Amale El Atrassi mise à mal par le Boycott et la Censure de son livre en France

Amale El Atrassi mise à mal par le Boycott et la Censure de son livre en France

En janvier 2013, Amale El Trassi qui, avant d’être la soeur d’un comique, chroniqueur et animateur vu à la télé, est une femme auteur qui s’est livrée dans un livre autobiographique sur les souffrances de sa vie de femme (Louve musulmane, Editions de l’Archipel) revient ici sur la Censure et le Boycott médiatiques que subit son ouvrage depuis sa sortie en librairie. Un récit édifiant, injuste et révoltant mais bien représentatif des pressions et des luttes d’influences du petit milieu de la télé française. Et si le Net allait permettre un Buzz sur ce livre ? Prouvons que l’Edition peut se passer de la télé aujourd’hui pour vendre...

1. Bonjour Amale El Atrassi, votre livre "Louve musulmane" est sorti
en janvier et on peut dire qu’il n’a pas eu le traitement médiatique
qu’il aurait dû avoir. Vous avez subi une censure passive, pernicieuse, c’est à dire qu’on a boycotté votre livre, vous n’avez pas été invitée à la
télé française parce beaucoup de gens des médias ne veulent pas
déplaire à votre frère, est-ce bien cela ?

Oui effectivement, je subis les conséquences d’une espèce de "copinage médiatique". Les médias français ne souhaitent pas me recevoir pour ne pas déplaire à la toute puissante "Reine mère" du PAF, Catherine Barma amie intime de mon frère et productrice de plusieurs émissions télévisées. Je pense que Mustapha a orchestré un boycott accepté par la plupart des animateurs des grandes chaines de télé.
Sans liberté d’expression, nous tomberons dans une Dictature, et je ne souhaite pas que mon pays la France devienne une nouvelle Corée du Nord.

2. En quoi votre livre est-il aussi dérangeant pour votre frère ?

"Louve musulmane" n’est pas un livre people ou une biographie sur Mustapha. Je parle bien évidemment de lui dans mon livre mais comme de tous les membres de ma famille. Je consacre un chapitre à mon frère intitulé "Le chérubin prodigieux" (chapitre 20). J’y parle de la manière dont je l’ai chéri, aimé, défendu parfois même à la seule force de mes poings.

Vous accuse-t-il de "parasitage" car vous avez le même nom célèbre que lui et qu’il était connu avant vous ?

Je ne cherche en aucun cas la célébrité, mais nom m’appartient autant qu’à lui. Mustapha n’est pas l’unique dépositaire de notre nom de famille.

3. Votre frère a t’il été mis au courant tôt de toutes les violences
que vous avez toutes subies, quelle a été son attitude quand il l’a su ?

Nous n’attendions rien de Mustapha en retour de cet amour que nous lui prodiguions. Ce fut peut-être une erreur car, plus tard, il n’a pas semblé du tout affecté par nos épreuves en tant que femmes. Nous l’avions sans doute immunisé sans le vouloir.

Quand mes soeurs et moi lui racontions nos vies, c’était comme si nous lui exposions les vies d’autres personnes. Au récit de la séquestration de la famille au Maroc, puis du viol, il hochait simplement la tête avec un drôle de sourire. Il est sans doute difficile pour un garçon de se représenter ce que pouvait être les épreuves vécues par les filles dans son pays d’origine.

4. Comment avez-vous toujours trouvé cette force de combattre après
le viol collectif, la prison, les humiliations, les exils et tout ce que vous
avez vécu de si difficile ?

Pendant ces jours d’épreuve, j’ai ruminé sur mon destin. Ce fut une activité stérile, je préfère me battre et essayer de prendre ma vie et mon destin en main désormais.
Je suis une personne qui pense que demain sera meilleur. De plus la naissance de mes enfants m’a appaisé. La souffrance dans l’enfance durcit comme le feu durcit le bois. Aucune torture, aucune humiliation, plus aucune douleur physique ou morale ne me fera peur.
Je serrerai les dents. La révolte et la fierté m’ont enseigné qu’il n’y a que le rire ou la mort.

