L’islamophobie : un racisme imaginaire selon Pascal Bruckner !

L'islamophobie : un racisme imaginaire selon Pascal Bruckner !

Enfin un intellectuel mâle qui défend la laïcité de façon concrète. Pascal Bruckner dans son ouvrage rue dans les brancards contre le politiquement correct de celles et ceux qui se réclament de l’antiracisme et en créent un nouveau : l’islamophobie. Véritable fantasme de l’idéologie islamiste qui s’en sert comme une arme de combat. Bruckner crie qu’il faut banaliser l’islam pour le rendre inoffensif. Un ouvrage forcément très instructif !

Actuellement les tenants et les aboutissants de la cause laïque s’emmêlent trop souvent les pinceaux pour défendre ce concept et le remettre au goût du jour.
Ainsi, si je prends au hasard Caroline Fourest. Celle-ci refuse le terme d’islamophobie au point de lui préférer la terminologie de « racisme antimusulman ». Selon elle « islamophobie » aurait été utilisé une première fois par les mollahs iraniens en 1979 pour désigner les femmes qui refusaient de porter le voile, ce morceau de tissus infâme. Jusque-là, elle reste audible et respectable. Suite aux attentats en France, elle avait prédit que ce serait la laïcité ou le racisme qui prévaudrait. Elle brocardait aussi les « idiots utiles », ces intellos que Lénine lénifiait du fait de leur ralliement à la propagande soviétique. Au point, elle-même de déraper et cirer les pompes de Philippe Val, l’ex rédacteur en chef de l’aile autoritaire de Charlie Hebdo, avant la période des attentats. Autre dérapage et autre néfaste fréquentation d’un certain Pierre Cassen de la facho sphère et fondateur du groupuscule Riposte Laïque et initiateur des « apéros saucisson-pinard » déjà condamné pour incitation à la haine et ouvertement lié au Bloc identitaire. « C’est toute l’alimentation hexagonale qui doit être désormais frappée de suspicion, « au grand dam des puristes de la restauration traditionnelle » comme l’explique la militante ethniciste Rokyaya Diallo : « la bien franchouillarde blanquette de veau » « devraient être équilibrés par le couscous, le sandwich kebab et la nourriture halal, Il faut d’abord frapper à l’estomac pour modifier les mentalités ». (page 86)
Devant la démission des intellos humanistes à défendre la cause de la laïcité, le F’haine déboule et s’engouffre dans la brèche laissée béante. C’est tellement hélas vérifié que Pascal Bruckner, invité de la matinale de France Culture le 14 mars 2017 à propos de la laïcité vue à travers le prisme des élections présidentielles, s’était égosillé dépité : « cette grande idée français est récupérée par l’extrême droite et Marine Lepen, alors que le reste des candidats font profil bas ».
https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/presidentielle-2017-quelles-laicites-defendent-les-candidats

En revanche d’autres parlent haut et fort, comme Médine le rappeur de fromage du Havre qui dans son « Don’t’Laik » appelait à « crucifier les laïcards comme à Golgotha ». Autre cas d’école de la sous-culture à gerber avec ces deux nuisibles du même acabit. « Alors que deux rappeurs français très populaires, Kool Shen et Akhenaton, conscience morale de leur génération, réclament un « autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo »... (page 170)
Ou encore ce Medhi Meklat protégé de Pascale tête à Clark qui distillait sa prose sur France Inter. Cézigue posait dernièrement en couverture des Inrocks, ce torchon pour bobos à l’encéphalogramme plat. Doué de deux personnalités à la fois, il se déchaînait en parallèle sur Twitter, sous le blase d’un certain Marcelin Deschamps, dans la peau d’un personnage bien franchouillard. Il déversait dans l’indifférence générale ses torrents de haine et d’insultes à l’égard des femmes, juifs, homosexuels et j’en passe.... !
L’impunité est la règle d’or et le règne du non droit. Comme en politique actuellement où des gangsters officiels en col blanc osent se présenter en tant que candidat(e)s à l’élection pestilentielle en France, qui lave plus blanc que blanc, c’est à dire transparent. Ils veulent se donner en exemple à suivre pour la République bananière, quitte à se tailler un costard sur mesure de luxe pour arriver à leurs fins.
Autre exemple récent, les tribulations du tyran Erdogan qui utilise à son tour la terminologie d’islamophobie à l’égard de ses partenaires européens, qui n’accueillent pas ses messagers, lors de sa campagne de racolage hors les murs de la Turquie, afin d’accéder à tous les pouvoirs par référendum.

