Portrait de Jose Eduardo Sierra Vega

Portrait de Jose Eduardo Sierra Vega

Next (F9) vous propose des portraits de personnalités connues ou inconnues, des poètes ou des vendeurs de boutons, des gauchos ou des gauchers. L’important est de rêver. Chacune des personnalités est contactée personnellement, décide de sa photo à publier et raconte à Patrick Lowie un rêve marquant. Précision d’usage : ce portrait est un portrait onirique, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie.

Je suis ébloui, ébloui parce que le rêve se passe en pleine journée, juste après la levée du brouillard, dans un hôtel cossu de St Ives, ville de Cornouailles, la mer rabote les rives de bois cramé, une tempête de vent, le désir de sortir mais finalement se blottir dans son lit sous les couvertures dans l’attente que tout ne cesse jamais et lire La promenade du phare de Virginia Woolf. Ébloui parce qu’il y a de la lumière, de la pluie fine rose, des horizons infinis, la vie qui vous frappe le visage abasourdi. Puis, sans transition, je suis au Luxembourg, pays toujours pointé du doigt mais qui a toujours été pour moi source d’émotion, de détachement, d’étonnement et d’apaisement. Et cela ne m’étonne pas d’y rencontrer Jose Eduardo Sierra Vega, le très jeune artiste visuel de Colombie. C’est en sortant du Spielkartenmuseum de Grevenmacher que nous nous croisons, reconnus, entendus. Il me salue : Patrick Lowie, c’est génial de vous croiser ici. Je sors de ma poche droite, un jeu de cartes de Dieudonné et de ma poche gauche la poignée de perles fines reçues à Carthagène des Indes. Vous voyez, lui dis-je, les perles me suivront jusqu’au dernier jour et ces cartes me raconteront les dessous de la vie. Je voue une véritable admiration pour le travail artistique de Jose Eduardo Sierra Vega et ce rêve concrétise le désir de le rencontrer en vrai. Il est là, figé, jeans et chemise à fleur, les yeux verts peut-être mais je suis daltonien. Se disant lui-même influencé par Mapplethorpe et George Platt Lynes, j’ose lui dire : j’adore le caractère cru et érotique de vos autoportraits. Une limousine mise à disposition par ma banque luxembourgeoise nous attend à la station à essence Texaco. Moi, je sors du jardin des papillons me dit-il. La lumière se pose sur son regard grave. Je propose au chauffeur de nous conduire à la galerie Hervé Lancelin pendant ce temps l’artiste me montre ses nouveaux projets. Ébloui encore et toujours. J’ai l’impression que tout cela est né d’un désamour, lui dis-je. Il me le confirme. Je lui parle de Mapuetos, du volcan, de ce monde mystérieux, je lui parle des rêves, je comprends que son œuvre est basée sur cette obstination du selfie, de toujours croire aux rêves, d’entrer dans un corps qui ne lui appartient pas, un corps désiré, comme s’il recréait son propre corps à partir d’images rêvées. Je garde le silence. C’est beau de fréquenter la beauté. Je vous imagine bien sur une de ces cartes de Dieudonné, en roi de cœur, le cactus entre les dix doigts, baignant dans le pêché. lui dis-je. Je jette les deux dés à six faces. Il les prend et les jette à son tour. C’est le même résultat. On verra, me dit-il, on est dans l’ordre des émotions, un autre jour peut-être. La limousine nous dépose devant la galerie. Une femme lit un texte poétique devant un public attentif : Ses yeux resplendissent de son pouvoir. De création et d’invention. Sa nouvelle exposition est sa réussite qui m’appartient.  [1]

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