Guillaume Meurice nique ta mère la société !

Guillaume Meurice nique ta mère la société !

Il ne respecte rien cet homme. Il le dit, le joue, l’écrit, sur scène à la radio et dans son livre : « Guillaume Meurice Chronique la société ». Je me suis vraiment régalée à me pager dans ses pages illustrées par son compère Babouse dessinateur de presse. Je l’ai déjà recommandé à tous mes aminches de la forêt du Médoc qui sont morts de rire. Je les ai accompagnés à leur enterrement le livre à la main, avec l’ombre de la grande faucheuse qui avait la tronche de Guillaume Meurice. Trop drôle, alors pourquoi pas vous !

J’ai découvert presque par hasard pour la première fois Guillaume Meurice en feuilletant l’écran enchanteur du Mague où le drôle d’oiseau avait tissé son nid de chroniques décapantes et revigorantes. Enfin un humoriste à la carrure d’un proche de Desproges qui tire sur tout ce qui bouge avec finesse et talent hors des pattes des flats fous du roi. Avec la mention apposée qui rassure les imbéciles heureux qui sont nés quelque part du pays de la Gaule et du béret : « Tout public » : « Si quand on aime, on ne compte pas, il est aisé de calculer la somme d’amour dérisoire portée par ces commerçants spécialisés dans l’industrie du rêve à leur public respectif  », (in « Art, gens et argent, page 80). Et ce cher Guillaume de citer ses pairs et leur parentèle qui digèrent leur gigot d’agneau devant la télé en rotant et pètant les pâles figures de la vulgarité : « La relève des Raymond Devos, Pierre Desproges et Coluche s’appelle Cauet, Patrice Laffont ou encore l’emblématique homme d’affaires, Arthur. Arthur qui fait le clown sur une scène de théâtre ; l’équivalent de Ronald Mc Donald dans la cuisine de Joël Robuchon. (in « Art, gens et argent page 80)

D’autant que le jeune Guillaume a eu un sacré handicap à la naissance qui le marque à sa casaque du hors norme. Il est issu de la génération 1981 élevée à la tontonlogie prégnante et arrogante. Marque de fabrique de toute une génération au poing dans la gueule la rose épineuse à se fourvoyer dans les messes basses des pouvoirs. Abdiquant déjà le socialisme triomphant des affaires sont les affaires sur la tombe du capitalisme capiteux triomphant. A croire qu’il s’en est remis, puisque du temps de Sarko il avait déjà les tripes de s’exposer en Marianne au troupeau dévot à ses risques et périls. Cocard d’as, le Meurice c’est un activiste pas seulement textuel mais aussi de terrain.


Marianne malmenée au meeting de Nicolas Sarkozy par guillaumemeurice

Alors vous pensez bien, un tel spécimen dégagé autour des oreilles, avait de quoi attirer toute mon attention à aller à sa rencontre vaille que vaille. Depuis la plus haute branche de mon pin favori de ma forêt du Médoc en bordure de l’Océan Atlantique. Il m’a fallu convaincre le Bartos de quitter ses pénates. Histoire d’aller voyager vers les cieux panaméens et se plonger dans le bouquin de ce Guillaume à l’atome crochu de ses thématiques qui m’enchantent tant les tréfonds de mes abysses animales. Pour vous mettre le vin de Médoc en carafe, je ne citerai que quelques titres de ses chroniques parus dans son livre : « Des racines et des ailes de charter / Préjudice amoral / Béat attitude / Organe du pouvoir / Hommages collatéraux / Terre compromise / Extrémiste modéré… « . A vous de décrypter ses thématiques favorites !

Déjà rien que dans la préface de son confrère de France Inter, un certain François Morel ose une comparaison avec le slogan du Journal Pilote  : « Il réfléchit en s’amusant, il s’amuse à nous faire réfléchir. Il réfléchit à nous amuser. Je crains que ce garçon ne devienne indispensable ». (page 1) En effet ! Et même qu’en plus le Meurice a déjà mis le nez dans le paf à heure régulière du déjeuner, à l’antenne de l’émission de France Inter : « On va tous y passer  ». Soit trois minutes trente en moyenne de décapantes chroniques salutaires à votre bon appétit et à votre santé tant mentale que physique. Il faut remonter au «  Tribunal des flagrants délires  » de la bande à ce cher Claude Villers pour rencontrer une telle verve à l’antenne. Je tairai les deux clowns du sévice public qui se sont servis la main dans le sac pour activer leur carrière sur d’autres médias merdiques, à la suite de leur éviction. Pour recevoir un subside de dédommagement équivalent pratiquement au budget de fonctionnement d’une station sans publicité, telle France Culture si chère à mon cœur et au portefeuille des vénérables contribuables ! Ces putains à la cuisse légère, ces « nouveaux bouffons à la cour du roi Audimat » pour paraphraser Guillaume  !

Fort heureusement, pas de panique, tous aux abris, et pas de quartier, Je vous rassure, Guillaume ne s’est pas assagi avec le départ du président avocat d’affaire en lune de fiel. Il sait écorner la rose de ses piquantes chroniques. Alors si vous appréciez entendre Guillaume à la radio et le voir sur scène, vous adorerez le lire. Il se dégage une telle finesse dans ses textes, c’est le même sentiment que j’éprouve lorsque je relis la prose de Desproges. J’y ressens la même jubilation avec les mots à donner du sens à partir d’un décalage sémantique en début de la chronique, avec l’impatience trépidante de découvrir la chute bien sentie et sertie de son style affirmé bien à lui. Vive la sociale des maux de la société si bien mis en relief par ce ce trublion qui a l’étoffe libertaire. Guillaume taille un scalp aux idées reçues. De son impertinence, il en tire son éminence grise qui défrise les vérités de bon aloi. Car en plus de savoir parfaitement écrire, Guillaume est aussi comédien auteur et metteur en scène et il parait qu’il dégage l’hystérie humoristique sur scène de « Tout le monde y passe  ». Et moi la première, bientôt fin octobre où j’aurai l’immense plaisir de vous faire partager l’interview que je consacrerai au sacré bonhomme qui a toute ma ferveur.

A chacune de ses chroniques dans son livre il donne aussi l’occasion à Babouse de les illustrer. Ce dessinateur de presse (L’Humanité, Charlie Hebdo) est à l’unisson de Guillaume et chacun de ses dessins fait mouche à dessein des textes ! Excellent travail collectif que ces deux zigues à retrouver dans l’ouvrage.

Guillaume Meurice, vous l’aurez compris est un honnête homme cultivé, humoriste engagé et indépendant à la verve délicieuse. Je lui laisse la parole et le dernier mot provisoire. Clin d’œil à quelqu’un de bien par chez moi en Gironde : « En attendant, il serait temps que les humoristes cessent de mettre leur destinée artistique dans les mains de quelques peoples en quête de visibilité. Car comme le disait si bien La Boétie : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux  » (in Jeux du cirque pour triste clown, page 60)

Guillaume Meurice chronique la société, préface de François Morel, dessins de Babouse, 30 éditions, mai 2012, 15 euros
« Tout le monde y passe », tous les mardis à 21 h 30 au théâtre le Funambule, 53 rue des Saules, Paris 18 ème