Les plaisanciers, vaches à lait de Port-Médoc !

Les plaisanciers, vaches à lait de Port-Médoc !

Ca gueule, ça regimbe sur les pontons de Port-Médoc et les sites de discussions sur la toile, depuis l’augmentation de 15 à 33 % des tarifs pour garer sa monture à voile ou à moteur suivant sa longueur. Port-Médoc en déficit constant depuis son ouverture en 2004 va finir par couler de la sorte et faire fuir ses rares plaisanciers encore présents. Cette gestion périlleuse et irrespectueuse ainsi que cette fortune de mer de ses usagers posent vraiment question !

Le Verdon a déjà vu passer pas mal de caravanes et de mirages, depuis la pire saloperie du Port méthanier combattue victorieusement depuis les deux rives de la Gironde par la vaillante association « Une pointe pour tous » jusqu’à l’érection de Port-Médoc en 2004, qui devait permettre à la presqu’île de prendre l’air.
Port-Médoc pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore, c’est un port du far-ouest ! On entend chanter les drisses et à terre c’est le désert. Il faut au moins deux plombes depuis Bordeaux pour le rallier ou autre issue passer le bac d’abord depuis Royan pour l’atteindre enfin. Il y a bien ici ou là quelques animations sporadiques pour attirer les touristes… Mais surtout la grande fierté de Port-Médoc et sa ruine aux frais des plaisanciers, c’est de subventionner le trimaran (je me marre puissance trois !) de son célèbre skipper régional qui courre la publicité d’une célèbre marque dans ses voiles. Ça coûte bonbon cette affaire-là ! Et franchement, toutes les technologies embarquées et la frime à l’état pur à casser du matos hors de prix, à vouloir se mesurer et compétiter, c’est d’une absurdité ! Bernard Moitessier et Henri de Monfreid ces deux sacrés navigateurs et sacrées plumes doivent se retourner dans leur tombe ! Ça n’a plus rien à voir avec la voile conviviale, vous en conviendrez.

Il n’y a encore pas très longtemps dans le Médoc, des naufrageurs depuis la côte dressaient des feux afin que les bateaux chargés de marchandises s’échouent entre leurs mains. Port -Médoc est le nouveau naufrageur du Médoc  !

Les plaisanciers, le premier avril 2012 (blague à part), ont appris sans avoir été concertés ni même informés de l’augmentation de 15 à plus de 33 % des tarifs montés en puissance pour avoir accès au ponton de leur bateau.
Quand on sait que ce port contient 800 anneaux dont pour ainsi dire 300 non occupés, vous pouvez imaginer ce vaste terrain de jeux qui s’ouvrait à mon horizon de Singette, après avoir écumé tous les pins de la forêt du Médoc où je réside à l’année. Sauf que jouer avec les ficelles dans les mâts et me prendre pour Tarzane la banane, je ne suis toujours pas bien vue à Port-Médoc.

Troubles et crises de rires à part, il n’empêche que le port est au bord du naufrage économique. La Communauté de commune de la Pointe du Médoc l’a construit en partenariat avec Guintoli Marine, société de la Holding NGE spécialisée dans le terrassement et les autoroutes !
Un audit sur la période de 2005 / 2009 a été réalisé qui mettait déjà en valeur la gestion catastrophique du port. En effet, les concepteurs de ce projet avaient misé sur un port style Méditerranée pour mamies et papis friqué(e)s qui viendraient polluer au moteur l’estuaire sur des bateaux de snob, en vantant le système d’amodiation qui consiste à une concession temporaire accordée qui permet à un plaisancier de jouir de l’usage d’un anneau de port. En d’autres termes et pour les profanes, il s’agissait d’acheter un anneau de port sur une certaine durée pour garer son paquebot et y ajouter en sus les charges chaque année. Un sacré pactole à débourser en fonction de la dimension de son rafiot ! Résultat des courses dans les haubans, en 2009 sur les 800 places proposées à peine 398 étaient occupées. Alors que sur la côte Atlantique les places de port sont chères, au sens où elles manquent cruellement et qu’il faut souvent s’inscrire sur une liste d’attente et patienter plusieurs années avant de se voir accorder un anneau. Vive la mariée ! Autre point noir, laisse béton, et occupe-toi d’évacuer la vase et drague, drague afin que les bateaux puissent naviguer à l’aise sans racler les fonds.