Pascal Bruckner ose se frotter dans les prétoires et user au sens symbolique de la baston pour rétorquer aux islamistes, qui se gargarisent d’antiracisme à leur sauce et se fourrent les bonnes âmes naïves bien profond dans leur giron.
Dans cette atmosphère délétère de la crise des valeurs à son apothéose, bien lui en a pris de disserter autour de l’islamophobie, ce racisme imaginaire inventé par les islamistes pour se redorer le blason sur les bons sentiments. D’autant que Pascal Bruckner ne se contente pas d’écrire à couvert ses livres et se planquer chez lui en attendant quelques retours. Il agit. Il mouille sa chemise lors de procès.
Suite à sa présence active sur le plateau de « 28 minutes » d’Arte où il avait déclaré qu’il fallait « faire le dossier des collabos, des assassins de Charlie et accuser ces associations de justifier idéologiquement la mort des journalistes de Charlie Hebdo ». Ses propos visaient deux associations qu’il qualifiait de « complices idéologiques ». Les « Indivisibles » et les « Indigènes de la République » se sont sentis visés. Ils n’ont pas apprécié, l’ont traduit en justice pour diffamation et s’en sont mordus les doigts. Puisqu’elles ont été déboutées par la justice lors du jugement rendu le 18 janvier 2017.
Le CCIF, (Collectif contre l’islamophobie en France) soupçonné de collusion avec les Frères musulmans, déclame des slogans ouvertement anti-laïque, anti-française, antisémite et antiféministe. Il reste persuadé que c’est l’Etat français est raciste à son égard et que de fait, toutes les mesures pour leur imposer les lois républicaines atteignent les fondements de leurs droits fondamentaux.

J’ai l’habitude de soutenir les brûlots qui mettent le feu aux poudres pour la sauvegarde des valeurs cruciales de la laïcité de chez nous
Récemment, c’est tout naturellement que j’ai encensée l’ouvrage courageux de Chahdortt Djavann : http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article9314
Pascal Bruckner est de cette verve salutaire.
Pour expliquer le délitement et l’impasse d’une certaine gauche aux affaires, on pourrait résumer la pensée de Bruckner à un certain glissement sémantique social au profit des opprimés. Avant, la gauche, du moins en principe, se rangeait en quelque sort du côté des sans dents. De nos jours, ce sont les musulmans les nouveaux opprimés, puisque ils sont soi-disant stigmatisés ou se ressentent comme tel et ne peuvent vivre en plein jour leur foi.
La gôche est en perdition. L’union Soviétique répond aux abonnés absents. La classe ouvrière aspire à changer de braquet pour accéder aux affres de la consommation de masse. De fait, il lui faut désormais trouver un prolétariat de substitution. Foucault s’y était déjà fourvoyé lors de la révolution islamiste de 1979. Cet islam radical s’avère à sa façon subversif et peut aisément racoler la mémoire des vaincus, qui ont perdu tous leurs repères et leurs illusions.
C’en est arrivé à un tel point, qu’il existe des personnes de gauche qui en viennent à défendre le voile islamique et comble de l’horreur, on y trouve même des féministes !
Je pense bien évidemment au tout jeune NPA (Nouveau parti anticapitaliste) qui présenta une femme voilée en 2010.
Fin février 2015 eut lieu un meeting à la Bourse du Travail de Saint-Denis pour dénoncer « l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire » (avec entre autres, l’UOIF (Union des Organisations islamiques de France) proche des Frères musulmans et le Parti des Indigènes de la République, groupuscule identitaire antiféministe, antisioniste et homophobe. On vient d’assassiner de sang-froid des dessinateurs de Charlie Hebdo, des membres des services de police, des consommateurs juifs coupables d’être juifs dans un supermarché kacher mais c’est vers la dénonciation d’une supposée »islamophobie » que se précipitent les organisateurs ». (page 87) Dont le NPA, le PCF français sans le bureau politique, le Front de gauche sans Mélenchon... ! Mélenchez vous, mélangez-vous braves gens ! Marx y reconnaitra ses brebis droguées à l’opium du peuple, drogue dure ! « Comme le prolétariat selon le marxisme, les musulmans seraient le sel de la terre. L’homme vraiment humain ne saurait être que musulman ». (page 48)

Lors du procès contre Bruckner, Sihem Habchi ancienne présidente de « Ni putes ni soumises » évoqua dans son discours à la fois « le fascisme vert » et le « fascisme blanc ». Ce dernier propage « l’idéologie de l’opprimé et installe l’idée que ces jeunes ne sortiront jamais de leur condition et que les coupables sont la France et la République ».
Alibi des entreprises identitaires qui soutiennent consciemment et de façon militante l’islam politique lors de ses campagnes de racolages dans les cités.
« Alors que la gauche devrait défendre la laïcité bec et ongles, un pas contre les musulmans mais pour les musulmans qui ne veulent pas se soumettre aux intégristes, elle fait du combat contre l’islam radical un pêché de la droite et de l’extrême-droite ». (in les matins de France Culture)
Bruckner appuie sur les concepts d’islamophobie et de racisme d’Etat. Ils se révèlent de puissants leviers qui s’inscrivent dans une optique de combat idéologique. A tel point qu’il nous indique : « On est passé de la lutte des classes à la lutte des races ».

