CINÉRAMA : Berberian refait le film

CINÉRAMA : Berberian refait le film

Cinéma et bande dessinée sont liés, et pour le raconter, nous allons pénétrer voyagé à travers le grand et le petit écran, du long métrage à la série télévisée, depuis l’Irak, les salles obscures ont émerveillé voir énervé, et retenu l’attention et le souvenir marqué du jeune Charles Berberian. De la comédie romantique égyptienne à la super production japonaise et américaine, quand on voit un de ces films, même aussi mauvais soit-il, avec le recul, il devient culte.

L’auteur pose la question suivante : Petit, comment fait on pour reconnaître un mauvais film d’un bon film ?

Enfant, Charles Berberian va au cinéma, au plus souvent avec sa nourrice . Des films, il en voit les plus mauvais, les plus ridicules de la production locale d’Égypte à la Turquie. Dans une ballade à travers la pellicule, il remonte aux bons souvenirs et nous fait profiter de sa propre production mondiale, films et séries télés, rattaché à un mot : « nanar ».

Bagdad, Irak, en 1960, Le petit Charles préfère les films d’ aventure, de la science fiction aux Péplums américain et italien de Maciste à Hercule, des gladiateurs se mettent sur la gueule dès la première minute du film. Mais Charles va voir une autre forme d’idole du grand écran : un chanteur-crooner local du Caire : Farid El Atrache. Il est loin d’avoir la profession de gladiateur, loin de posséder la carrure de Steeve Reeves (il a incarné Hercule de 1958 à 1959), l’épée tranchante et lourde a été remplacée par un Oud, Dans une bagarre, c’est du regard que Farid El Atrache arrive à vaincre son ennemi, le cœur de sa fiancée brisée, il la retrouvera à travers une opérette à succès. C’est ça la vie d’un employé de bureau de poste ! Un film avec le crooner du Caire, ce n’est pas le film italien de « Maciste contre le dragon des enfers ».

La production cinématographique turque a ses blockbusters, avec DÛNYAYI KURTARAN ADAM (l’homme qui sauve le Monde), une vision très revisitée de l’histoire... : deux astronautes se crashent dans un désert rocheux. Ils se font attaquer par des Arméniens, alors qu’ils ne leurs ont rien fait ! Juste qu’ils doivent être turcs ! C’est pour ça ! Entre rochers en cartons, un étrange robot, entraînement au karaté, des gants en amiante, l’homme et la femme aux cheveux et yeux clairs gagnent toujours !
Les productions de Turquie à Istanbul : le Kebabollywood, des années 70 regorgent d’autre exemples d’adaptations de « nanars » des succès américains ; d’un superman local au fameux BETMEN,sans Robin, mais une belle fille à moitié nue,

Mai 1981. Berberian trouve le film qui résume l’épopée d’un septennat, sur tout les plans : social, économique, culture, immigration vers le rêve américain : Paroles et Musiques avec Lambert , Anconina et Deneuve. Même E.T de Spielberg et le Titanic de Cameron sont symboles d’une économie américaine qui va très mal et ne se redressera jamais. Je me porte en désaccord sur E.T ( qui est loin d’être une caricature de Reagan) , Spielberg fait un film pour faire rêver les petits enfants et lui même. Une rencontre juste impromptue et inouïe entre une jeune garçon et une forme de vie venue d’ailleurs qui veut téléphoner maiiizoooon ! Bien au contraire, montre une avancée technologique, proche de « tweet », où avec moins de 140 signes, E.T envoie un message à ses semblables dans l’espace, via le satellite, une technologie sur terre, utilisée déjà depuis les années soixante : internet ! Le « tchat ». Plus apparent et dangereux dans « War Game » qui montre les défaillances du système de sécurité américain, ou plus récent avec « Die Hard 4 ».

Proche de adolescence, au cinéma, c’est aussi les premiers émois sexuel, une jolie actrice, dénudée à l’écran... Le cinéma « spaghetti »offre cette possibilité de voir des femmes à moitié nue, en nuisette transparente, pulpeuses. C’est L’actrice algérienne d’origine Maltaise-sicilienne Edwige Fenech, donne cet émoi sexuel au post adolescent Charles Berberian en pleine séance. Le film d’action n’a plus d’importance face à la beauté plastique de cette femme à l’écran. Le dessinateur alors enfant, s’introduit presque dans le film, en rougis, d’être en présence de son idole féminin.
L’affaire de l’Iris Sanglant : Edwige est une top modèle très demandée, et toujours à moitié nue, voir nue pour des séances photos, harcelé et attaqué un par un psychopathe masqué joué par un vieil acteur dont on ne savait plus trop ce qu’il devenait depuis des années.
Les italiens ont apporté malgré quelques ses cow-boys bourrus de Sergio Leone, de fabuleux émois à travers ses actrices dénudées.

