Il n’y a pas très longtemps, suite à l’écoute d’une émission sur France Inter où j’avais découvert une femme féministe pleine d’humour qui me plaisait bien à l’oreille. Je l’ai jointe pour lui demander de me faire parvenir son livre par le service de presse de son éditeur. Et quelle ne fut pas ma stupeur qu’elle me réponde : nada un article pour le Mague, plutôt crever ! Je la paraphrase à peine. Je lui demandais la raison, elle me dit que c’était à cause de certaines idées fascistes véhiculées entre nos colonnes. Suivez mon regard et mon présent article en droit de réponse et en hommage à cette femme justement. Je l’estime pour son humour et ses combats, dont je ne pourrai pas diffuser la teneur sur le Mague !

Tout d’abord l’article en question qui m’a fait hurler, moi l’étrangère clandestine débarquée comme bagage à Orly.
http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article8968
Je conseille au Philou Beaubaton l’écoute du reportage d’Omar Ouahmane, journaliste pour France Inter et France Culture, diffusé ce matin à 7 h 35 sur l’antenne de France Culture et d’une durée de 4 minutes. Omar a suivi un couple d’ingénieurs syriens qui a fui son pays avec ses deux enfants en très bas âge. Ils ont débarqué en Suède où ils ont pu bénéficier d’un appartement et où les enfants vont bien vite s’intégrer à l’école. Un voyage de 3000 km semé d’embuches. Un voyage très cher qui leur a coûté au minimum 1000 euros par adulte et 500 euros par enfants soit 3000 euros pour le passage en bateau, sans compter le prix ensuite du train et autres frais annexes pour survivre … On est très loin des 200 euros par personne annoncés par le Philou !
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=5094651#

J’imagine le sort laissé aux sans dents en Syrie. La lutte des classes pour la survie existe encore et en représente pas une vue de l’esprit.
Omar Ouahmane interrogé dans le journal de 12 h 30 du 12 octobre toujours sur France Culture, à la question que pose le Philou dans son article : pourquoi tous ces réfugiés ne rendent-ils pas dans les pays Arabes voisins pour demander l’hospitalité ? Il répond, s’appuyant sur les contacts directs avec les réfugiés qu’il a suivis, que dans ces pays il y a la charia et que les vrais musulmans n’habitent pas ces pays ! Etonnant non, cette conscience qu’ont ces gens en exil ?
Pas de doute possible, les pays européens sont plus à même de les accueillir, en sachant également, que contrairement aux affirmations du Philou, il faut être riche pour entreprendre un tel voyage à ses risques et périls et claquer autant de fric entre des mains de margoulins, qui profitent de la situation pour s’enrichir sur leur dos.

Mon pauvre Philou, si en pays franchouille, on ne retrouvait juste entre « purs » français blanchis à la chaux et à la francisque du Maréchal nous voilà… Qu’est-ce qu’on s’emmerderait ferme. Dommage pour toi, la France est un pays métissé où les « vrais français » comme tu peux les appeler sont en minorité. Regarde autour de toi, ouvre les yeux, ferme la télé et arrête de projeter tes préjugés de haine envers ton prochain. Même le Bartos est un bâtard ardennais à moitié wallon, pour te dire l’étendue du désastre.

En 39, la France généreuse et fraternelle s’était déjà illustrée pour son sens de l’hospitalité à l’égard des résistants au fascisme de Franco. Je pense tout particulièrement aux Républicains espagnols et aux anarchistes. Elle les avait parqués dans les premiers camps de concentration français. Bonjour l’accueil. Bon nombre de ces espagnols pour sauver leur peau s’évaderont et rejoindront la résistance à l’envahisseur teuton et certains mêmes, des graines d’ananar dans la division Leclerc libéreront Paname. D’autres étrangers, autour du groupe Manouchian tomberont eux aussi pour la France :
« Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA France » (L’Affiche rouge de Léo Ferré)
L’exode des populations en France pour échapper aux bombardements nazis, il ne faudrait pas non plus l’oublier !

Tu te sens sans doute plus proche d’un Ménard à Bézier qui lui fait la guerre à ses mauvais étrangers qui viennent manger le pain des bons français.

Seuls des notions d’humanisme et donc de solidarité sur le terrain pourront crever l’abcès de la haine ordinaire si française, dans ses remugles encore récents de son histoire. La France est le pays d’Europe qui a le taux moindre d’immigrés, à peine 9% contre 13% en Allemagne. Au niveau du travail, ils représentent les parias et s’occupent sur le terrain des tâches difficiles, comme le BTP, la restauration, les services à la personne, le nettoyage, la confection…
Sans leur présence, ces secteurs seraient totalement sinistrés.

En France, nous avons la chance de connaitre les retombées du siècle des Lumières qui illuminent notre tempérament à diffuser la laïcité, qui n’est pas un mot vide de sens. Elle représente le socle qui constitue notre société, lorsqu’elle est appliquée et vécue dans les droits individuels et collectifs offerts en grand partage pour tous les citoyens qui habitent le sol français.

Alors, arrête de nous bassiner avec tes préjugés à la petite semaine, comme quoi les réfugiés débarquent avec de faux passeports syriens, qu’ils n’aiment pas la France, qu’ils se chaussent des dernières Nike. Si je te suis, ça doit être de bonnes pompes qu’ils ont aux pieds pour parcourir autant de kilomètres pour venir jusqu’à nous dans toute l’Europe.

Je m’abstiendrai pour une fois de visuels, afin d’éviter encore plus le choc des photos qui phagocytent les propos.

Je te plains Philou, n’oublie pas non plus le jazz manouche de ce cher Django qui a apporté le swing à notre Marseillaise belliqueuse et sanguinaire. C’est la seule version que mes oreilles chastes peuvent écouter.
Le temps des colonies doit te manquer, sans doute…. Pas moi !
J’ai toujours le cœur africain et suis aussi très attachée à la terre nourricière qui m’a accueillie. Le Médoc qui n’a pour ainsi dire jamais vu un étranger basané a élu deux potes à toi aux élections locales.
Tu participes à distiller cette peur absurde de l’étranger qui représente non pas un danger mais une richesse. Albert Camus avait une mère illettrée et était bien placé pour écrire à ce sujet.

Où est passée la légendaire hospitalité française ?