CAMPAGNE PRESIDENTIELLE : Normal de dessiner 200 jours de campagne socialiste.

CAMPAGNE PRESIDENTIELLE : Normal de dessiner 200 jours de campagne socialiste.

Les élections sont finie, tout est fini, on remballe les affiches, et on sort les livres, les SpeedBooks, avec deux titres au cas où pour la victoire ou la défaite d’un candidat finaliste. Cette fois-ci, la campagne ne s’écrit plus, elle se dessine. Mathieu Sapin avec l’aide du journal Libération, décide lors d’un pari, de se lancer dans les pas de François Hollande. Deux cent jours où il note, croque, enregistre pour ne pas se tromper, tout ce qui se passe dans cette folie sur-médiatisé désormais une fois tout les cinq ans : la présidentielle.

Deux cents jours pour tout capter, enregistrer au mieux, prendre éventuellement quelques photos (plutôt ratées), entre deux réunions, des moments « off », Mathieu Sapin observe tout, fait mine de promettre de ne pas placer trop de noms, trop de « off » non officiel … de ne pas trop tendre l’oreille. Il est le second homme normal après le candidat socialiste François Hollande. Pour s’introduire, la première interrogation se pose sur la connaissance en bande dessinée, et Mathieu Sapin a tout de suite cette idée que la seule connue, la plus récente « Quai d’Orsay ».Mais il peut se tromper.

Mathieu Sapin est timide, il a ses peurs, une angoisse l’envahit à chaque idée lancée, chaque parole prise... il imagine le pire, comme si la bombe nucléaire allait lui tomber sur la tête ! Mort de trouille aussi face à Manuel Valls qui n’hésite pas à le vanner, l’effraie avec un « on vous surveille ! ».Dans les réunions stratégiques, il accentue sa peur de Valls, le dessine les yeux grand ouvert, le sourcil froncé et plus épais, l’obsession et la peur, il veut renverser le « tsunami » ! Atteint d’une grande timidité pour François Hollande, qu’il ose à peine approcher.

Avec ses photos ratées, Sapin se place au fond du bus, arrive un poil trop tard pour des confidences Off, ou l’instant le plus propice pour écouter la petite perle politique. La discrétion du dessinateur est efficace, car ce qui n’est pas censé être dévoilé est tout de même montré, il n’hésite pas à mettre en planche ses relations avec les journalistes, pourquoi ils font attention de ne pas tout noter au péril de leurs jobs, et de ne plus pouvoir suivre le candidat socialiste.

Mathieu Sapin décrit les dessous de l’organigramme du « changement », schéma classique des protagonistes connus, et la carte de France avec tout les tracés des différents trajets sur ces 200 jours. Rencontre aussi avec ceux qui font la campagne à l’arrière plan : Ariane Vincent se charge des tweets de François Hollande. Elle le connaît par cœur, elle sait la terminer ses phrases avant lui. Au local de campagne, diffusion d’une émission politique :le silence est d’or ! Ça tape du clavier du téléphone à l’ordinateur, chaque phrase est soigneusement mise en avant, réactions et commentaires et réponses les plus folles se battent sur les réseaux sociaux. Débat du 1er tour, passage à l’émission de France 2 : « Des paroles et des Actes », le dessinateur d’humour croque l’ambiance de la loge de Hollande, dans une tenue et une position plus que confortable, comme si il était chez lui ! A moins de 5 minutes du passage à l’antenne.

L’entre deux-tours est croqué plus rapide, c’est la fin, on remballe presque tout, les mobiles. C’est l’occasion pour Mathieu Sapin de visiter le local de campagne de l’UMP : scène flagrante où les gens pensent pouvoir déposer leurs doléances, rencontrer au moins le candidat ou un des représentants... mais non. Rien. Ils repartent toutefois avec une boîte de biscuit « Nicolas & Carla » ! Le seul petit hic du résultat du second tour, c’est la télévision à Tulle. Elle semble ne pas vouloir donner l’image et le résultat est à deux doigts d’être raté par Hollande !

En dehors cet aspect très Off de la campagne, parfois même classique, des anecdotes lus , entendus par tout les médias, Sapin plonge parfois, mais pas assez, dans de l’inédit, avec ses strips intitulés : « Café du commerce », où comment les gens vont apporter leurs votes, ce qu’ils pensent d’un candidat de droite ou de gauche, lors qu’il s’introduit dans les manifs de l’UMP, ou du PS, du Front de Gauche, ou encore son interview manqué dans les toilettes. C’est là que se place le meilleur de ces 200 jours dessinés. Le rendu de ces scènes du quotidien de campagne électorale. Sapin est discret, et s’en donne l’occasion de l’être encore plus à travers les pages : il se dessine plus petit que tout les protagonistes du livre, affûté d’une casquette à carreau, un carnet à croquis, un crayon, et un téléphone dont il en a à peine la maîtrise.
Le trait fin, la caricature simplifiée des politiciens, des journalistes « anonymes » dans les leurs, à part l’écrivain Dan Frank, un homme aux accès illimités à François Hollande.
Mathieu Sapin veut tellement mettre de détails, aussi bien dans les dialogues, les annotations, que les flèches, etc … tout devient patte de mouche, et parfois illisible. Seul son petit personnage est dans l’action : il bouge, il court, il transpire, il en perd sa casquette, tire la langue, encore plus que les autres. La campagne devient un parcours sportif où Mathieu Sapin se place en électron libre sur ces 200 jours, tout ce qu’on lui demande de ne pas dire, de garder caché, est dévoilé au fil des pages, des anecdotes sous formes de strips, basé sur un mot retenu par l’auteur lors de ses diverses incrustations au milieu de l’entourage du candidat Hollande et au-delà avec « le Café du Commerce », et lorsqu’il se rend dans les manifestations de l »opposition » : des militants du Front de Gauche à ceux de l’UMP.
Mathieu Sapin s’est retrouvé épuisé de cette campagne heureuse, mouvementé, où le mot « voyage » signifie « déplacement », où la source est dessinée mais pas citée, le mot « fayot » devient utile pour une dédicace sur le livre de Hollande, d’ailleurs la couverture peut témoigner de ses trop petits pas, dans un trop petit dessin, face à un immense désormais Président de la République.

Attention. Même si Manuel Valls semble le confirmer par la génétique en rapport avec une certaine calvitie : Mathieu Sapin n’a aucun lien de parenté, ni proche, ni éloigné, avec l’actuel ministre du travail et de l’emploi : Michel Sapin. Mais le ministre de l’intérieur va pouvoir tracer l’arbre généalogique … recherche des fiches secrètes, adn à son insu .. etc. Il doit bien y avoir un rapport, en tout cas, pas avec celui d’une chanson enfantine ( Mon beau sapin, roi des forêts)

CAMPAGNE PRESIDENTIELLE : 200 jours dans les pas du candidat François Hollande... / Mathieu Sapin (dessin) / Dargaud