Planète planante

Planète planante

L’Humanité est en marche, voilà qui suffit à faire briller le soleil et contenter l’auteur de ces lignes.

Bon grain et ivraie mêlés, certes. Mais peu importe, elle avance. Ou plutôt, elle monte.

Tous nous appartenons à la race des autruches célestes : pesants oiseaux rêvant de haut vol.

Crapules, saints, détraqués, géants, nains, bossus, chefs, esclaves, anormaux, cupides, volontaires, courageux, imbéciles, voleurs, commerçants, loups, pigeons, savants, bienfaiteurs, infirmes, seigneurs, Duponts, tous dans la même nacelle ! En route vers les hauteurs, répondant unanimement à l’appel du large, emportés dans l’azur...

La marée humaine composée de fumier et d’eau claire, de sel et de sucre, de roses et de chardons, de perles rares et de coeurs de pierre, insensible aux morales passagères, aveugle aux justices profanes, imperméable à l’ordre séculier, hermétique à l’autorité temporelle, indifférente aux modes, progresse.

Elle s’affine, même avec de la mélasse aux pieds.

Assassins, bourreaux, vermine, étranges personnalités, esprits égarés et âmes sombres valent gens honnêtes, ordinaires victimes, hommes droits et coeurs valeureux. Dans cette galère voguant vers l’infini, tout est en permanent éclaircissement : un mystère, une énigme, une interrogation évoluant en une vaste pensée rationnelle.

Une absurdité apparente qui au fil de l’eau se révèle être un savant labyrinthe plein de sens cartésien.

Frères humains, tous je vous aime. Que vous soyez glorieux ou minables, justes ou iniques, affreux ou admirables, je partage vos misères et grandeurs, vos bassesses et diamants.

Je suis des vôtres, je suis et le mendiant et le prince, et le coupable et l’innocent, et le misérable et le noble. Tous vous avez droit au vin des étoiles qui fera de vous l’ami des dieux. Chacun de vous a sa chance d’accéder au zénith, de gagner l’Olympe, d”hériter de l’éclat du Ciel. Pour l’unique cause que vous êtes nés sous les principes miraculeux régissant l’Univers.

Tous, nous sommes le bien et le mal, la force et la faiblesse, le noir et le blanc. Notre vaisseau pue la merde mais nous avons des ailes. Meurtriers, pornocrates, exploiteurs, égoïstes, infâmes, ignobles, ceux que vous écrasez sont vos promontoires. Profitez de vos crimes pour planer car toute la Création humaine est faite pour atteindre les sommets.

Une fois là haut, nous aurons tous raison. Sans exception.

Frères humains, papillons en devenir, tous je vous aime d’un amour plein de justesse et de raison.