Naturisme : Francine du collectif de réflexion sur la nudité à Euronat !

Naturisme : Francine du collectif de réflexion sur la nudité à Euronat !

Suite aux deux articles parus le 16 août dans la presse locale Girondine à propos du phénomène de textilisation des grands centres naturistes, j’ai voulu rencontrer Francine. Cette militante naturiste se bat, elle, à Euronat, avec la création d’un collectif qui date de 2013, pour le respect de la nudité au sein du plus grand centre naturiste international de la côté Atlantique. Elle et tous les naturistes se sentent agressés par les textiles qui sont présents et exercent un regard malsain, voyeur et pervers. L’impunité leur ai donné, à partir du moment où ils acquittent un droit de séjour. Cette situation ne peut plus durer et Francine avec le collectif veut mettre la direction d’Euronat devant ses responsabilités et appelle au dialogue constructif, avant qu’un grand clash se produise.

Le Mague : Quand et à quelle occasion es-tu parvenue à la pratique du naturisme ?

Francine : Je suis venue au naturisme sur la plage de Dépée, qui est devenue la plage principale d’Euronat, avant la création du Centre.

Le Mague : Et ensuite en quels lieux as-tu pratiqué ?

Francine : Je l’ai pratiqué dans différents centres en France (Le Romegas, Le Clapotis, La Sablière, Villata en Corse) et à Valalta à Rovinj (Croatie, qui était la Yougoslavie à ce moment-là…)

Le Mague : Qu’est-ce que le naturisme t’a apporté ?

Francine : Le naturisme m’a apporté une forme de liberté du corps et de l’esprit que je ne retrouve nulle part ailleurs. Cela m’a aussi permis de franchir des étapes difficiles dans ma vie de femme, en particulier une prise de poids très importante (pour des raisons de santé). Ce sentiment d’être comme tout le monde, de ne pas subir « l’agression visuelle » de l’autre n’existe que dans le milieu naturiste. Je dis toujours : « ce n’est pas le paraître qui est important, c’est l’être ». Riche, pauvre, instruit ou non, peu importe : nous sommes des êtres humains à « l’état pur ».

Le Mague : Peux-tu nous parler du site d’Euronat où tu t’es installée à l’année ?

Francine : Je connais Euronat depuis toujours. Nous avons fréquenté la plage, ponctuellement, en y accédant côté sud. Ensuite nous avons été campeur et c’est en 2011 que nous avons décidé de franchir le pas. J’étais à la retraite et mon mari ne travaillait plus pour des raisons de santé. Ces mêmes raisons nous ont obligés à envisager la vie dans une atmosphère moins polluée que celle de Bordeaux, et étant naturiste, c’est tout naturellement que nous avons pensé nous établir à Euronat. Le domaine est vaste, loin de toute industrie et nous allions enfin pouvoir vivre notre naturisme à temps plein.

Le Mague : En bref, quelle est l’histoire d’Euronat ?

Francine : L’histoire d’Euronat est l’histoire de deux hommes : Hubert Lacroix et le maire de Grayan Guy Lartigue qui ont été relativement visionnaires et ont vu les possibilités du lieu. Le cadre était idéal pour créer un centre naturiste, pour vivre nus et au plus près de la nature.

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Le Mague : Sans en venir directement au point qui nous préoccupe, quels sont les points positifs et négatifs que tu décernerais à Euronat ?

Francine : Le principal point positif est sans conteste la superficie des lieux, ou tout naturiste a sa place, peut vivre sans empiéter sur la vie de ses voisins. Mais qui en fait aussi un point négatif. Positif car il permet de se sentir seul au milieu de beaucoup de monde, en harmonie avec la nature, où l’on peut (ou plutôt pouvait) circuler en vélo sans trop de danger et vivre en relative sécurité. Négatif de par sa superficie, car à ce jour, il n’est pas vraiment clôturé côté nord ni en haut des dunes. Une clôture faisant le tour complet du centre avec deux ou trois accès à la plage serait l’idéal.