5. Comment se fait-il que les journaux féminins et les femmes
féministes françaises ne vous soutiennent pas plus ?

Je pense que ces femmes baissent tout simplement leur "froc" comme tout le monde car le clan Ruquier est très influant dans l’audiovisuel français.
Elles ne font que défendre leurs carrières. On est dans le "chacun pour soi". La cause des femmes, comme moi, passe en second plan.

6. La grande sensibilité de Clarisse Mérigeot vous a-t-elle beaucoup aidé dans l’écriture de ce livre ?

Je ne connaissais pas Clarisse Mérigeot, mais mon éditeur me la presentée. Il m’a laissé le choix de collaborer ou pas avec elle. Nous avons appris à travailler en binôme, à nous connaitre, elle m’a beaucoup parlé de sa vie, de ses blessures cela m’a permis de lui ouvrir mon cœur. Cela n’a pas toujours été facile, nous avons beaucoup ri, pleuré. Je considère, aujourd’hui Clarisse, comme une amie chère et fidèle.

7. On peut dire que le fait que votre livre soit boycotté ajoute de la
souffrance à la souffrance, c’est comme si on empêchait la vérité
d’être révélée publiquement non ?

Oui, tout à fait, j’ai parfois l’impression que toutes mes souffrances sont vaines. Au travers de mon livre je voulais indiquer à mes bourreaux que non ils ne m’avaient pas anéantie. "Louve musulmane" est le vecteur d’un message fort, "Louve musulmane" s’adresse à toutes les classes sociales, religions... mon livre est proprement Universel.

Je savais que mon frère allait user de son influence auprès de tous son reseau mediatique. Je suis révoltée, mais je continue le combat avec le peu de moyens dont je dispose. Apparemment la loi du plus fort est toujours la meilleure. Heureusement mon livre est distribué dans d’autre pays ou j’arrive à démarcher les Medias sans aucunes difficultés sachant que je suis devenue, en quelque sorte, ma propre attachée de presse, étant donné que la mienne a vite baissé les bras devant tant de portes cadenacées en France...

8. Souhaitez-vous un jour faire la paix avec votre frère, êtes-vous
prête à lui pardonner ses erreurs à votre endroit ?

Oui, je voudrais serrer Mustapha dans mes bras. Il me manque, mais ce qui me blesse le plus est le fait que moi je ne lui manque pas.
Je suis pourtant prête à l’aimer au-delà de ses défaillances de frère, d’homme, d’humain. Nous avons fait tant d’efforts pour qu’il soit la fièreté de la famille que nous avons ommis de l’arracher au cercle invisible, mais ensorcelé, de la Culture du Mâle. Je crains même que notre idolâtrie familiale à son égard n’ait fortement contribuée à conforter sa place dans ce cercle.

9. Quel est le message principal de votre livre à travers votre
histoire vraie ?

Le but de ce travail est de faire prendre conscience des causes de leurs malheurs à des personnes qui ont traversées des expériences semblables aux miennes. Il est aussi d’informer et d’alerter des gens qui n’ont aucune idée de ce qu’on a vécu et qui vivent encore des êtres humains qu’ils croisent ou côtoient tous les jours, avec lesquels ils travaillent même peut-être.

Cette histoire, la mienne, celle de mes parents, celle de mes frères et de mes soeurs, n’est pas finie. Non seulement parce que ni eux ni moi ne sommes morts, mais aussi parce qu’ils traînent encore leur passé tel un boulet.
Je me dois donc de rectifier le trait ça et là, parce qu’il est resté inachevé. Mon rôle n’est pas celui d’un juge, mais simplement d’un témoin. Je veux que l’on sache comment une femme qu’on a traité de "chienne" est devenue une Louve.

10. Je vous laisse le mot de la fin chère Amale...

Merci infiniment Frédéric pour votre respect pour la liberté de la Presse.
" J’ai décidé d’opter pour l’amour car la haine est un fardeau trop lourd à porter." Martin Luther King

LOUVE MUSULMANE, Amale El Atrassi, Editions de l’Archipel. collaboration avec Clarisse Mérigeot

http://www.amazon.fr/Louve-musulmane-Amale-El-Atrassi/dp/2809809895

http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/el-atrassi-amale/louve-musulmane,52098447.aspx

http://www.fr.fnac.be/a4897618/Amale-El-Atrassi-Louve-musulmane