L’audit préconisait aussi que Port-Médoc vire sa cuti afin de passer « à des contrats de locations annuelles renouvelables par tacite reconduction », comme il en fleurit dans tous les ports de la côte Atlantique. D’autant plus que Port-Médoc peut se targuer d’être le seul port de France à offrir encore des places libres.
Pour reprendre la barre dans un acte de constriction empathique envers ses plaisanciers, Port-Médoc n’impose plus désormais la dîme de bienvenue aux nouveaux depuis cette année, ou si vous préférez le droit d’entrée.
La wifi et les ondes de communication vibreront dans le port et O comble du film d’horreur issu des pires délires du big brother is watching you sécuritaire, un système de vidéosurveillance doit être mis en place ! Sans que l’avis, je le répète des usagers ait été pris en compte de banquer pour cette dernière inutilité, gadget à la mode liberticide et hors de prix ! Alors que Port-Médoc est un port très calme puisque déserté, la belle affaire ! En sus, Port-Médoc révise son schéma directeur et vogue désormais le vent en poupe vers des contrats de location pouvant aller jusqu’à une durée de trois ans renouvelables pour tacite reconduction. Enfin pour combler la boucle et résoudre toutes les difficultés comme par miracle, un nouveau maître de port a été nommé. Il s’agit d’un jeune cadre de NGE, autrement dit le changement dans la continuité est à prévoir. A suivre, sauf vents contraires !

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Ces mesures ne justifient en rien l’augmentation mirifique demandée aux plaisanciers ! Port-Médoc pour se renflouer vise à plumer ses usagers. D’autant qu’il sait que tous les ports alentour de Pauillac, Meshers, Mortagne, Royan et la Palmyre sont surchargés avec des listes d’attente qui se situent dans le même secteur de navigation que lui sur les deux rives de l’estuaire de la Gironde. Il joue aussi du fait de la fermeture momentanée du Port Autonome de Bordeaux pour travaux. Il peut désormais se targuer d’être le port le plus cher de la façade Atlantique ! Nous avons à faire (affaire) à des financiers pures souches qui ne visent qu’à faire rentrer du fric à court terme et le plus rapidement possible au détriment bien évidemment du facteur humain fraternel et solidaire du milieu de la voile.

A lire les remarques sur le sujet dans le forum de l’excellent site Hisse-et-ho : http://www.hisse-et-oh.com/forums/la-taverne/messages/1117289-port-medoc
Certains colistiers qui se sentent pris en otage se bougent les écoutes. Ils ont contacté l’UNAM (Union nationale des associations de navigateurs), la député PS Pascale Got… Ils envisagent même des actions sur l’eau et sur terre…
D’autres écœurés mettent à regret les voiles de Port-Médoc. Le témoignage de Leshespérides est bouleversant de vérité. Ce jeune actif à peine sorti des études va voir son rêve de voile tomber à l’eau.
« J’ai pris ma décision et mon petit Sangria (7, 69 m) passe ses derniers jours à Port-Médoc n’ayant pas de place à flot dans le ports voisins et le port à sec de Port-Médoc étant dans les mêmes grilles tarifaires que Port-Médoc. J’ai trouvé une place à sec dans le port de Mortagne sur Gironde pour environ 700 euros par an avec deux sorties. Moi qui aime naviguer, je vais devoir attendre de trouver une place à flot dans un autre port afin de n’être plus « dépendant » d’un grutage. Bref, un bateau sur bers c’est toujours moins poétique, mais mes moyens ne me permettent plus ce luxe de le voir flotter à Port-Médoc. Je m’en vais avec regret, car si on exclut le tarif, Port-Médoc reste un port très pratique et fonctionnel, dommage, ils viennent de perdre un client  ». (In Hisse et Ho)

D’autres alternatives existent au foutage de gueule des usagers de Port-Médoc qu’on veut plumer au nom d’actionnaires avides vampires des paradis fiscaux. Je pense à une autre échelle au port de Saint-Denis d’Oléron d’un accès mal aisé (et tant mieux pour la sauvegarde de ses îliens pardi !) qui propose lui un tarif attractif et respectueux de ses plaisanciers.

Si Port-Médoc commençait par enfin entendre les revendications légitimes de ses usagers, avant que le vent de la colère ne lui souffle dans les bronches, ce serait un acte de salubrité publique pour la sauvegarde de Port-Médoc, à la pointe pourtant géographique d’un site de navigation par marées et courants vivaces et franchement jouasses.

Bon vent malgré tout à Port-Médoc et à ses plaisanciers !

Autres sources in Sud Ouest :
http://www.sudouest.fr/2011/04/06/le-modele-economique-de-port-medoc-en-cause-363807-739.php

http://www.sudouest.fr/2012/05/05/port-medoc-cherche-a-redresser-la-barreun-nouveau-maitre-de-port-706174-739.php