Shimon Palombo à la Galerie Martine Moisan

Shimon Palombo à la Galerie Martine Moisan

Son prénom et son nom sont déjà une invitation à un voyage hors des sentiers battus, un hymne aux sangs mêlés, aux métissages humains et artistiques les plus audacieux et originaux. Shimon Palombo peintre et sculpteur né en 1959 dans le plus ancien quartier du port d’Haïfa en Israël porte dans chacune de ses œuvres, une mémoire, une histoire et surtout un regard unique et positif sur le monde. A la fois nostalgique et ludique, faisant de la reconstruction, de l’amas de bois peints des tableaux hors cadre, hors norme qui donnent du sens, de l’Art qui raconte, qui conte, qui joue, qui interroge et touche celui qui accepte cet itinéraire non linéaire au sein de ses puzzles, de ses décompositions cohérentes, belles et forcément toutes issues d’une réflexion très référentielle et personnelle.

Il y a d’abord cette charmante petite galerie Galerie très intimiste rue vivienne qui a parfaitement su accueillir cette exposition de peintre et de plasticien.

On se croirait dans la salle à manger contiguë à la cuisine d’un vieux château de province. Certaines œuvres sont exposée dans un sur-cadrage parfait dans des armoires ouvertes peintes d’un noir clair de toute beauté qui mettent magnifiquement les tableaux en scène, en situation et en lumière.

Ces sculptures sont des amoncellements, des assemblages, des collages, des imbrications de bois de diverses tailles, et sur ces formes toutes différentes aux allures élégantes et iconoclastes, le peintre représente des portraits de femmes ou des lieux ruraux, du matériel agricole ou des vaches aux regards inoubliables.

Shimon Palombo s’amuse avec les formes et les sujets. Ce qui compte c’est la cohérence finale de chaque tableau, ce qui compte c’est que chaque œuvre ait une grande Histoire et une petite histoire.
On sent une grande imagination créatrice, une envie de se donner des challenges, on sent un combat à chaque fois réussi entre la matière et le sujet. A chaque fois la greffe prend, rien n’est hasardeux, tout existe et nous impressionne par sa Vérité. On est dans une renaissance magique. On sent bien que ces objets ont eu une autre vie mais c’est là, mis en scène par l’oeil de Palombo qu’ils trouvent tout leur sens.

Shimon Palombo est dans la reconstruction positive, dans la ré-optimisation. Le message est clair ; des débris, des poutres, du bois, de la ferraille peuvent naître du Beau. Un nouveau monde est possible venu des gravas, des ruines. On est dans un grand optimiste historique malgré le malheur et la douleur de la destruction.

Shimon Palombo sort l’habituel travail sur bois peint de son côté kitsch et désuet pour en faire des œuvres esthétiques, nobles, intemporelles et fascinantes par leur puissance évocatrice. Chaque tableau nous parle, nous narre un endroit, un souvenir, un instant capté.

Shimon Palombo témoigne d’un monde mais dépasse son sujet, il n’est pas le peintre fidèle d’un décor, il n’est pas le copiste d’une réalité, il est l’épicentre d’une mémoire plurielle. Ses tableaux sont un carrefour de forces, comme lui et son histoire personnelle, le survivant d’un passé génétique fait de mille et unes influences, idées, naissances, résurgences. Il y a une formidable authenticité chez cet Artiste.

On est dans l’expérience plastique et picturale d’un voyage intérieur d’une grande profondeur, gouvernée par le souvenir, l’exil et le passé immémorial. Mais le plus de Shimon Palombo c’est le regard distancier, l’humour, la tolérance, la croyance permanente à un champ infini de possibles.

Cette Recherche identitaire qu’il partage avec nous avec beaucoup de pudeur et de codifications est un formidable moment d’Art. Une grande Humanité, très terrienne, se dégage de ce travail. Palombo est le nom de code pour une traversée du temps de très haute tenue.

La cosmogonie de Palombo a un charme fou, son monde est touchant et vrai, une grande liberté se dégage de toutes ses créations.

Cette exposition a une belle âme, elle donne matière à penser, elle est interactive et nous ramène, nous confronte à notre propre histoire.

A voir absolument.

Galerie Martine Moisan
8 Galerie Vivienne, Paris 2 ème
(entrée 5 rue de la Banque)
Martine Moisan est diplômée des Arts décoratifs et licenciée en Art plastique. Elle installe sa Galerie en 1990. Elle y expose des artistes peintres comme Christian Benoist, Marie-Caroline Tresca, Claire Monnet, Cacham, Jean Noviel et des sculpteurs comme Hélène Jousse et Françoise Mayeras...