Le Mague : Comment et pourquoi est né votre collectif de réflexion sur la nudité à Euronat ? N’est-ce pas antinomique tout de même en ce lieu voué au naturisme ?

Francine : Le Collectif est un regroupement « spontané » de vacanciers et propriétaires d’Euronat, de toutes nationalités, qui est né en août 2012 où l’invasion textile avait atteint des sommets inégalés. Ils ont voulu permettre à toutes ces personnes mécontentes de le faire savoir en créant une lettre ouverte à la Direction qui a obtenu en un mois plus de mille signatures. Une telle situation est en effet antinomique mais cela nous est apparu comme le seul moyen, dans l’urgence.

Le Mague : Tu peux nous parler de la charte du naturisme à Euronat tant décriée et nous en citer quelques passages ?

Francine : Tout d’abord, la définition du naturisme, que tout naturiste ne devrait jamais perdre de vue. « Le naturisme est une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par une pratique de la nudité en commun qui a pour but de favoriser le respect de soi-même, le respect des autres et celui de l’environnement ». Ensuite : Faire le choix des vacances naturistes à EURONAT, c’est s’engager à respecter ces règles fondamentales. Respecter la nudité à chaque fois que le temps le permet : cela est une évidence pour tout naturiste qui se respecte. La nudité est obligatoire à la piscine, à la plage, dans les sanitaires : quelqu’un se douche-t-il habillé chez lui ? Par contre, parler de la plage est en double contradiction : d’une part la plage d’Euronat est plage naturiste par arrêté municipal mais d’autre part, la plage fait partie du domaine public….Les maillots de bains, bikinis, strings sont interdits. Cependant, le bon sens reste de prime ; Une tolérance existe pour la pratique de certaines activités sportives, pour les femmes à certaines périodes et chez les adolescents : cela est aussi une évidence pour tout naturiste qui se respecte.

Le Mague : Quelles sont vos action depuis la création de votre collectif ?

Francine : La première action fut la lettre ouverte en 2012. Ensuite, deux personnes du Collectif ont rencontré le directeur d’Euronat pour apporter la lettre ouverte avec ses 1000 signatures ainsi que des propositions concrètes pour améliorer la situation au niveau du naturisme dans le centre. Nous lui avons remis un dossier complet de 7 pages sur la base de la charte naturiste d’euronat, établi en tableau de 3 colonnes. – 1ère colonne : la charte ; 2ème colonne : tout ce qui n’allait pas en 2012 ; 3ème colonne : Les propositions de solutions faciles à mettre en œuvre très rapidement et peu onéreuses, afin de retrouver une situation normale dans un centre naturiste.

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Le Mague : A quoi ont abouti vos propositions concrètes auprès de la direction d’Euronat pour éradiquer la textilisation galopante et quelles étaient-elles ?

Francine : Sur toutes les demandes effectuées (il y avait donc un dossier complet et très étoffé de 7 pages…), deux ont vu le jour. La première, remise des panneaux à l’entrée de la plage indiquant la nudité obligatoire (toujours cette contradiction : la nudité est obligatoire DANS LE CENTRE), et un extrait de la charte a été déposé sur les comptoirs à l’accueil des vacanciers. Nous avions demandé à ce qu’elle soit remise avec les dossiers de réservation afin qu’elle puisse être lue, approuvée et signée tranquillement par les futurs vacanciers. Rien de tel….

Le Mague : La saison touristique est déjà bien avancée, quelles sont les nouvelles constatations du collectif ?

Francine : Constat à ce jour, rien n’a évolué ni au niveau des comportements des vacanciers ni au niveau de prises de décision venant de la direction en faveur du respect du naturisme.

Le Mague : Est-ce que le phénomène de textilisation est propre à Euronat ou est-ce général dans les grands centres naturistes et y compris dans les clubs et associations naturistes ?

Francine : Il semblerait que ce phénomène soit surtout le fait des grands centres. Certains ont déjà pris des dispositions concrètes, tel le CHM de Montalivet : notre voisin de plage.

Le Mague : Qui sont les membres de votre collectif ?

