La Grande Masturbation n’est pas pour demain...

La Grande Masturbation n'est pas pour demain...

Fuck Caesar ! Fuck Lincoln ! Fuck Gandhi ! The world is moving because of you and me, the anonymous. Wars happen over a game of checkers.

Que pensent le dictateur irakien et le président des Etats-Unis de cette maxime, eux qui s’adonnent à une terrible partie de poker menteur ? Et les manifestants de Florence qui étaient entre 500 000 personnes et 1 million à dire leur opposition à une nouvelle guerre en Irak ? Qui tient les cartes ? Qui décide ? Les dirigeants ? L’opinion publique ? Une chose est sûre, ceux qui en baveront sur le terrain, ce sont les militaires et ceux qui trinqueront, les civils. Western moderne.

Lors de la conférence de presse finale Union Européenne-Russie, lundi 11 Novembre à Bruxelles, Poutine paraissait assoupi, fatigué, ne prétend guère plus d’attention que cela aux questions posées par les journalistes. Jusqu’à ce qu’un correspondant du quotidien Le Monde l’interroge sur le conflit en Tchétchénie. Oeil furieux du dirigeant russe qui a conseillé à l’impudent les joies de la circoncision en guise d’initiation à l’Islamisme. Le traducteur s’est tû, la marionnette européenne a continué à sourire pour tout de même, ensuite, regretter ces paroles déplacées. La lutte "anti-terroristes" fait tout passer, la défense du monde judéo-chrétien vaut bien quelques concessions. Sharon ici, Poutine ailleurs, le silence de la communauté internationale sur les exactions commises par les justiciers du diable est assourdissant, les européens dans le rôle des frileux, l’axe Washington-Londres dans le rôle du belliqueux, les populations dans le rôle du martyr expiatoire. Les tragédies grecques finissent mal en général.

Ben Laden revient, Ben Laden menace de nouveaux attentats. Ben Laden et sa kyrielle de soldats aveugles cauchemardent les journées mal-aisées de l’Occident du sceau de la terreur. Ignoble saloperie qui au nom de la parole putassière d’un prophète inconnu, radicalise les mouvements de foule jusqu’au fin fond de la peur panique. Inquisition version apocalypto-moderne de ces malades d’Allah qui prennent la suite de nos chers évangélisateurs avec quelques siècles de retard. La religion m’a tuer.

Retour sur notre vie intérieure franco-française. Où commencer ? Par l’auto-célébration de l’UMP ou sur le rapport Kriegel concernant la violence et le sexe à la télé ? Quand le hors d’oeuvre ne semble pas très appétissant, autant s’en débarrasser le plus vite possible.

Alors que le PS coule des jours moroses à s’écraser entre petits chefs, à droite, on s’époumone bruyamment sur le bonheur d’une fragile et bien hypocrite réconciliation. Hormis le facétieux Bayrou et quelques esprits chagrins (Pasqua, Seguin), ils étaient tous présents à se féliciter de la création de l’Union pour un mouvement populaire, dimanche dernier au Bourget.
Message douillet du résident de l’Elysée, applaudissements nourris pour Sainte Bernadette, visage presque souriant du si rigide Juppé à son élection triomphale (plus de 79%) à la tête du rassemblement de la droite et du centre. Mais pour la base, le gouvernement ne réforme pas assez vite, ne prend pas de déhanchements suffisament droitiers au profit d’un radical-socialisme encore trop consensuel. Résultat, Nicolas Dupont-Aignan, ex du RPF, a franchi la barre des 15% et Del Valle, islamophobe devant l’éternel, a eu son petit succès d’estime.
Quant à Sarkozy, ce fut la star du congrès, piquant la place à Raffarin. 2007 se profile déjà, entre deux embrassades gênées...

Rapport Kriegel sur la violence et le sexe à la télé : censurons... presque ! Au nom de la protection des mômes, on prend le public adulte pour un crétin. Ce que Kriegel ne comprend pas, sans compter la cohorte de ceux qui soutiennent une mise à disposition très stricte des images à nos regards si chastes, de la gauche pudibonde à la droite puritaine, c’est tout simplement que le cinéma ne peut se concevoir à l’extrême limite que comme le reflet de la violence de notre société et non le contraire. Vivre en chambre close, ne pas se tourner vers la puanteur de l’extérieur, vérouiller l’écran ne sert à rien. Pire, cela objecte au téléspectateur sa capacité à lui-même faire le tri.
Dans le même genre, notre ministre de l’Intérieur ne veut plus voir les prostitué(e)s sur le trottoir et le président du CSA, Dominique Baudis, souhaitait il y a peu, interdire la diffusion des films pornographiques à la télvision.
Ordre moral à la con ou les joies des stigmates de Mai 68.

Aujourd’hui, sort dans les salles, la Chatte à deux têtes de Jacques Nolot. L’auteur se tourne vers une époque révolue, celle des cinémas pornos qui pullulaient à Paris dans les années 70. Il raconte les souvenirs de ces endroits obscurs où les sièges étaient couverts de foutre, où ici, se percevait un homme en train de se faire sucer par un travelo, où là-bas, une jeune femme s’appliquait à branler consciencieusement un spectateur en transe. Morceaux choisis, surannée nostalgie du temps où le spectacle se composait des deux côtés du grand écran orgasmique.
En Mars 89, L’événement du Jeudi nous contait ces moments abandonnés, donnant la parole à quelques papes du sexe dont Francis Leroi. Avec des accents gourmands, il se remémorait ses tournages dans des apparts prêtés par des amis partis en vacances. Des filles à papa au ton bourgeois, se donnaient corps et âme au professionnalisme de leur métier appris sur le tare. Parmi celles-ci, Marilyn Jess, exquise poupée blonde que Leroi a décrit comme "une vraie petite folle du cul". Même en plein âge bête, le gamin a toujours eu bon goût.
2002, on regarde le X avec mépris, au point que John B.Root (Jean Guilloré à l’état civil), histrion du porno de qualité "made in France" se croit obligé de nous gratifier d’une tribune dans Libération où il évoque ni plus, ni moins ses films comme des oeuvres d’art en danger. Mais non, John, depuis que la production de masse ne se conçoit plus qu’à travers la location vidéo et par le biais d’internet, le porno se délite dans la crasse ou dans l’ennui et le voyeur bande mou. Comment font-ils, la plupart, pour représenter d’une manière aussi bête et aussi plate le plaisir de la chair ? Pourtant, un couple qui baise, ça peut être terriblement excitant. Même les tics hamiltoniens d’Andrew Blake, jamais en panne de sublimes créatures, n’ont pas l’effet escompté. L’érotisme manque, on ne sait pas comment filmer deux êtres en train de s’embrasser.
La grande masturbation n’est pas pour demain...

Allez, on oublie tout ce qui vient d’être écrit et en guise d’hymne aux mystères de la sensualité féminine, on s’enlasse de ces jolis mots de Louis Skorecki en s’enfonçant à chaque fois plus profondément là où "c’est la nuit, encore la nuit, toujours la nuit".
L’amour est un met inépuisable, il ne reste plus qu’à s’embraser...