On reconnaît Brigitte dans les bars, les coins enfumés mais il serait temps d’aimer cette grande dame pour tout ce qu’elle arrive encore à donner. Se renouvelant sur chaque projet en compagnie d’Areski Belkacem, elle virevolte au dessus de la mêlée, se laisse repousser les cheveux, parle d’elle à la troisième personne, chante et chante encore d’une manière décalée, certes, mais au combien chère à ceux qui cherchent l’originalité. La Vraie.
1. Est-ce que Slapette votre chat qui se la pète, est content du dernier album de sa maîtresse ?
Brigitte Fontaine : « Elle est ravie. »
2. Ce nouvel album fait ressurgir plus de programmations que dans le précédent ’Kékéland’ ?
Brigitte Fontaine : « Elle ne fait rien exprès ! Tout est instinctif chez moi. C’est ma manière d’envisager la musique et la poésie. »
3. Qu’est ce que signifie la musique en terme générale pour Brigitte Fontaine ?
Brigitte Fontaine : « Du désir, du plaisir et de l’effort évidement. Haha ! ne pas oublier l’effort car avec l’effort le réconfort. »
4. Est-ce facile de poser sur une feuille un texte comme ’Le Grand Jamais’ et ensuite l’offrir aux gens ?
Brigitte Fontaine : « Très facile ! En un quart d’heure c’était plié. C’est Areski qui l’a repêché dans la poubelle ! »
5. Vous chantez en duo avec lui sur ’Le voile à l’Ecole’ ?
Brigitte Fontaine : « A l’occasion pourquoi pas. Par contre travailler avec lui c’est pour toujours. C’est une belle preuve d’amour qu’il me renouvelle sur chaque nouvel album. »
6. ’Le voile à l’école’ c’était une manière charmante de dire qu’il n’y a pas de position juste entre les pour et les contre ?
Brigitte Fontaine : « Oui sauf que vous avez pu remarquer qu’à la fin de la chanson je cite ’L’école idéale’ de Rabelais dont la devise était « Fait ce que voudra ». Si elles veulent mettre le voile bhen qu’elles mettent le voile. Vive la liberté !
7. De tous temps, de manière subtile vous chantez des faits de société ?
Brigitte Fontaine : « Cela faisait longtemps que je ne m’étais plus occupé de ce genre de chose mais là cela devenait un besoin évident. J’en avais marre que tous les soirs on nous parle d’un morceau de tissu alors qu’il y a temps de choses beaucoup plus importantes. Cela frisait le ridicule. »
8. Le titre de l’album est une chanson assez extraordinaire de par votre collaboration avec Gotan Project mais révèle également une jolie histoire d’appartement ?
Brigitte Fontaine : « Astor Piazzola quand il a composé ’Saint-Louis en l’Ile’ habitait ici-même où je réside en compagnie de mon époux. Moustaki me l’a retrouvée et me l’a destinée. Ensuite j’ai demandé à Gotan Project de la jouer avec moi. »
9. Pourquoi avoir traduit et chanté en anglais Simone de Beauvoir ?
Brigitte Fontaine : « C’est tiré d’une pièce de théâtre qui s’appelle ’Liaison Transatlantique’ qui a été joué à Paris, en Amérique et à Londres sur les lettres d’amour de Simone de Beauvoir à son amant américain... un écrivain dont je ne me rappelle plus le nom...Bref : j’avais chanté cette chanson pour la pièce dont Areski avait fait la musique. Elle est en anglais car Simone de Beauvoir écrivait à son amant en anglais. J’ai gardé cette chanson car je la trouvais belle. »
10. Encore une histoire d’amour ?
Brigitte Fontaine : « ’L’amour c’est du pipeaux’ ça c’est une belle chanson d’amour ! »
11. Toutes ces femmes charismatiques, dont vous faites partie, semblent en voie de disparition remplacé par de jeunes filles sages à la plastique façonnée et aux propos lisses ?
Brigitte Fontaine : « Je ne sais pas, je ne suis pas au courant ! Chaque personne est unique. Mais moi en particulier je suis d’accord avec vous ! »
12. ’Rue Saint Louis en L’Ile’ est plus introspectif , vous vous livrez plus ?
Brigitte Fontaine : « En tout cas dans une chanson plus particulièrement. »
13. Laquelle ?
Brigitte Fontaine : « ’La Folie’ bien sur ! Il n’y a que là où je parle de moi. »
14. ’La veuve Cliquot’ c’est Brigitte Fontaine qui s’impose des limites sur les nuits d’ivresses ?
Brigitte Fontaine : « Mon dieu non ! C’est juste pour s’amuser. »
15. Betty Boop qu’elle soit à Paris ou en Bretagne doit elle subir le touriste comme une plaie ouverte sur sa tranquillité ?
Brigitte Fontaine : « Je comprends pas votre question ! Elle est comme moi Betty Boop, c’est pas moi ! mais... elle est comme moi : elle hait l’été et le soleil. Je n’aime que l’hiver. Car c’est beau, il n’y a pas trop de soleil et il n’y a pas d’orage. ’L’éloge de l’hiver’ est une très belle chanson. »
16. Vous n’aimez pas trop sortir de chez vous, alors pourquoi faire une tournée ?
Brigitte Fontaine : « Ce n’est pas que je n’aime pas sortir de chez moi, je suis simplement phobique des transports. Quand j’entreprends une tournée c’est très difficile pour moi. La seule chose qui m’aide c’est la chaleur des gens. Leurs sourires et l’amour que l’on partage. »
17. Vous chantez donc ce texte sur la folie pour contrer la facilité des lieux communs qu’on a pu faire sur vous ?
Brigitte Fontaine : « Oui voilà ! C’est juste ça ! »
18. Selon vous alors est ce que la normalité est la plus grande folie que l’homme se soit imposé à lui même ?
Brigitte Fontaine : « Je ne m’y connais. Je sais ce que c’est la folie. Je connais ma folie personnelle. »
19. ’L’homme à la moto’ se trouvait sur une compilation de reprises d’Edith Piaf, pourquoi l’avoir aussi installé en fin d’album ?
Brigitte Fontaine : « Pour frimer un peu ! C’est une chanson marrante qui me va bien. J’avais déjà trop de chansons, mais je voulais la mettre sur ce dernier album. »
20. Vos chansons ont toujours gardé une forme de naïveté ludique ?
Brigitte Fontaine : « Oui. Ludique, émouvante, mais parfois tragique également. »
21. Pensez-vous qu’il est préférable d’être dominateur ou dominé ?
Brigitte Fontaine : « Ni l’un, ni l’autre. Je suis pour l’égalité totale. Je suis pour l’égalité des sexes. »