Le second volet reprend la fin du premier : Allan Pinkerton se retrouve face au portrait de Lincoln ( le dossier Jessie James se déroulait en 1875), il s’annonce tel un « prequel » sur les débuts de l’agence.

Pinkerton T1 - Bande annonce par GLENATBD

La réputation des détectives de l’agence Pinkerton n’est plus à faire. Elle est même respectée, et surtout crainte. La méthode est très efficace : infiltration d’un gang jusqu’à l’arrestation en flagrant délit. Ces cow-boys de la loi sont sans pitié, et n’hésitent pas à tuer. Carte blanche ! Suite à une bagarre dans un bar pour arrêter un homme accusé par une veuve pour la mort de son mari. Les manières de régler les affaires pour Allan Pinkerton sont réputées à travers plusieurs villes, plusieurs états ...il ne laisse plus le choix aux coupables, et certains se retrouvent hors d’état de nuire après quelques révélations. La dernière va titiller les nerfs de l’agence. Une rumeur parle d’un attentat sur le futur Président Abraham Lincoln. Pour des questions politiques comme professionnelles, voir même d’ambition pour l’agence, Pinkerton va faire vérifier ce bruit autour de la mort de Lincoln. Tout ses agents sont sur le terrain, le moindre tripot, la partie de poker clandestine sont dans le collimateur des agents. La vie d’un président est encore entre les mains du détectives privés.

C’est une chasse à l’homme organisée par l’agence Pinkerton. Le scénario de Guerin fait une grande avance sur l’avenir de Allan Pinkerton, stratège de l’enquête. Il prend le dessus sur l’autorité « légale », avec une ambition politique jusqu’à bousculer la sécurité du président Lincoln . Il veut une place au plus haut pour son agence, la rendre indispensable au pays. La rumeur de l’attentat contre Lincoln à quelques jours de son investiture va permettre à Pinkerton de prouver sa large efficacité. Guerin fait monter le ton de la violence de ce western :duel en dehors du saloon, en pleine rue, devant témoins, pour être sur de garder la réputation des détectives sur les méthodes employées sans pitiés, même si l’un d’eux est ancien prêcheur. Cette religion du colt ne pardonne pas. La réputation se construit et grandit aussi vite que la vitesse du train
Damour renforce son dessin, un peu plus épais, les personnages ont le visage et l’expression dure. Bien sur on peut aussi apprécier les nombreux détails dans les décors, très soignés comme la rue de Chicago avec son saloon et commerces, l’intérieur de l’attaque d’un train, ou encore la maison blanche. Des hachures et des points rapprochés, viennent accentuer encore plus les textures, les plis, un visage marqué par les années et la vue de la mort, sans pitié. La mise en scène est très alignée, trop parfaite.

Les couleurs de Paolo Francescutto du Gottem Studio , viennent renforcer l’épaisseur et la noirceur des scènes. Dans les séquences les plus sombre, Francescutto appuie sur quelques éléments lumineux comme un simple feu de cheminée, l’éclairage faible d’une lampe à pétrole, une cheminée, ou une fenêtre avec le jour pénétrant à l’intérieur d’une pièce, jouant avec le dessin encré de Damour, pour organiser une entrée dans le bureau de Lincoln en contre jour sur les personnages.
Un petit regret dans la mise en page et le découpage de l’attentat sur le train en pleine nuit. Rien de très spectaculaire dans cette explosion séquencée.

Pinkerton renouvelle un peu plus le western. Il reste inédit dans son approche par le fait historique utilisé, sortant des sentiers de l’inspiration de ce qui a été fait au cinéma avec l’éternel John Wayne. La série s’inscrit dans le drame, la violence et la politique. Elle raconte l’ambition d’un homme avec une milice privée très organisé à travers les USA . Sauver un président, c’est prendre une part importante dans le pays. La carte blanche est laissé à ces manieurs dangereux du colt, au sang froid, ils ne sont pas affectés par le moindre cadavre laissé au profit d’une rumeur, d’une information filtrée dans un gang, ou une partie de partie de poker clandestine. Rien n’échappe au réseau Pinkerton ! Ils sont partout !
Sortez à nouveau vos colts, préparez vos chevaux, et cherchez vous aussi les prochains bandits à venir en rejoignant PINKERTON.

PINKERTON : le dossier Abraham Lincoln -1861- / Guerin (scénario) et Damour (dessin) / Glénat