Isa Somparé ou l’élaboration d’un CD qui n’a rien du conte de fée !

Isa Somparé ou l'élaboration d'un CD qui n'a rien du conte de fée !

Isa Somparé est de cette trempe de femme qui se met à nue dans son travail et se donne à fond. Sur son blog, elle nous livre l’élaboration au jour le jour de sa création, au son de sa basse et de sa voix chaude et sensuelle. Auteure compositrice interprète, elle s’accorde au jeu de la création d’un album qui j’espère va accoucher en septembre 2015. Isa s’est prêtée au jeu de l’interview. Elle nous révèle une personnalité riche et vraiment enjouée d’aller à la rencontre de son public. Elle mérite vraiment d’aboutir, pour tous ses efforts et sa force de caractère à vouloir nous offrir en partage son œuvre en chansons et son talent à fleur de peau.

Le Mague : Tout de go tu envoies la note sur ton blog qui stipule : « Réussir dans la musique aujourd’hui ! » avec un point d’exclamation. Pourquoi, je croyais qu’il suffisait d’envoyer sa maquette et youp la boum le tour était joué. Je me trompe ou pas ?

Isa : Youp la boum comme tu dis ! Ben non… ça ne se passe pas du tout comme ça. Et je peux te le dire en connaissance de cause, car comme tous mes petits camarades musiciens, tu penses bien que j’ai essayé moi aussi d’envoyer des démos, et qu’il ne s’est rien passé. Aujourd’hui je suis un peu plus au fait du fonctionnement des labels. Quand tu discutes avec les directeurs artistiques, ils te disent qu’ils reçoivent plus de CD qu’ils n’en peuvent écouter, que la plupart finissent à la poubelle, et que Benjamin Biolay ou Christine and the Queens ne sont pas arrivés par la poste. Dans ces conditions, comment faire écouter sa musique, comment se faire connaitre ? C’est pour cela que j’ai mis en sous-titre du blog de façon un peu provocatrice « Comment réussir dans la musique aujourd’hui ». En effet, j’ai pris en main mon projet, avec tout ce que cela comporte notamment au niveau de la communication et du marketing, et sur le blog je partage mon aventure, ce qui marche, ce qui ne marche pas, et les étapes par lesquelles je passe…

Le Mague : Quelle est ta formation de musicienne ?

Isa : J’ai commencé très jeune par le piano au conservatoire. Je suis ensuite « montée à Paris » comme on dit et là, j’ai été chanteuse dans un groupe de jazz. En parallèle, je prenais des cours de chant avec Thierry Péala qui allie musicalité et technique. Puis, comme je composais déjà, j’ai eu envie de me mettre à la basse pour aller plus loin en harmonie et pour maitriser ce que je créais car tout était encore très instinctif.

Le Mague : En tant que femme bassiste, quelles sont tes influences ?

Isa : Esperanza Spalding, Meshell Ndegeocello… bien sûr ce ne sont que des influences car bonjour le niveau ! Et puis un bassiste plus ancien que je mets au-dessus de tous Ron Carter, pour sa délicatesse et l’élégance de son jeu.

Le Mague : ce que je t’aime chez toi, c’est ton authenticité si rare. Tu travailles ton image sur la pochette de ton album. Tu me rappelles le « Violon d’Ingres » de Man Rey (1924). Toi aussi ton corps est habité par ton instrument de musique : une basse. Ma comparaison est-elle hasardeuse et quel a été ton déclic pour poser dans ce corps à corps avec ton instrument ?

Isa : Pas si hasardeuse, on y a pensé avec Alain Smilo le photographe. Ce qu’on cherchait surtout à travers l’image c’était de retrouver l’intimité et l’authenticité qu’il pouvait y avoir dans les paroles des chansons et dans la musique. Quoi de plus naturel que la nudité pour illustrer la Vérité… et puis comme il fallait que cette nudité soit un peu voilée quand même, nous avons créé une sorte de dialogue intime entre le corps et l’instrument avec cette basse qui me recouvre …

Le Mague : Quel est le thème de tes chansons ?

