STATION 16 : La station de l’horreur

STATION 16 : La station de l'horreur

Un appel à l’aide dans une radio , une expérience scientifique, des explosions nucléaires : c’est l’ambiance autour d’un bout de territoire en Russie, une archipel abandonnée. Une troupe de l’armée russe est sur place. Elle doit porter un simple secours dans une base située plus au nord de Severnaïa Sur place, c’est l’horreur !

Les essais nucléaires russes sont au cœur de cette histoire. Des explosions se sont produites à la Nouvelle Zemble entre 1955 et 1990, dont la fameuse bombe « Tsar Bomba » dix fois plus puissante que celle de Hiroshima. La zone est à l’abandon, à peine un ours polaire et son petit traînent dans le coin le moins enneigé. Nous sommes en 1997. Ce territoire reste sous surveillance. Une équipe réceptionne un appel à l’aide à la radio : des cris, des heurts, des tirs. Les soldats Grichka, Durak, le sergent Valentin, Sasha, et Gregor Griegorivitch dit « le bleu » sont envoyés sur place.

Là bas une autre ambiance se dévoile entre une aurore boréale et violente tempête de neige : des cobayes n’ont plus leurs yeux, la station semble être dans deux mondes . La folie et la rage s’emparent de ces cinq hommes ! C’est une véritable tuerie, une boucherie au nom de la science, et des explosions nucléaires s’enchaînent dans une spirale où il est difficile d’y survivre !

C’est un retour « Signé » pour Hermann et Yves H, avec ce 4ième album en commun pour cette collection Station 16 est un thriller basé sur un fait réel , celui de l’URSS – la Russie des années 60 jusqu’en 1990 . L’archipel de la Nouvelle Zemble a été le terrain des pires horreurs en matière d’essais nucléaire. La « Tsar bomba » a explosé dans cette atmosphère déjà très atteint en radioactivité. Des hommes triés sur le volet, principalement orphelins étaient mis en avant dans cette zone de danger, sans suivit médical.
Yves H trace à partir de ces faits le scénario de ce one-shot. Un thriller situé entre un épisode de « X-Files » en plein Alaska avec des secrets entre la Russie et les USA, ou encore des films comme le polar WhiteOut et le genre avec The Thing. L’histoire est sous haute tension. Elle vous mettre froid dans le dos à chaque page. L’action monte crescendo entre la répétition des cris inhumains, des tirs de mitraillettes et des explosions. La fiction est racontée comme un dossier caché par le kremlin, le KGB , l’armée russe. Tout tourne en boucle ! Un appel radio qui se répète, un médecin fou furieux qui expérimente sur le cerveau capable de se passer des yeux. La Station 16 est placé là où personne n’oserai mettre les pieds. Isolée du monde.

Hermann prend un dessin très chargé en texture : celle du papier et du médium utilisé entre l’aquarelle et les encres de couleur, avec des effets créés par de la cendre de cigarette. Le grain du papier fait parti intégrante du dessin. L’ambiance est très grise, par tâches et couches successives pour laisser très peu de place au blanc, à part sur quelques extérieurs, qui aurait une facilité dans un décors dans ce paysage nordique Russe. La première explosion nucléaire donne du plus belle effet sur une double page, le champignon atomique fourmille de nombreux effets d’un coup de pinceau plus au moins mouillé, un frottis avec le chiffon en plus, ou le hasard très bien travaillé en amont pour un effet de nuage de fumée le long du pied de l’explosion nucléaire dans des couleurs qui composent le feu.
A chaque sortie du bâtiment, l’espace semble s’élargir de la position de l’hélicoptère de secours, à l’impact de la bombe atomique , jusqu’aux hommes-cobayes découverts par le « Bleu » Gregor. Hermann n’hésite pas à enlaidir, à exprimer la peur et la folie des protagonistes.
L’action ne tombe pas à plat à chaque planche. L’enchaînement est rapide et très efficace dans les cliffhangers menés par le scénario.
Le dessinateur de « Jeremiah » ( chez Dupuis ) et des Tours de Bois Maury ( Glénat ) a déjà 50 ans de carrière. Il est encore loin de lâcher le crayon ! Il sait donner le bon tournant à son talent au fils des nombreux livres. Sur Station 16 , c’est encore un pas de plus dans cette fiction où l’horreur et la folie font place net autour de cinq hommes et une base.

La collection Signé a 20 ans pour cette année 2014. Une belle longévité pour cette série de bandes dessinées, qui a vu apparaître en 1993, lors près de 20 ans après une première publication en 1977 chez le même éditeur au Lombard : Histoire sans Héros. Vingt ans après de Dany et Jean Van Hamme. Les titres s’enchaînent désormais avec un succès de nombreux one-shot, comme le Nocturnes de Clarke sur un écrivain mourant, avec un village qui disparaît au fil des pages de son dernier roman. Le duo Hermann et Yves H portent déjà trois autres succès à cette collection avec des titres comme The Girl from Ipanamea et aujourd’hui avec Station 16.

Station 16 profite d’un fait réel pour passer dans une fiction. Vous êtes plongé dans un thriller où la folie vous fera tourner en rond dans une base où les réactions des essais nucléaires ont laissé de bien étranges traces ! La Nouvelle Zemble existe encore, depuis 1997, elle n’a plus été visitée, elle n’est plus accessible... son secret est encore bien gardé !

Bonus :un petit dossier sur le fait réel des essais nucléaires en Russie, sur l’archipel de la Nouvelle Zemble, qui a inspiré ce one-shot, avec photos, et des croquis de Hermann, en plus du témoignage de Yves H.

STATION 16 / Hermann ( dessin et couleurs ) et Yves H (scénario) / Collection Signé / Le Lombard