Sea, sex and sun

Sea, sex and sun

Comment, au détour d’un verre de rhum, on se retrouve à "Questions pour un champion" avec une brochette de strings.
Tranquillement installé en bordure de la piscine du Coco Beach Hotel à l’île Maurice, je buvais un punch au rhum en compagnie de ma tendre épouse, quand, tout à coup, une horde de filles accortes et court vêtues se jettent sur moi.

Là, fatalement, je me demande si je n’ai pas abusé du "Natural Sex Attractive Perfume" de chez Pigeon Industries, avec des vrais morceaux de phéromones dedans. Ou si je n’ai pas laissé traîné négligemment ma langue cunilinctesque mondialement réputée. Ou plus prosaïquement si ma carte Premier ne dépasse pas de mon porte-cartes Pierre Cardin.

Et bien non ! A travers l’accent chantant et créole (ce qui ne gâte rien) de ces charmantes jeunes filles, qui se demandent pourquoi ma femme vient de s’armer d’un pied de table en les menaçant d’une chirurgie plastique vite faite sur le gaz si elle n’arrêtent pas de me tripoter, je réalise qu’elles en veulent surtout à mon T-shirt "Le Mague" [1] en me demandant si je connais F’édé’ic Vignale.

Magnanime, je leur rends leurs strings ruinés qu’elles m’ont tendu comme colifichets pour m’amadouer en leur expliquant que Notre Grandissime Rédac’Chef n’a d’yeux que pour son Alessandra.

Devant leurs moues dépitées, leurs sanglots longs comme les violons du printemps (normal, dans l’hémisphère sud, les saisons sont inversées), je les rassure en leur disant que je leur ferai moi, en personne, l’honneur d’un contact charnel, ce qui, immédiatemment, les met au garde-à-vous, tétons en avant, lèvres humides et regards lubriques.

Petit intermède destiné à expliquer à ma femme que ça n’était qu’une blague avant qu’elle ne me transforme en crèpe bretonne. Car les crèpes sont bretonnes, à défaut d’être Suzette.

Et donc la vie reprend son cours et l’élection de Miss Mauritius 2004 aussi, sous les regards torves et lubriques des vieux bedonnants notables de l’île, endimanchés de surcroît (le comble pour un samedi soir). Et là, coup de théâtre, une star mondiale et incontournable (un indice chez vous) se dévoue à la fastidieuse tâche de présenter les bouts de viande emmaillotés ou robes-de-soirée-isés prétendant au titre de "Miss Mauritius 2004", j’ai nommé Batman himself, Monsieur Julien Lepers.

Sitôt passé mon réflexe d’attrapper la télécommande pour zapper sur XXL, ce qui, bien évidemment, est hors de propos puisque ça se déroule en live sous mes yeux et mon énième verre de rhum, je me délecte de ces - certes jolies mais néanmoins gentillement neuneus - jeunes filles qui, comme dans un sketch comique, veulent "la paix dans le monde et que les enfants ne meurent plus".

Donc bref, comme toujours, défilé en maillot, en robe de soirées, concours de "talents" (on frise parfois le ridicule) etc etc... A quand le défilé avec une saucisse dans le prose, en palmes-masque-tuba, en 51V avec un carbu’ de 14 ?

Blablabla... deuxième dauphine (les nageoires en moins)... blablabla... première dauphine (moins marrante que Flipper) et blablabla... Miss Mauritius 2004 c’est Magalie. Bravo. Clap clap clap. Générique de fin, sourires, fleurs, photos, congratulations, mains au cul.

Evidemment, après ce vibrant hommage à la standardisation de la beauté féminine (rentrez dans le moule, sinon vous n’êtes pas dignes d’intérêt disent-ils !) et à l’esthétisme commercial d’une foire aux bestiaux, rampe vers moi un Julien Lepers quémandant l’insigne honneur de figurer dans le Mague. Après lui avoir fait lâcher ma braguette, je lui concède qu’il sera fait mention de son nom. Dont acte. [2]

Bref, toujours est-il que même sur une île aussi charmante, avec seulement 1,2 M d’habitants, ils se sentent obligés de sacrifier au rituel ridicule et Fontenaysien de foutre un diadème sur la tête d’une greluche qui va se faire sauter par les producteurs véreux qui ne pensent qu’à épancher leur libido...

Finalement, cette exploitation médiatique d’une plastique standardisée est quand même foutrement ridicule.

Bah ! le rhum mauricien permet d’avaler plus facilement la pilule !