Isa : Ce qui m’intéresse c’est le rapport à l’intime, ce que l’on a profondément en nous et qui est universel. Les sentiments, les émotions, les sensations… communes à tous les êtres humains, les belles comme les moins belles.

Le Mague : Tu joues sur les mots dans les textes de tes chansons et tu dégages une grande sensualité. Quel est ton processus de création entre tes textes et tes musiques ?

Isa : La plupart du temps je commence par le texte. J’ai un petit carnet qui me suit partout dans lequel je note des phrases que j’entends et qui me touchent, ou des anecdotes dont je suis témoin ou même des choses de ma vie. En général les textes viennent toujours d’une émotion qui m’a saisie à un instant et qu’ensuite je développe dans la chanson en choisissant un angle qui va convenir. Ensuite je fais la musique là aussi en travaillant sur des couleurs harmoniques et sur un beat qui correspondent aux mots. Et après j’arrange, toujours en essayant de rester au plus près de ce que raconte la chanson. Mais là tu me pose une question précise à laquelle je réponds de façon précise. Dans la réalité, tout cela est beaucoup plus empirique et plus instinctif que cela n’en a l’air ici ! Et la sensualité elle vient peut-être de la voix… je ne sais pas.

Le Mague : Quelles sont tes influences textuelles en chansons ?

Isa : Pour les paroles, mes grandes influences sont quand même Gainsbourg et Barbara, Gainsbourg pour l’intime caché sous une apparente légèreté, la virtuosité, et Barbara pour la profondeur des sentiments.

Le Mague : A quel public tu envoies au cœur tes chansons ?

Isa : Je n’ai pas décidé d’un cœur de cible comme tu dis, mais à priori je touche plutôt le public 25/55 ans, peut-être parce les choses que j’exprime demande d’avoir un peu vécu pour y être sensible…

Le Mague : Quels conseils tu donnerais à quelqu’un qui veut se lancer dans la chanson ?

Isa : D’aller lire mon blog (rires)… Non, de bien savoir qui on est, ce que l’on veut faire et ensuite de l’assumer coûte que coûte. Quand on est vraiment soi-même, on est unique !

Le Mague : Sur scène quelle sera ta formation et qui seront tes musiciens ?

Isa : Alors là aussi, c’est un pari, sur scène je suis seule ! Soit tu as un tourneur, un producteur de spectacle, donc un budget et tu peux payer tes musiciens. Soit tu n’en as pas, c’est mon cas, et tu montes un guitare/voix ou un piano/voix. Et je n’avais pas du tout envie de ça. Je voulais conserver le son original de l’album et des arrangements. J’ai donc décidé de garder le play back des musiciens enregistrés en studio, et moi j’assure la basse et le chant en live.

Le Mague : Je trouve très courageux et original ton blog qui comporte un résumé au jour le jour de l’évolution et de l’élaboration de ton album avec du texte, des images et du son. Quel écho en reçois-tu ?

Isa : Plutôt très bon. J’aime les coulisses, j’ai toujours été intéressée par l’envers des décors et je me rends compte que je ne suis pas la seule. Les gens qui viennent sur le blog sont tout d’abord très étonnée par tout ce travail que l’on ne voit pas d’habitude, élaboration du répertoire, l’enregistrement, le mastering, le travail sur le visuel…et puis comme je le dis sur le blog, c’est une aventure qui est racontée au jour le jour dont on ne connait pas la fin, une histoire. Et ça aussi c’est universel, même adulte, c’est toujours agréable de se faire raconter une histoire…

Le Mague : On décèle aussi dans ton blog tout le travail colossal que sous-tendent la conception et la naissance d’un album.

