétariens, se mêlèrent l’hydrothérapie où se mouillèrent les préceptes du célèbre curé Sébastien Kneipp (1827 / 1897).
Pour ne pas être en reste, un autre religieux cette fois le pasteur, Emmanuel Felke (1856 / 1926) préconisa l’homéopathie, ses cures de bains de boue, bains de siège froid en tenue d’Adam. (Rika Zaraï peut aller se rhabiller !)
Ils cherchaient tous sans trop de perchis prêchas à retrouver le « rythme de notre Mère Nature ». Par une nudité chaste digne de la pureté grecque dans une forme de la Culture du Nu (Nacktkultur).
Thierry Chardonnet ne nous voile pas la face sous l’auréole naïve du nu collectif où tout le monde il serait beau et doux dégrisé de ses torpeurs et ses pulsions négatives. Il évoque Heinrich Pudor et ses ouvrages de vulgarisation dans sa vision du nu comme thérapie au sein de la nature, qui relèvent certaines ambiguïtés et radicalités dans ses propos nationalistes à partir de 1912. Ils ont pu ouvrir des champs aux nazis pour se réapproprier au nom de la race pure certains pans du naturisme germanique. « Etait-ce cette vision passéiste réactionnaire ou le signe d’une modernité libérale. Nous retrouvons souvent cette ambiguïté dans les mouvements naturistes ». (page 39 )

En France aussi le débat fit rage avec quelques dérapages. Selon les thérapeutes, l’essentiel reposait dans la nudité intégrale et pour d’autres dans l’alimentation comme pour le docteur Paul Carton. Pour d’autres encore c’était l’hygiène et l’éducation physique qui étaient à l’ordre du jour de la santé recouvrée par une régénérescence physique et mentale. A tel point que Marcel Kienné de Mongeot écrivit en page 3 de sa revue « Vivre intégralement » en avril 1928 : « La France décline, il faut une dictature de l’hygiène et de l’éducation physique » digne de certaines salamalecs d’un Maréchal nous voilà !

Les sportifs, nous y sommes. Les exercices physiques complèteront bien vite les cures de bain d’air et de soleil. « La gymnastique, étymologiquement l’art de développer le corps nu » (page 50) va radiner sa fraise sur les terrains en Allemagne et en France. Aux muscles sans cerveau, en 1931, Gaston Durville donna sa réponse objective et sans concession : « Le naturisme, ce n’est pas la culture du muscle, mais la culture humaine ». Le corps et l’esprit en complément d’objet direct sans compétition contrairement à la plupart des religions, il favorisait le sport collectif et mixte à tous les âges et le naturisme représentait un vecteur hédoniste dans son écrin commercial qui perdure encore aujourd’hui.

Le nu en commun pouvait aussi répondre à l’ablation de son registre social par sa mise à nu en transparence. Il pouvait aussi représenter par dérision dans le contexte de la guerre, des soldats qui ne souhaitaient pas devenir de la chair à canon qui posaient nus.

Mon Dieu, pire encore certains s’emparèrent de la dimension sociale du naturisme, comme en Allemagne Adolf Koch (1896 / 1970), qui dans ses revues parla de façon très ouverte de l’éducation sexuelle, l’orientation sexuelle, la contraception, la prostitution dans les banlieues. « Koch voulait lutter contre les injustices sociales, le naturisme devait aider les faibles, les timides, les handicapés ou les réprouvés, sans chercher le culte de la performance ou de la beauté ». (page 63) Il resta toujours fidèle à son idéal solidaire et pacifiste dont la publication en 1964 de « L’homme nu en mouvement » en est la parfaite illustration.

Un chapitre du livre est consacré aux sites naturistes allemands, les pionniers depuis 1896. Riches de leurs revues et photos, ils nous laissent une empreinte de religiosité indélébile très personnelle dans le paysage européen. « C’était contrairement au modèle français, une caractéristique du mouvement naturiste allemand, influencé par la morale protestante : je suis libre de ne pas avoir de tentation quand il n’y a pas de désir de séduction car il est naturel d’être nu. A la même époque art-déco, l’actrice Susy Solidor choquait Deauville avec son maillot de bain imitant le filet des pêcheurs. (page 72)
En revanche, le débat contradictoire historique constructif s’impose. La vision bucolique que l’auteur donne des Wandervögel (les Oiseau migrateurs), ces jeunes scouts. « Tous nus dans la vallée de lumière, garçons et filles, en harmonie avec la nature » (page 75). Ils me semblent être de sombres crétins décervelés morbides et parfaitement ignorants des réalités sociales qui allaient les massacrer lors de deux boucheries guerrières et des régimes autoritaires, si j’en crois la vision de l’historien Jean-Michel Palmier.
« Mobilisés en 1914, l’idéalisme qui les avaient poussés à croire à l’avènement d’un monde nouveau les poussa vers la mort. En novembre, à la bataille de Langemark, ils partirent en chantant à l’assaut des tranchées ennemies et furent tués en quelques instants ». (page 32 in Jean-Michel Palmier « Rêve, utopie et apocalypse : Genèse de la sensibilité expressionniste in catalogue du catalogue l’Expressionnisme en Allemagne 1905 / 1914) Je ne m’appesantirai pas non plus sur leur mode de fonctionnement hétérogène durant l’époque nazi.

