Portrait de Carine Angeli

Portrait de Carine Angeli

Next (F9) vous propose des portraits de personnalités connues ou inconnues, des poètes ou des vendeurs de boutons, des gauchos ou des gauchers. L’important est de rêver. Chacune des personnalités est contactée personnellement, décide de sa photo à publier et raconte à Patrick Lowie un rêve marquant. Précision d’usage : ce portrait est un portrait onirique, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie.

Carine Angeli est devenue ce qu’elle était. Dans le rêve, elle me donne rendez-vous au Bar à Bulles, Boulevard de Clichy à Montmartre. Je me demande pourquoi cet endroit mais très vite je me sens touché par la belle attention, ce bar organise un marché de Noël vegan. Moi aussi, je suis devenu ce que j’étais même si, comme l’écrivait Baudelaire, le poète jouit de cet incomparable privilège, qu’il peut à sa guise être lui-même et autrui. Paris en décembre, c’est beau mais épuisant. Chercher des espaces de paix, fuir les messes du consumérisme, éviter les cultures de masse, sortir de l’ordinaire beaucoup trop lisse. On s’est assis à une table en plein cœur de la salle, en-dessous des lustres multicolores. Patrick Lowie, je vous ai convié ici pour vous demander de lire dans mon futur, me dit-elle. Je ne l’ai pas prise au sérieux, car elle en est, elle-même, parfaitement capable. Mon estomac se décontracte. Un verre de vin rouge naturel des vignerons S.A.I.N.S. (Sans Aucun Intrant Ni Sulfite) sur la table, l’Enchanteresse cuvée 2009, je mélange le tarot puis lui propose de le mélanger à son tour, de couper en deux, j’étends les cartes et lui demande d’en choisir sept. Je les retourne, toutes identiques, le soleil, je fais le mort. Je lui demande de fermer les yeux, et alors que j’ai l’habitude de poser des questions, ici, pour une fois, je lui demande de s’imaginer en audition au Conservatoire de Marseille. Elle sourit et me dit : je me vois sur scène, je chante « Vedrai Carino » de Mozart, je vois la carte de la Force, je me sens vivante en chantant, pleine d’énergie, lumineuse. Je lui demande de ne pas ouvrir les yeux, de rester concentrée, je n’avais pas des montagnes de questions, …. je lis sur ses lèvres, elle murmure là, je sors de mon corps, je me scinde, me dédouble. Dans un coin du café, quelqu’un fait du feu et souffle sur les braises. Je m’élève davantage et j’observe tout d’en haut, je me vois chanter, je vois mon corps vivre tandis que de haut, je vois un pianiste, puis un orchestre,… Je l’invite à ouvrir les yeux. Elle n’est plus assise à la table depuis belle lurette. Là aussi, son ascension a été magique, pendant qu’elle chantait Mozart les yeux fermés, je la voyais à hauteur des lustres multicolores comme dans une bulle. On m’a fait croire que le bonheur était loin, me dis-je sans raison. En bon Don Giovanni, brute épaisse, je me rends au cimetière Montmartre, une voix provenant d’une statue me demande de laisser les morts en paix puis il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien tout ce qui est utile est laid. Je l’invite à dîner. De retour au Bar à Bulles avec la statue de Théophile Gautier, Carine Angeli, toujours en lévitation, sereine et légère voit son futur comme dans un film d’Antonioni. Je lui dis : Plus rien ne s’oppose à vos désirs, n’ayez crainte, plus rien ne sera comme avant.

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