Isa : Je voulais montrer aussi le travail que demande la fabrication de la musique qui est aujourd’hui pratiquement gratuite. Eh non, la musique n’est pas gratuite. Elle se compte en sueur, elle se compte en années passées à travailler, et elle se compte en investissement aussi pour l’artiste qui veut développer son projet.

Le Mague : Tu peux nous donner un éventail de la suite et bientôt la sortie de ton album ?

Isa : Alors la suite : après la sortie du clip le 29 mai, je vais commencer les concerts. L’album EP sort le 25 septembre et si je suis suffisamment relayée dans les médias, j’espère en vendre suffisamment pour enchaîner sur la fabrication d’un album LP.

Le Mague : Quelle question te mordille les lèvres de répondre ?

Isa : Et Bercy c’est pour quand ? (rire)

Le Mague : Qu’est ce qui tourne actuellement sur ta platine, en chansons et en musiques ?

Isa : Je suis très éclectique j’écoute tout ! En ce moment se battent sur ma platine, Miles Davis, les demoiselles de Rochefort, Michel Petrucciani, Gaël Faye, Beyoncé, Madonna, Christine and the Queens, Mademoiselle K, Biolay, Ibrahim Maalouf, Amy Whinehouse, Idriss Elba, C2C, Jeanne Added et j’en oublie surement !

Le Mague : Si tu étais invitée à faire la première partie de quelqu’un, ce serait qui et pourquoi ?

Isa : Peut-être Véronique Sanson. Je l’ai redécouverte à l’occasion de sa tournée « Les années américaines » et c’est vraiment très très fort. De magnifiques chansons, dix musiciens sur scène qui envoient... Y’a du son et y’a du sens, tout ce que j’aime !

Le Mague : Tu as des scènes de prévues ? Si oui où et si tu as un appel à lancer, ne te gêne pas, le Mague te soutient.

Isa : Pour la scène c’est la première fois que je suis dans une telle configuration, seule avec ma basse. J’ai besoin de me roder, de roder les chansons, et tant que l’album n’est pas sorti je vais faire des petits lieux. Sur le mois de juin, le 6 à Bagnolet, le 14 pour le salon Emmaüs au parc des expos porte de Versailles, le 21 à Nanteuil pour la fête de la musique et une date surement à Paris dans un lieu très sympa en septembre pour la sortie de l’album mais elle n’est pas encore confirmée. Je communiquerai abondamment là-dessus sur la page facebook et sur le blog quand tout sera booké de façon ferme car il y a encore des dates en suspens.
Et un appel à lancer, oui, je suis preneuse de co-plateaux car pour l’instant mon set ne dure que ¾ d’heure.

Le Mague : Tu peux nous parler de la vidéo. Comment elle a été élaborée, tournée par qui et tes impressions ?

Isa : La vidéo a été réalisée par Jérémie Prigent et François Rémond qui m’ont portée sur ce projet et qui ont amené dans leurs bagages toute leur équipe de tournage, leur expérience et leur savoir-faire. Ca a été un moment magique. Je ne vais pas te raconter toute la genèse du projet, la rencontre, l’écriture car ce serait un peu long ici, mais tout est détaillé sur le blog dans la saison 2 avec photos à l’appui.

Le Mague : Comment ça se passe pour soutenir ton projet à terme ?

Isa : Le meilleur soutien pour le projet ce sera d’acheter le CD en septembre (rire) ! Et puis quand on aime, ne pas hésiter à liker et partager les posts et les infos sur tous les réseaux sociaux. Et puis aussi me laisser des commentaires sur le blog, ça me fait plaisir et ça m’encourage.

Le Mague : A toi le mot de la fin et à très bientôt pour la sortie de ton album en septembre.

Isa : Merci tout d’abord à toi de m’avoir ouvert tes colonnes et je vais terminer par cette citation de Ralph Waldo Emerson : « N’allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n’y a pas de chemin et laissez une trace. »
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