Je veux être réincarné en PPDA

Je veux être réincarné en PPDA

Ca y est j’ai choisi en quoi je voulais être réincarné dans une prochaine vie. J’aimerais être Patrick Poivre d’Arvor. Etre PPDA, c’est d’abord, il faut bien le dire, quelques menus inconvénients ; un physique pas terrible, la vieillesse qui arrive, un zozotement et un cheveu rare, mais c’est aussi plein d’avantages en prime (time) ; La célébrité, l’impunité journalistique, la reconnaissance, la richesse, avoir son Guignol sur Canal +, et la faculté inouïe et frénétique de pouvoir niquer avec les plus belles femmes du pays. Le pire dans tout cela, c’est que PPDA est un bon écrivain.

PPDA aime les livres et il sait désormais en écrire. Sa dernière autobiographie déguisée, donc son autofiction, est une belle réussite littéraire, implacable même. Sans doute parce que ce bouquin est le plus sincère de l’auteur. Pourtant la chose n’était pas facile à mettre en forme, il ne fallait pas tomber dans le pathos (une maladie de la tête en forme de tumeur très maligne) et surtout trouver un moyen de parler de deux femmes importantes pour lui qui ont le même prénom et les mêmes initiales, Claire Chazal et Claire Castillon.

Pari réussi, « La mort d’un Don Juan » est un livre au charme anglais, au parfum suranné, à la nostalgie irlandaise qui touchera les hommes et surtout les femmes. Un ouvrage qui sera donc culte pour les hermaphrodites et les transsexuels.

PPDA a une véritable élégance du style, des trouvailles épatantes, des bons mots d’esprit qui pourraient rester dans l’Histoire des lettres. Un charme bien à lui au-delà des critères habituels.
Ce livre est une longue poésie en mouvance, un travelling post mortem qui fait mouche, qui émeut et captive. Comme la caméra embarquée, forcément subjective d’un homme qui regarde derrière lui, à la recherche d’une sérénité, un homme qui ne se ménage pas même s’il se prend pour une sorte de Génie, qu’il est sans doute un peu.
Une manière d’entrée en religion libertine, en demandant pardon aux femmes, en leur criant qu’il les aime avec le cortex aussi.

L’écriture est belle, le rythme diablement bien maîtrisée. On dirait du Patrick Besson en plus connu. PPDA est arrivé à une sorte de minimalisme précieux qui touche droit aux âmes. On aimerait être une des ses muses, pouvoir dire qu’on a inspiré le page 45 ou la page 123. Mi journal intimiste, mi roman, mi autobiographie, tout est admirablement dosé dans ce livre qui fait passer le journaliste vedette dans une autre catégorie de la respectabilité de Plume.

Une véritable surprise en tout cas qui ne peut avoir été écrite par un nègre littéraire ou un double commode. PPDA se livre nu et sans trop de codifications, cette exhibitionniste très pudique est une véritable révélation.
Voilà l’ouvrage que Nicolas Rey ne réussira jamais à finir.

Un livre mis en scène sans faille. Un beau succès d’encre et de sperme qui mériterait un Prix du cœur.

La mort d’un Don Juan, Patrick Poivre d’Arvor, Albin Michel.

La mort d’un Don Juan, Patrick Poivre d’Arvor, Albin Michel.