Francine : Le collectif s’étant formé de manière spontanée, il comprend toutes les nationalités présentes à Euronat se regroupant autour d’un même constat et surtout d’un même objectif : le retour du respect à la nudité et aux préceptes du naturisme partout dans notre centre.

Le Mague : De quelle manière as-tu utilisé à bon escient ton expérience de syndicaliste ?

Francine : Mon expérience m’a permis d’oser aller vers les gens, leur parler, les écouter, dialoguer avec eux et leur expliquer avec des mots simples notre action, en prenant pour base les préceptes du naturisme qui devraient s’appliquer partout et donc à Euronat.

Le Mague : Quel appui avez-vous reçu de la part de la FFN (fédération française de naturisme) ?

Francine : Je suis la première désolée du silence de la FFN à notre égard. Elle a reçu l’intégralité du dossier de la Lettre ouverte en automne 2012. J’ai eu en retour l’accusé de réception signé : c’est tout. Silence complet. J’interprète cela comme un mépris et un désintéressement complet de notre situation à Euronat.

Le Mague : N’existe-t-il pas un texte officiel dans le contrat d’achat des habitations à Euronat qui stipule que le ou la propriétaire a acheté un bien immobilier dans un lieu naturiste  ?

Francine : Il existe en effet deux documents officiels à Euronat. Le règlement intérieur qui concerne toute personne résidant (momentanément ou à l’année) à Euronat. Le règlement de jouissance qui est remis à tout acheteur d’habitation, lors de la signature de l’acte notarié. Lequel acte notarié comporte bien la précision que nous achetons dans un lieu naturiste. Nous, propriétaires, estimons que tout manquement à cet acte pourrait être considéré comme non-respect du contrat signé…

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Le Mague : Es-tu optimiste ou pessimiste quant à l’avenir du naturisme en général et plus particulièrement à Euronat ?

Francine : Que répondre à une telle question : je ne suis pas voyante !!! Mais je suis quand même très inquiète lorsque je vois la réaction de la Direction face à nos revendications. Il n’est que de lire le commentaire du directeur M. Loréfice dans le journal Sud-Ouest Médoc paru le vendredi 16 août : http://www.sudouest.fr/2013/08/16/du-rififi-chez-les-culs-nus-1142696-2898.php Mais Jean-Michel Loréfice, le directeur d’Euronat, refuse d’envisager la possibilité d’interdire à ses clients de s’habiller. « Ça poserait des problèmes juridiques à mes yeux. Comment peut-on obliger quelqu’un à se mettre nu s’il n’en a pas envie. Pour moi, ce qu’on vit actuellement à Euronat est un phénomène commun à la plupart des centres naturistes. L’époque où les premiers naturistes vivaient comme des Robinson au milieu de la forêt est révolue. Le confort et les équipements se sont développés. Et les comportements ont suivi le même chemin. Personnellement je considère que le naturisme ne se limite pas à la nudité », explique-t-il avec cynisme le plus sérieusement du monde !

Le Mague : Je suppose que tu t’es empressée de lui répondre ?

Francine : Voilà ce que j’ai fait comme réponse sur une page de la toile : Il y a quelques jours, M. Loréfice m’a interpellée en me disant que par notre action, nous faisions du tort au naturisme et que nous attirions ainsi les textiles.......
M. Loréfice, que stipulez-vous dans cet article si ce n’est les attirer vous-mêmes. Comment pouvez-vous dire que vous refusez de faire déshabiller les clients du Centre ? Avez-vous oublié les préceptes du naturisme ?
Rendez-vous vos propres règlements qui demandent la nudité autant que le temps le permet partout dans le centre ?
Comme l’a si bien dit quelqu’un dont je vais certainement déformer les propos et je le prie dès à présent de bien vouloir m’en excuser : "Votre règlement a des exceptions mais ce sont les exceptions qui deviennent votre règlement !"
Cela veut-il dire que tous les propriétaires ont été trompés par leur acte notarié spécifiant qu’ils ont acheté dans un centre naturiste ?
Cela veut-il dire que vous acceptez les textiles puisque nous dites ne pas vouloir obliger les gens à s’habiller ?
VOUS MARCHEZ SUR LA TÊTE M. LOREFICE ! A croire que vous voulez scier la branche sur laquelle vous êtes assis.

