AU PAYS DES OMBRES : le vaste monde des morts.

AU PAYS DES OMBRES : le vaste monde des morts.

Votre croyance en un lieu de repos éternel va être bousculée par l’imagination d’un enfant, Antoine. Il est un endroit perdu dans l’obscurité, où un vivant ne devrait pas avoir l’accès. Voyage périlleux dans l’enfer des morts.

Le petit Antoine a un don spécial. Il voit les morts, et plus particulièrement son grand frère décédé : Vincent. Les deux garçons s’amusent à cache-cache dans le cimetière, et autres défis du frère aîné. A l’école, Antoine est moqué encore plus suite à une rédaction où il parle de son aîné, en le décrivant comme un « mouchavore » (mangeur de mouches). Dans la cours de récréation, Claire partage avec ce goût de vie parmi les morts : son père tient une boucherie ! Après l’école, les deux enfants filent au cimetière pour trouver Vincent. Ce dernier reste introuvable. Antoine va entreprendre un voyage dans le pays des morts… c’est le premier être vivant à pouvoir y pénétrer. Cette entrée en ce lieu interdit, va mener le garçon a vivre plus d’une péripétie en l’étrange compagnie, d’un guide bien particulier : le diable !

Le monde d’Antoine est fantastique, sombre, comme un cauchemar, où il prend tout son courage, sa volonté pour retrouver dans ce pays des ombres, son frère Vincent, dont le lien dépasse la vie pour se rencontrer et s’amuser dans le milieu des morts. C’est un bien étrange pays à l’architecture vertigineuse au gouffre sans fond ! Antoine va devoir échapper à plus d’un danger comme une foule de zombis affamés.
Le récit de Mathis nous dévoile l’histoire de ce petit garçon avec ce dont de voir les morts. Il en fait la risée de l’école, avec toutefois le soutient de son papa, mais aussi le petit brin féminin, tel un ange : Claire. Le scénario tient sur la simplicité, celle de croire au pouvoir d’Antoine, de se prendre d’affection pour ce benêt de Vincent particulièrement lors de son premier duel face à un cow-boy. L’alliance avec le Diable va apporter un petite touche enflammée à cette nouvelle jusqu’au dénouement face à un ancêtre d’Antoine.
Thierry Martin apporte à l’histoire un dessin des décors très remplis, aux points de fuites vertigineux, telle une caméra placée dans des vues principalement plongeantes, même si il laisse aussi dans le découpage des planches, une place pour des plans plus cadrés, plus serré sur les protagonistes de l’histoire. L’encrage apporte à la fois un trait plus épais et sec pour les « vivants » comme Antoine, Claire ou Vincent (même pour un mort), qui suit très bien le crayonné le plus dur et vous pourrez en faire la comparaison avec le carnet de croquis en bonus. Une accumulation de courbes, de verticales, de placement en perspective pour apporter au final de ce dessin , un ensemble à la fois détaillé dans le décors, la moindre fenêtre, brique, escaliers, carrelage, et parfois légèrement effacé pour laisser place à un lieu vide par le blanc laissé par la case.

Pour la couleur, Thierry Martin et Mathis se sont rejoint pour donner une partie plus sépia, dans le souvenir, le vieil album photo, pour la partie « vivante », entre l’école et le cimetière, une fois dans le monde des morts, la traversée « blanche » avec la Mort, le duel brumeux avec le cow-boy, et dans un ton plus rouge, sans toutefois apporter les couleurs de la flamme, et sur la partie la plus dangereuse du parcours, entre le village avec les zombis, et ces nombreux d’escaliers, recouverts par une partie très noire sur le gouffre sans fin, à en faire perdre l’équilibre !

Une nouvelle graphique fantastique s’offre au plaisir du lecteur, avec ce terrible Pays des Ombres. À la fois amusant entre les liens qui unissent Antoine et Vincent le « Mouchavore , et le côté terrible, mais attachant aussi sur la relation entre le petit garçon et le Diable lui-même, qui a du mal à remettre ce pays des morts complètement laissé à la folie, où ceux qui ont été enterrés sortent de leurs tombes . Cette histoire ramène à celles dessinées fin des années 1980 par Antonio Cossu et son fameux Boskovich et les Histoires Alarmantes(édité chez Dupuis à l’époque), comme celles de Foerster avec ses fables monstrueuses proche de la série télévisée : la 4ième dimension, ou Au delà du réel ( Instants Damnés et Hantons sous la pluie / édité chez Fluide Glacial). C’est une aventure un brin littéraire, comme si Pinocchio était dans la baleine à la recherche de Gepetto. Antoine est à la recherche de Vincent, et l’obscurité ne l’empêchera pas de revenir d’entre les morts, car un ange veille sur lui. Au Pays des ombres est l’imaginaire d’un lien très fort entre deux frères entre la vie et la mort, un lieu plongé dans le noir dont il faut en vaincre la peur. C’est un conte qui mérite sa belle lecture, pour les petits et grands, et si votre enfant a vu une personne qui mange des mouches, surtout croyez le !

N’oublions pas que pour le Mague de la culture BD , Aux Pays des Ombres a reçu le prix de la meilleure nouvelle graphique. Félicitations à Mathis et Martin, un duo dont on ne serait se lasser à travers d’autres lectures à l’avenir, surtout si elles nous plongent dans une autre dimension fantastique.

Une préface a été signée par un lecteur de bon goût de la bande dessinée, il en aurait gribouillé quelques unes un temps dans le journal Pilote : Patrice Leconte.

AU PAYS DES OMBRES / Mathis (scénario et couleurs) & Thierry Martin ( dessin et couleurs ) / Collection NoCtembule / Soleil