Portrait de Mohamed Laroussi

Portrait de Mohamed Laroussi

Next (F9) vous propose des portraits de personnalités connues ou inconnues, des poètes ou des vendeurs de boutons, des gauchos ou des gauchers. L’important est de rêver. Chacune des personnalités est contactée personnellement, décide de sa photo à publier et raconte à Patrick Lowie un rêve marquant. Précision d’usage : ce portrait est un portrait onirique, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie.

Vous savez, cela fait dix-sept ans qu’on se connaît. Mohamed Laroussi, le cigare de Che Guevara en bouche, me regarde avec stupéfaction Parlez pour vous, mon vieux, on ne se connaît que depuis hier. Dans le rêve (je répète, ceci n’est pas une histoire vraie, mais un rêve d’une nuit d’automne), il était face à moi dans un costume noir, chemise blanche au col bas, nœud papillon noir pure soie, bretelles, mouchoir rouge joliment plié dans la poche de sa veste, boutons de manchette en nacre, sûr de lui, mélange de Lénine et de George Lazenby dans Au service secret de Sa Majesté.

On était chez moi, dans cet appartement-temple, je brûle dans la cheminée le tableau d’un peintre contemporain, acte psycho-magique par excellence pour retrouver le chemin des victoires. Il me regarde : il vous a coûté cher ? En laissant brûler le dernier morceau de la croûte je lui réponds Qu’est-ce qu’on vient de se promettre Mohamed ? On ne parle plus d’argent. Il me reste encore du jus de nationalisme dans le frigo, allez-y servez-vous. J’avais rencontré Mohamed Laroussi, chroniqueur marocain, ex-publicitaire, scénariste, auteur de plusieurs livres dont un excellent roman, la toute première fois dans un TGV, le Paris-Bordeaux. Je brûlerais bien mes livres aussi.. on s’en fout, non ? dit-il. Vu mon scepticisme, il se tait et va chercher le jus amer. Au retour, il continue : ces rêves sont trop beaux, on va se réveiller et ce sera pire que la gueule de bois. Tout cela va tomber à l’eau. Il était transformé, les yeux pétillants.

On entend le crépitement du bois du tableau, douce musique pour une nouvelle vie. Je lui dis : Donc, vous avez votre arme rouge ? Il la prend. Répétez après moi : je suis Bond, James Bond. Et là, il éclate de rire et dit, apeuré : Je ne sais plus pourquoi tout cela. Ils nous attendent en bas ! Je dépose la main droite sur son épaule et j’ânonne ma leçon : Monsieur Bond, c’est finit de rigoler ! Voici votre mission. Au même moment, quelqu’un sonne à la porte, Mohamed va ouvrir comme s’il était chez lui. Il est chez lui. Il revient effaré : Patrick Lowie, vous n’allez jamais me croire, mais c’est Marx qui vient de sonner. Je le fais entrer ?

Au bord des nerfs je lui réponds : Arrêtez de plaisanter Bond, votre mission est de me ramener le monarque ici chez moi pour le guérir, c’est très important et vous me parlez de Marx… vous savez qu’il est mort Marx, non ? A vrai dire, l’homme qui attendait sur le pas de la porte ressemblait effectivement à Karl, c’était étonnant, en même temps ce rêve subtile ressemblait à la scène d’un film joué par deux comiques qui ne se prennent jamais au sérieux et qui sont pris trop au sérieux. Karl Marx, de sa voix fluette, annonce d’un seul coup : Le monarque est dans sa voiture en bas de l’immeuble, immeuble que nous venons de sécuriser, peut-il monter ?

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