NOUS NATURISTES EURONATIENS, NOUS NE VOULONS PAS DE CELA, NOUS VOULONS QUE LE NATURISME RETROUVE SES LETTRES DE NOBLESSE ET REDEVIENNE CE QU’IL N’AURAIT JAMAIS DU CESSER D’ÊTRE !
Vous trouverez aussi un article de 2 pages sur Euronat, assez complet, titré : « >Ils exigent la nudité dans leur centre naturiste » dans LE JOURNAL DU MÉDOC du vendredi 16 août 2013 (le lien sera disponible plus tard).

Le Mague : Après avoir fait le bilan de l’année 2013, quelles nouvelles actions envisagez-vous pour 2014 ?

Francine : Nous espérons tout d’abord que la Direction va faire un pas vers nous afin d’établir un dialogue. Nous rappelons que dès le départ, nous avons précisé à M. Loréfice que nous œuvrions dans l’intérêt d’Euronat, que nous n’étions donc pas contre eux mais avec eux. Nous lui avons bien rappelé que le patron c’était lui, que c’était lui qui possédait le pouvoir de faire changer les choses, et que nous n’étions là que pour impulser les valeurs du naturisme, pour que le naturisme retrouve ses lettres de noblesse dans ce centre qui est depuis sa création un lieu privilégié pour tous les naturistes européens. Pour nous, il est impensable qu’il en soit autrement.

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Le Mague : Si tu as quelque chose à rajouter, bienvenue à tous tes propos.

Francine : Tout d’abord, je remercie la Singette et Le Mague de m’avoir à leur tour donné la parole. Nous sommes tous ici, résidents et vacanciers naturistes, parce que nous l’avons choisi : comme dit un de nos amis, nous ne sommes pas arrivés ici par hasard. La nudité, si elle n’est pas tout le naturisme, en est une base fondamentale. La tolérance en ce domaine ne peut pas exister, hormis celle admise partout concernant les mineurs (- de 18 ans), les femmes dans certaines périodes et les personnes souffrant d’handicap ou maladie particulière exigeant d’être couvert sur une partie du corps. Nous ne sommes pas des extrémistes comme voudraient le laisser penser certains, mais simplement des « êtres simples », voulant vivre leur naturisme entièrement et sans éléments perturbateurs. Nous voulons pouvoir nous promener nus dans la nature, sentir le souffle du vent sur notre peau, écouter les oiseaux, le bruit de l’océan, éprouver le plaisir de se baigner nus dans les vagues, rencontrer d’autres personnes nues, sans à priori et surtout sans sentir les regards réprobateurs de tous ces textiles que nous croisons, qui nous dévisagent et émettent même des remarques désobligeantes sur notre physique. Bref, nous voulons vivre en naturistes, en harmonie avec la nature, en se respectant et en respectant les autres.

Le Mague : Tous mes remerciements à toi Francine pour avoir éclairé la situation de la textilisation d’Euronat. On ne se perd pas de vue et si besoin était de compléter ton interview, on peut se retrouver en 2014, avec je l’espère de bonnes nouvelles quant à l’aboutissement de votre combat.

Où et comment joindre le collectif :
courriel : groupenudite@gmail.com
Lien de la pétition 2013 que vous pourrez ainsi lire et signer en ligne :
https://docs.google.com/forms/d/139DC0VRZ-ocjzI3DHdbU-rX-2qwuvIhHN7WWruSDbjk/viewform

Par cette cinquième interview de l’été, le Mague clôt provisoirement ce cycle, qui devrait reprendre en 2014, au rythme de cinq comme cette année. L’objectif est de donner la parole à des naturistes singuliers qui vivent à plein leur naturisme et ont envie d’échanger dessus. Après Marseille, j’ai très envie de rencontrer des naturistes de Paname et la région parisienne, des artistes, des jeunes femmes et hommes.
N’hésitez pas à publier vos commentaires !
Vous pouvez également me joindre directement :
franck.franckditbart@laposte.net