Notre Avis  : La salle du théâtre Michel était complète et la Pièce mérite bien son succès public et critique. Production remarquable, distribution de première ordre et technique irréprochable, on est bel et bien dans une grande pièce érudite et plaisante à voir absolument. On ne voit pas passer les deux heures de spectacle, on apprend des choses scientifiques et humaine et on en ressort bluffé par l’écriture, la mise en scène et le jeu des comédiens.

Mais de prime abord il nous faut rendre hommage au décor unique de "Les Palmes de Monsieur Schutz" car à lui seul, il est un personnage à part entière. On a rarement vu pareille reconstitution historique d’un atelier des années 1900, un décorum aussi réussi, ingénieux et avec un si grand sens du détail, de l’efficacité et du réalisme.
Cet atelier pareil furieusement réel et nous emmène dans un autre monde, le champ référentiel le plus justement adéquat avec les propos et les thématiques de la pièce.

Les premiers rôles comme les seconds sont choisis avec une grande pertinence, chacun tient son personnage à merveille et on sent une belle synergie de groupe. Benjamin Egner est époustouflant en Pierre Curie. Il joue tout en sensibilité, force et maîtrise un Pierre Curie qui découvre l’amour et le radium en même temps. Il campe parfaitement le scientifique intègre, sérieux et incorruptible qui vouera sa vie à la science.
Constance Carrelet est une Marie Curie bilingue polonaise très convaincante, physiquement et dans son jeu subtil et fin. Le duo avec Benjamin Egner fonctionne particulièrement bien.
Tout le reste de la distribution est à l’index, Guillaume Bouchede est formidable en collègue fantasque et noceur se laissant tourner la tête par les brevets et la réussite sociale et financière pour revenir à des sentiments plus nobles à la fin de la pièce.
Michel Cremadès, égal à lui-même est tout à fait excellent et épatant en recteur d’académie et Valérie Vogt en femme du peuple gouailleuse fait un numéro tout à fait jubilatoire.
Difficile de ne pas être laudatif tant cette pièce est une réussite globale qui séduit sur le fond et la forme.
Même un cancre en physique et chimie comprend, dans cette pièce, des choses qu’il n’a jamais eu loisir d’intégrer lors de ses études, la pièce jette de sympathiques clin d’oeil au féminisme en montrant une Marie Curie qui s’émancipe grâce à son talent et son savoir-faire et donne, pour la première fois en France, de l’humanité, du "plaisir" quasi physique et une vision de femme à la science moderne. Que de bonnes surprises du début à la fin de la dramaturgie !

Bref on ne peut que vous engager à courir voir cette pièce réjouissante, admirablement bien écrite, produite, jouée, mise en scène et en lumière. A noter aussi un très beau travail sur les costumes.

On ne peut que féliciter une Production qui a si bien réussi à mettre en valeur le propos historique sans l’appauvrir ni le caricaturer, nous entraîner dans de jolis numéros de comédiens avec un sens remarquable du texte et de la réplique le tout dans un écrin, ce décor qui est un modèle du genre.

Ce spectacle rejoué après son succès dans les années 90 à Paris mérite à nouveau un plébiscite et des tas de récompenses. Pierre et Marie Curie ont découvert la Radio activité et le radium et nous avons (re)découvert une excellente Pièce que l’on ne peut que vous conseiller, car elle est brillante comme le Radium dans l’obscurité....

http://www.theatre-michel.fr

Les Palmes de M. Schutz au Théâtre MICHEL, rue des Mathurins, Paris.

De : Jean-Noël FENWICK
Direction artistique : Patrick ZARD’
D’après la mise en scène de Gérard CAILLAUD
Assistant Mise en scène : Stéphanie FROELIGER

Distribution :

Guillaume BOUCHEDE dans le rôle de "Gustave Bémont dit Bichro" jusqu’au 28 février 2014.
Constance CARRELET dans le rôle "Marie-Curie"
Michel CREMADES dans le rôle de "Le Recteur De Clauzat"
Benjamin EGNER dans le rôle de « Pierre Curie »
Daniel HANSSENS dans le rôle de "Monsieur Schutz" jusqu’au 21 janvier 2014
Valérie VOGT dans le rôle de « Georgette » jusqu’au 2 Mars 2014

Scénographie (décors) : Jacques VOIZOT
Costumes : Brigitte FAUR-PERDIGOU
Lumières : Geneviève SOUBIROU