Berberian s’intéresse aussi aux séries TV... avec addiction , et plus encore sa mère, attachée à DALLAS, au point que l’auteur s’invite dans le ranch SouthFork des Ewing, pour la chercher et la décoller de cette famille impitoyable, complexe, entre la belle fille Sue Ellen en pleur devant son whisky, et le procureur obsédé par sa vengeance sur J.R Ewing .

L’horreur, le film de série B à Z, mais je ne suis pas d’accord pour le Z, qui mêle l’horreur, avec plus de sang, mais aussi le sexe, avec une actrice du porno, ou la plastique refaite, dans le 1er rôle féminin, ou voir des films à très petit budget, comme le récent culte aux USA en 2003 : The Janitor de TJ Nordaker et Andy Signore : quand un homme de maintenance disjoncte, tue et torture avec ses instruments, avec le maquillage mal fichu, les défauts de costumes, de maquillages, surtout à travers le film qui donne des cauchemars à Berberian : La Fiancée de Frankenstein. L’épouse du célèbre monstre de la littérature et du cinéma (incarné par Boris Karloff, l’un des meilleurs à ce jour) en coulisse n’a rien vraiment de féminin … si ce n’est la marque de rouge à lèvre vite faite. Enlevez le tout, c’est un homme ! La fille de Frankenstein est un travesti qui terrorise la ville ! Avec les années, il ne peut plus être aussi effrayant.

Le meilleur pour le final, car tout jeune, Charles Berberian lit les comics américains, et certains sont adaptés entre le cinéma et le télévision , de Superman à Bat-man, repris parfois par la production turque et indienne.
Il en retient toutefois une série japonaise : Ultraman ! Quand un pilote chevronné de l’armée nippone se crashe suite à une collision avec un vaisseau extra-terrestre. Ce dernier lui laisse une capsule avec une formule à retenir : il se transforme en ce justicier du futur pour combattre les terribles monstres géants qui tentent de détruire Tokyo ! Et si vous aviez enfin cette fameuse capsule en main ?! Taïaut les vilains !

Cinérama vous fait profiter ainsi de cette ballade à travers le 7eme art et la télévision, comme dans son précédent album « Jukebox », Berberian s’incruste dans les films, se dessine hors case pour placer son commentaire, ses impressions sur la séquence d’un film. Il se croise avec lui-même dans les années 80, et se retrouve au milieu d’une célèbre famille mafieuse télévisée. Une forme de cinémathèque personnelle , où les films qu’il a toujours détesté dans son enfance deviennent avec le recul des incontournables, la mémoire personnelle du cinéma , que le lecteur prend comme un partage, la fameuse fiche technique du magazine Première ou Studio Ciné Live... le tout dessiné avec finesse, comme sur un carnet à croquis, à peine appliqué, les « caricatures » de Lambert et Anconina laissent à désirer, si ce n’est sur des illustrations plus poussées et fournies pour aborder les différents chapitres : l’affiche de Betmen, les monstres, ou encore le beau final avec Godizlla et autres créatures ayant subit des impacts nucléaire du côté de Tokyo, ou autre expériences scientifiques comme dans les films de l’Asylum Production : Mega Piranha, Mega Shark, Mega Shark vs Giant Octopus, Mega shark vs Crocosaurus etc...que je vous recommande sans hésiter. (sauf le AlMighty Thor.. un dieu du tonner qui manie le marteau se retrouve avec un M16 et tire en rafale sur son frère ennemie juré Loki en plein New York ou Bronx.. )

A vous de retrouver la cinémathèque de Berberian, de vous organiser quelques séances, de plonger dans l’univers d’un crooner du Caire en slip kangourou au super-héros du japon avec un tube à formule. Les cinéphiles pourront y trouver un bel intérêt à compléter leurs connaissances sur le cinéma Turque, se remémorer les émois par la présence de dénudée de Edwige Fenech, et s’incruster en toute innocence dans ce monde. Cinérama est un voyage et une curiosité du cinéma à travers la bande dessinée, et on sait que les deux sont parfois très proche, par l’adaptation du 9eme art pour le 7eme art. À vous de faire votre propre ballade dans le cinéma. Bon ou mauvais film, le temps, les événements politiques, sociaux, culturels le diront pour vous.

CINÉRAMA / Charles Berberian (dessin et scénario ) / Fluide Glacial