« L’exception française » forcément s’invite au sud de la France. « Aux îles bien heureuses » illustré par Théo Varlet lors de ses séjours sur l’île déserte du Levant entre 1909 et 1914. L’abbé Urbain Legré en 1908 invitait la marmaille à venir se baigner nu dans les calanques marseillaises en accord avec le clergé et les parents, comme dans une célèbre chanson du père Nino Ferrer. Tout un chapitre justifié est consacré justement au naturisme au Levant où les frères Durville visèrent en 1931 « un projet plus ambitieux : « 1000 hectares de nature sauvage pour réaliser Héliopolis, la cité du soleil, le plus formidable centre naturiste international ». (page 90)
J’y reviendrai entre autre pour faire honneur au Sud Est de la France, dans un prochain article qui lèvera le voile sur l’Association naturiste phocéenne actuelle et aux travaux très intéressants et fouillés de son président Bruno Saurez qu’il intitule si justement « les recherches culturelles » : https://www.naturistes-phoceens.com/les-recherches-culturelles

Sous un autre regard anticonformiste, Jacques Demarquette théosophe végétarien anti alcoolique et grand voyageur vers l’Asie reprit dès 1912 le dénominateur de culture humaine pour son mouvement.

Comme vous l’avez remarqué, la nécessité de vivre en nudité intégrale supposait de trouver un ou des lieux non exposés aux regards extérieurs. Marcel Kienné de Mongeot créa le Sparta-club en 1928 au château de Garambouville dans l’Eure puis essaima la vie de château pour une élite qui ne mélangeait pas les torchons et les serviettes du populo inculte et crado. Il n’empêche dans un sursaut social de bon aloi, même s’il n’évoluait pas du tout dans le même milieu d’Adolf Koch, il se résolut de dans l’idée de rejoindre celui-ci sur l’importance de délivrer une éducation sexuelle.

Là-dessus, avec le Front Populaire et les congés payés, ce fut le grand boum du naturisme et du tourisme. Albert Lecocq créa en 1944 le Club du soleil et en 1949 la revue La Vie au soleil qui existe toujours totalement expurgée de l’esprit de son fondateur. Il fonda la FFN (fédération française de naturisme) en 1950 toujours en activité. Son épouse et pas la potiche de son mari, Christiane, naturiste et également militante dans l’âme, l’épaula dans toutes ses actions. A la mort d’Albert, elle perdura son œuvre jusqu’à ses 103 ans.

En 1950 naquit le CHM (Centre hélio marin) de Montalivet pour démocratiser le naturisme. Il existe toujours, sauf que son actuel directeur, sous la houlette du proprio, dans les colonnes du journal du Médoc en date du 17 août 2017 annoncé la couleur mercantile à souhait. Tondre la laine des moutons naturistes de Monta en doublant son chiffre d’affaires d’ici 3 ans. Sauf que heureusement, dans un sursaut citoyen, les naturistes au sein de l’association « Respect santé nature », regimbent pour préserver ce qu’ils appellent « Le berceau du naturisme familial ». En solidarité, j’y reviendrai dans un prochain article. Dès fois que d’autres grands centres naturistes prennent le pas, il serait grand temps que les naturistes redeviennent militants et fédèrent leurs luttes en solidarités s’ils ne veulent pas sauver le naturisme en danger de mort.
http://respect-sante-nature.fr/

En 1956 le camping naturiste du Cap d’Agde sortit des marécages, avec les dérives actuelles dont j’ai déjà parlé !

L’APNEL peut bien s’inspirer de nos cousins teutons versus naturiste.
« Il existe déjà un chemin de rando-nue à Glüsingen en Allemagne, le pays qui a autorisé la nudité dans certains jardins publics comme celui de Munich, une nudité tolérée dès 1975 et officialisée en 1982 ». (page 105)
Thierry Chardonnet a l’art de poser les bonnes questions comme celle à la fin de son ouvrage. « Que penser de la volonté chez certains de dépénaliser la simple nudité dans l’espace public ou d’utiliser la nudité comme moyen de protestation politique ? » (page 105)

En plus, en deçà de sa grande érudition, Thierry Chardonnet a de l’humour. Dans son chapitre « Des visions originales » il s’intéresse à quelques excentriques, qui au début du XXe siècle avaient déserté les rivages européens pour vivre pleinement leur naturisme sous des cieux plus cléments et exotiques. Avec par exemple cet allemand qui prêcha la religion de la noix de coco…

Enfin, forcément me direz-vous, l’ouvrage s’achève sur quelques considérations concernant « La photographie naturiste » et son évolution. Avec un leitmotiv toujours vrai du grand respect mutuel qui s’articule entre le regardeur et le regardé, à travers également le prisme du photographe et du modèle au naturel.
Ce bel ouvrage touffu, synthétique est très documenté. Que ce soit au niveau des recherches de sens et d’analyses des textes de cultures différentes ou dans l’iconographie en noir et blanc, elles illustrent parfaitement ses propos, on ressent la motivation du grand partageur généreux. Dans la richesse des expositions naturelles des corps nus, j’y décèle et je lui reconnais un énorme travail à long terme. La lisibilité est parfaite fluide et aérée. Thierry Chardonnet s’adresse à tous les publics un tantinet curieux. Encore bravo à lui et à son éditrice pour la mise en page de cette mémoire du naturisme international en images, que je vous recommande chaleureusement.

Thierry Chardonnet LE NATURISME Une histoire illustrée, éditions Sutton, 3eme trimestre 2017, 144 pages, 17 euros
Visuels : copyright éditions Sutton