Portrait de Sylvie Godefroid

Portrait de Sylvie Godefroid

Next (F9) vous propose des portraits de personnalités connues ou inconnues, des poètes ou des vendeurs de boutons, des gauchos ou des gauchers. L’important est de rêver. Chacune des personnalités est contactée personnellement, décide de sa photo à publier et raconte à Patrick Lowie un rêve marquant. Précision d’usage : ce portrait est un portrait onirique, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie.

Les mots sont des valises que l’on dépose, est une des phrases qu’on retrouve dans le deuxième roman de Sylvie Godefroid, La balade des pavés. L’idée de mots-valises me rend perplexe. Je pense à Lewis Carroll et son portmanteau-word en me disant que même si le début de ce portrait onirique n’a pas de sens, qu’est-ce qui m’empêcherait de lui en inventer un ? La balade dans Bruxelles fut éprouvante cette nuit. La pluie givrante, les regards vides des hommes solitaires, la pluie se transformant en neige. Tout est blanc, glissant. Sylvie Godefroid m’a donné rendez-vous juste à côté du Moulin de la Barbe en plein cœur de la ville. Je vois le moulin figé, les rues sombres, au loin la rue du Soleil pourtant, la rue des prostituées. Un homme allume les réverbères à gaz. Ah ! Cher Patrick Lowie, je suis tellement heureuse que vous arriviez en avance sur l’heure prévue. Je pensais alors à sa courtoisie exemplaire, sa beauté lumineuse, j’entends le bruit des calèches sur la place, je la vois m’inviter à prendre une barque coincée entre deux troncs d’arbres sur la Senne dont le faible courant nous transporte malgré tout jusqu’à la grande île. Vos valises sont lourdes, lui dis-je, ne me dites pas que vous transportez tous ces livres sans images ni dialogues ? Son sourire est une réponse. Où allons-nous ? Des sœurs noires s’échappent d’une impasse. Des rats mangent les restes de pommes de terre écrasées avec des poireaux. J’ouvre une des valises et je prends un livre qui s’ouvre à son tour à une page où je peux lire : ici, rien à lire, tout est vide. Elle éclate de rire. Cette fin de XIXème siècle est terrifiante, la pauvreté est un décor constant ici et malgré cet état d’un monde en perdition, je l’observe rire aux éclats. Je ne suis pas folle, me dit-elle pour me rassurer, nous arrivons…. Mais vite, vite … on est en retard ! En retard ! En retard ! Je porte ses valises de mots, on abandonne la barque, et nous entrons par la porte cochère d’un manoir. Venez, nous allons forcer les portes de la nuit. Pour une fois que ce rêve ne me ramène pas à l’époque de mes études. D’habitude, dans les rêves je suis toujours à la veille d’un examen et rien n’est en ordre, impossible d’étudier, je me réveille angoissée, le cœur palpitant. Me voilà enfin libérée. Deux puis quatre, puis seize, puis soixante-quatre portes s’ouvrent pour nous offrir autant de nuits étoilées. Elle me prend la main et me dit : toutes les énigmes de Mapuetos se trouvent ici dans ce lieu. Sauf que je vais d’abord devoir vous transformer en lapin. A peine dit, à peine fait, me voilà avec deux grandes oreilles et une carotte entre les dents. Allons-y éclaircissons le brouillard de nos vies. Un jeune homme aux yeux verts s’approche de nous en chantant puis se présente : Je suis Mouad, je vous présente mes voix. Des milliers de voix nous saluent.

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