Sa vision à lui de l’islamophobie en chair et en os pour Arte et s’exprime façon très synthétique et claire sur le sujet : http://sites.arte.tv/28minutes/fr/dictionnaire-subjectif-avec-pascal-bruckner-lislamophobie-28minutes

Islamophobie et retour à l’envoyeur. « Qui est islamophobe sinon les extrémistes d’Al-Qaïda, de Daech, du Front Al-Nostra, du Hesbollah, des Frères musulmans, des talibans, des Shabas, du Hamas, des whhabites qui tuent plus de musulmans que n’en tueront jamais les Occidentaux et qui ont rendu la religion du Prophète redoutable à ses propres fidèles ? » (page 151)

Petit rappel : le délit de blasphème en France a été aboli en 1789 et 1793. L’islam radical s’en accommode au goût du jour et s’en lave les mains dans le sang. « L’islam radical rajoute à la délicate question du blasphème une nuance importante : il tue les contrevenants et ne s’embarrasse pas de précautions. Tout ce qui relevait jadis de l’esprit des Lumières, la critique, mais aussi le discours anticlérical, théologique, philosophique la satire, devrait désormais être assimilé à une diffamation ». (page 30)

La laïcité, selon saint Bruckner, se défend, s’entend et ne représente pas une position militante : « Ma conception de la laïcité n’est pas radicale, elle est simplement fidèle aux lois de 1905. Ce que je demande de façon très simple c’est la réciprocité. Ce qui s’applique aux chrétiens, aux juifs, aux confucianismes, aux bouddhistes doit s’appliquer aux musulmans. C’est aussi simple que cela ». (in les matins de France Culture). Toute l’argumentation dans son livre s’articule autour de cette conception. Il s’appuie bien évidemment sur la loi de séparation des églises et de l’Etat de 1905. Mais aussi sur la loi de 2004 concernant l’interdiction des signes religieux à l’école, mais encore sur la loi de 2010 qui interdit la burka dans l’espace public. Ces deux dernières lois lui paraissent excellentes. Il souhaite surtout qu’elles soient appliquées à la lettre. Sage résolution en effet.

J’adhère à la plupart de ses propos courageux qui bousculent les repères du politiquement correct. En revanche, quand il s’en prend au courant antiautoritaire et libertaire issu de mai 68, dont les enfants se jetteraient entre les pognes des barbus intégristes, je lui dis mon courroux.
« Terrible leçon pour la génération antiautoritaire : quarante ans après mai 68 et ses slogans infantiles, « Ni Dieu ni maître », « Vivre sans temps morts et jouir sans entraves », une frange de la jeunesse, élevée dans le refus de l’autorité paternelle ou parentale, se prosterne devant des petits chefs barbus qui trainent les femmes en esclavage et exigent des autres le sacrifice de leurs vies ». (page 212)
C’est aller un peu vite en besogne et en raccourci, à commencer par une regrettable généralisation d’un phénomène qui demande à être vérifié. C’est aussi faire un procès gratuit à l’histoire du mouvement libertaire, qui ne s’arrête pas à l’exposé de quelques slogans, mais à des actes concrets et militants sur le terrain des luttes sociales, féministes, écologiques, syndicales…, bien loin des intellectuels au chaud et planqués derrière leur écran.
En revanche, je lui accorde que l’hédonisme d’un Onfray qui fonctionne à géométrie variable et qui sait aussi désacraliser tous les combats pour la laïcité mérite réflexions et critiques acerbes. Chadhortt Djavann avait déjà pointé son point de vue pour le moins ambigu sur le voile et ça se vérifie très souvent dans ses propos.

A part ce léger bémol, je conseille la lecture de cet ouvrage instructif et d’actualité, qui détonne avec le ronron habituel, de celles et ceux qui s’inscrivent dans les mouvements antiracistes et tombent dans le panneau de l’islamophobie, jouent le jeu et soutiennent de fait les islamistes contre la laïcité citoyenne.

Pascal Bruckner : Un racisme imaginaire islamophobie et culpabilité, éditions Grasset, janvier 2017, 256 pages, 19 euros