Marcas, maître franc-maçon en BD : « Le frère de sang » !

Marcas, maître franc-maçon en BD : « Le frère de sang » !

Giacometti et Ravenne, célèbres écrivains de la série, Marcas commissaire de police franc-maçon s’illustrent dans ce nouvel opus : « Le frère de sang ». Avec comme toujours les ingrédients du suspens et l’ésotérisme portés par les mains de maîtres du genre. Eric Albert s’est collé à l’illustration très réussie également. Du Moyen-Age, avec un sorcier juif brûlé en place publique, à Paris 2007 et deux crimes en loge avec un assassin franc-maçon, Marcas va devoir une nouvelle fois résoudre une énigme qui va s’avérer palpitante. Un bel ouvrage, une œuvre à trois, quand la littérature se fait le mur du côté de la BD, c’est épatant !

Giacometti et Ravnene ne sont pas des débutants de la dernière pluie acide. Le premier est devenu un écrivain de thriller et a été journaliste de la presse populaire. Il s’est déjà intéressé à la franc-maçonnerie à la fin des années 1990, sous son versant mercantile et abjecte des affaires sur la Côte d’Azur. Il est en plus fondateur de la « Ligue de l’Imaginaire » qui regroupe des écrivains de thriller.
Son complice Ravenne est également membre de la « Ligue » en tant qu’auteur de romans policiers, éditeur et scénariste. Parmi ses autres nombreuses activités, il écrit des articles pour la revue « Franc-maçon magazine ».
Marcas, héros franc-maçon et membre de la loge du Triangle d’Orient, a émergé en 2004 entre les pages de ses nombreuses aventures, pour la renommée internationale de ses auteurs.

Un premier opus « Le rituel de l’ombre » avait été adapté en BD d’un des romans de la série en trois tomes. Il était question des rapports entre des rites francs-maçons et la quête de sens auprès d’une mystérieuse pierre gravée, avec des meurtres autour pour s’approprier ses secrets, y compris par une secte nazie de Thulé. Tous les ingrédients y étaient. Suspens, visions de deux périodes historiques à travers des personnages récurrents et la mort en rôdeuse. Gabrielle Parma était aux pinceaux pour ce premier opus en BD.
La couverture franchement racoleuse ne m’avait pas attirée à l’époque. J’avoue même mon désappointement naturel. Donner les traits du visage, un corps sensible au héros Marcas, qui forcément ne peut pas correspondre à l’image qu’on s’imagine de lui entre les lignes du roman. Idem quand un roman est adapté au cinéma, on louvoie avec le contre-emploi d’un physique imposé qui dénature notre travail de lecteur décrypteur. En plus, pour faire raccord avec notre époque actuelle, des éléments ont été ajoutés, histoire aussi sans doute de donner un peu plus de saveur au réalisme qui n’a rien de poétique, comme au temps de la bande à Prévert.
Tous ces éléments concouraient à ce que je lise cette présente BD à reculons. Même si je l’avoue, la plupart des aventures du commissaire Marcas m’ont toujours beaucoup empli de joie de découvrir des domaines dont j’ignore les fracas.

La couverture de « Frère de sang » assez dépouillée, jouant de l’épée et de l’ombre a attiré toute mon attention. C’est Etienne Roux qui s’y est collé avec brio et sobriété, selon ma propre sensibilité. Eric Albert a repris le flambeau des illustrations. Trois tomes sont déjà annoncés pour venir au bout de ces nouvelles aventures de Marcas.

Avec, comme toujours, une intrigue à double entrée et deux époques différentes qui se recoupent par les indices.
Tout commence à Paname en 1355, un soi-disant sorcier juif a été jugé et torturé par l’Inquisition et brûlé vif sous la vindicte populaire. Isaac Benserade considéré comme le serviteur du diable n’a pas craché le morceau de son don d’alchimiste, capable de transformer la matière en or. Qu’à cela ne tienne, sa superbe jeune femme brune parlera à sa place sous le joug du Tourmenteur, membre officiel de la sainte-mère l’église.
En parallèle, à Paris en 2007, lors d’une cérémonie d’initiation maçonnique, deux crimes étranges ont eu lieu. Mais oui c’est bien sûr, le commissaire Antoine Marcas est persuadé que le criminel est de la maison franc-maçonne.
Comme toujours dans la série Marcas, deux évènements à deux époques diamétralement opposées appellent au meurtre et aux aventures de Marcas. A lui de se décarcasser pour résoudre une énigme ésotérique, en s’aidant de ses connaissance et ou ses frères experts en la matière.

Habiles à la manœuvre de leur nouvelle œuvre, les deux auteurs mêlent pour notre plus grand plaisir affirmé une nouvelle fois, l’histoire et l’ésotérisme, autour du thème de l’alchimie qui a toujours attirés guerres et tourments.
Les deux héros méchants sont l’inquisiteur et en parallèle le tueur franc-maçon sévit à deux reprises lors d’une cérémonie. L’épée dans certains rites revêt l’apparat d’un coupe papier, qui finalement dans les faits de notre récit peut s’avérer beaucoup plus tranchant, au point d’attenter à des vies ! L’un des cadavres n’est autre qu’ « Un érudit dans l’art royal et un sage dans la fraternité. Une tradition de famille : il descendait en ligne directe du marquis de La Fayette, le libérateur de l’Amérique… » (page 15).
La loge va recéler ses mystères dans les abysses des bâtiments auxquels, Marcas l’esprit vif aidé par un frère va devoir s’atteler pour poursuivre le faux-frère assassin.
Aventures garanties au risque de sa vie. La vie justement d’un franc-maçon du rang de Marcas est impossible à partager avec une compagne. A son réveil dans une chambre d’hôpital, sa femme lui rend sa bague de fiançailles. « J’en ai marre de vivre avec un franc-maçon qui se gargarise de ses idéaux et traite sa femme comme un paillasson ! Signe les papiers du divorce ! Que je sois libéré de toi, enfin ! » (page 37)
Madame Maigret peut bien couver son canard sauvage…

Un autre personnage entre en ligne. Nicolas Flamel est engagé de force comme scribe des scènes de torture de la jolie jeune femme brune, pour coucher sur le papier ses aveux. Il a le vice dans la peau cet homme. Tu parles Charles, il revend des livres interdits par l’église. Le Tourmenteur au courant va se servir de lui.

Pas de doute, cet opus vous tient en haleine. N’oubliez pas de respirer quand même. Plus dure sera la chute pour Marcas. Un mercenaire reçoit un contrat à son sujet. A suivre….. ! Vivement la suite, pour sûr !

Marcas Maître franc-maçon : tome 1 le frère de sang, par Eric Giacometti et Jacques Ravenne, illustré par Eric Albert, couleurs Catherine Moreau, éditions Delcourt, juin 2015



Visuels : copyright Éditions Delcourt, 2015 – Giacometti, Ravenne, Albert