Le Coq de la Maison Blanche

Le Coq de la Maison Blanche

Situé à proximité de la patinoire et à quelques pas de la station de métro « Mairie de Saint-Ouen », sur la ligne n°13, l’établissement d’Alain François semble être une valeur sûre de la gastronomie française.

C’est avec un fin gourmet et un amateur de bons vins que j’avais rendez-vous, en ce mercredi 25 avril 2012, pour cette étape gourmande.

A mon arrivée, un voiturier en livrée m’ouvre la porte de l’établissement et je suis pris en charge jusqu’à la table où m’attend Jacques Benamor qui se sèche un peu, en dégustant un martini rouge et en parcourant le journal, après avoir traversé Paris à bicyclette, du sud au nord, sous une pluie battante.

L’intérieur du restaurant est coquet, les nappes et les serviettes sont en tissus épais et blanc, les banquettes et les fauteuils sont confortables et l’atmosphère délicieusement feutrée.

Nous nous arrêtons sur le menu du jour à 31 euros, sans les boissons, avant de choisir les « couteaux cuits à la provençale » qui sont une pure merveille. Ces délicieux et fins coquillages, en forme de manches de couteaux nacrés, me replongent avec bonheur et délectation vers mes souvenirs des rivages morbihannais de mon enfance et mes parties de pêche à pied, à marée basse, avec Pépé Jules et Mémé Yvonne qui portaient deux lourds paniers d’osier et le sel de mer nous servant à attraper ces mollusques qui remontaient vers nous, en crachant un petit jet d’eau, et que nous saisissions rapidement à pleine main, au risque de les voir disparaître à jamais dans les profondeurs des sables mouillés. Mais laissons ici notre mémoire d’autrefois pour revenir à ces merveilleux couteaux cuits, ce jour, dans un joli beurre d’ail et aussi frais que succulents, car pas trop cuits.

Tandis que l’ami Jacques choisissait une sublime « tête de veau en vinaigrette ou sauce gribiche », avec l’œil aussi gourmand que celui du Président Chirac, j’optais pour un magnifique « cuissot de cochon de lait rôti », avec un accompagnement de flageolets verts. Une légère croûte, caramélisée par une savante cuisson en rôtissoire, avec arrosage régulier au jus, laissait découvrir une viande fondante autant que goûteuse. Seuls les flageolets n’étaient pas à ma convenance car pas assez cuits à mon goût ou pas assez trempés, mais c’est souvent le problème lorsqu’on emploie des légumes frais. Peu importe car nos mets ont été partagés, lorsque nous sommes arrivés l’un et l’autre à la moitié de nos assiettes, et j’ai pu me délecter de la belle tête de veau de Jacques (celle présente dans son assiette, s’entend) et de cette onctueuse sauce gribiche faite maison que je préfère grandement à la vinaigrette également présentée autour de ce plat.

Enfin un dessert sublime nous rapproche alors et c’est avec envie que nous dégustons un généreux mille-feuilles maison, dont la crème pâtissière est subtilement imprégnée de cointreau.

Notre repas était accompagné d’un bon petit pain de campagne et de baguette à l’ancienne croustillante.

Quant au vin, notre choix s’est porté sur un Chiroubles 2008 du domaine Emile Cheysson, dans le cru du Beaujolais, spécialement élaboré pour Le Coq de la Maison Blanche et approuvé par le sommelier. Ce noble produit, fruit de la terre et du travail des Hommes, se devait d’être enveloppé d’une délicatesse et d’une attention toute particulière. Une robe rubis, un nez exceptionnel, des notes de cerises confites et une belle longueur en bouche caractérisent ce cru et si nous avons été déçus, ce n’est qu’à cause de la serveuse qui semblait autant inspirée par le service du vin qu’un clown pourrait l’être devant un enterrement, jusqu’à aller nous salir notre belle nappe de plusieurs tâches violacées, puis de nous poser la bouteille sur la table comme on pourrait le faire avec un vulgaire litron en plastique de vin des rochers. Notre Chiroubles, à 26 euros la bouteille, méritait au moins un panier à vin… Quelle honte !

Il est navrant de constater que les jeunes serveuses et serveurs d’aujourd’hui respectent à peine leurs clients et ne sont plus passionnés par leur métier, alors je leur conseille volontiers de changer de profession plutôt que de nous gâcher ce joli moment de convivialité par leur maladresse et leurs soupirs, pressés d’avoir déjà terminé leur service et exaspérés de nous voir traîner à table, parce que nous apprécions chaque instant, vu que nous ne sommes pas au fast food d’en face.

Dommage pour cette petite fausse note car Le Coq de la Maison Blanche vaut bien qu’on s’y arrête quelques heures, vu que c’est une très belle table parisienne et une excellente adresse.

Le Site du Coq http://www.lecoqdelamaisonblanche.com/