Dagmar », le roman d’une jeune femme vampire insoumise et sensuelle !

Dagmar », le roman d'une jeune femme vampire insoumise et sensuelle !

Franchement, Franck dit Bart est indécent. Il a osé me lâcher quelques bribes à propos de son roman « Dagmar ».On y apprend quelques mœurs vampiriques que la morale réprouve. La liberté de ton et les agissements sexuels et mentaux de son héroïne sont totalement scandaleux. Mais que fait notre sainte mère l’église ? Le trop de liberté de Dagmar, c’est un scandale permanent. Mais que fait la police pour interdire de telles publications. A d’autres époques assez récentes on brûlait les livres pour moins que ça. Brûlez « Dagmar » et qu’un feu de joie vous réjouisse un ordre nouveau et fort. Amen !

Le Mague : Tu portes de préférence des strings ou des slips ?

Franck dit Bart : Arrête tes questions à la con ou je me casse…..

Le Mague : Attends, attends, c’était juste une mise en bouche pour de rire. T’en mets du temps mon potos à te faire éditer, ton précédent roman « Carl et les vies parallèles » datait déjà de 2006 !

Franck dit Bart : Je ne te le fais pas dire. Demande donc l’avis aux éditeurs. Durant ce laps de temps très long, mes tapuscrits ont circulé, se sont perdus en route ou en déroute jusqu’au 25 aout 2011, date de mon anniversaire où les éditions Kirographaires m’ont donné le feu vert. Tu parles d’un cadeau !

Le Mague : Il m’est difficile de ranger dans une seule catégorie littéraire ton roman. A-t-il trait aux vampires, au roman noir ou historique, voir même à certains côtés de l’histoire de l’art ? C’était voulu au départ ?

Franck dit Bart : J’accepte toutes ces catégories. En fait, pour ma chère insoumise héroïne adorée, elles lui vont comme une seconde peau de sa combinaison en cuir quand elle se déploie motarde. Comme les expressionnistes allemands, je me réclame de l’éclatement des genres qui fusionnaient à cette époque charnière, à travers les arts avec la littérature, la poésie, le théâtre, la danse et les revues qui les diffusaient. Je déteste être enfermé et laisse toujours des portes ouvertes à tous les vents. Suivant le souffle du récit où se situe mon héroïne, elle s’embrase tous les sens.

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Le Mague : Si l’on en reste au registre vampirique, ta Dagmar n’arrête pas de déclamer à longueur de page, que Bram Stocker est un imposteur. Qu’est-ce que tu lui veux à l’Irlandais frondeur ?

Franck dit Bart : Oui c’est vrai, c’est un clin d’œil à l’auteur de Dracula, le plus connu et le plus disserté. J’ai voulu de mon côté moderniser le mythe du vampire en le féminisant. Dans le contexte judéo-chrétien qui nous brame l’existence au quotidien, nos sociétés arriérées fonctionnent uniquement sur un mode dual : le bien et le mal, totalement réducteur de la réalité. J’ai voulu dépeindre une vampire sensuelle, épanouie, humaniste qui se vit le plus libre possible et se projette dans un autre futur fraternel et anti-autoritaire. D’autant qu’elle n’éprouve aucun sentiment de supériorité du à son mode d’existence qui rejette toutes les formes de travail salarial qu’elle considère comme une forme d’esclavage.

Le Mague : Humaniste, tu l’as dit bouffi ! Mais jusqu’à quel point ?

Franck dit Bart : Elle est prête à partager ses pouvoirs pour aider l’humanité à vaincre certains fléaux tels que le sida. Mais nada, l’image qu’elle véhicule la renvoie toujours à sa condition de prédatrice qui doit tuer pour se nourrir et dont attenter à la société. Sa plus grande frustration : ne plus pouvoir se dorer la pelure entièrement nue sous les rayons du Phébus. Comme quoi, même en tant qu’immortelle, elle peut se poser des questions existentielles vitales pour elle.

Le Mague : Surtout qu’elle a une manière très particulière de se sustenter du sang de ses victimes mâles. Je ne voudrais pas décalotter le sujet, mais tu as fait très fort du gland ! Les petites natures masculines vont en avoir pour leurs frais, pas vrai ?

Franck dit Bart : Je compatis en effet à propos de son style très particulier ! (rires). Tu oublies de dire qu’elle récite d’abord quelques vers de ce très cher Apollinaire. Sait-on jamais, si l’une de ses victimes avait eu la présence d’esprit de piger le sens de la poésie, peut-être qu’elle l’aurait épargnée au risque d’y perdre sa propre vigueur !

Le Mague : C’est une vampire émancipée et féministe, ta Bluty. Comment tu la considères ?

Franck dit Bart : Sa première expérience sexuelle imposée fut un désastre, elle en a beaucoup souffert. C’est au contact et en tant que modèle d’Ernst Ludwig Kirchner, en posant nu pour lui sur l’île de Fehmarn qu’elle a commencé à se reconstruire son image et accepté son corps meurtri. Puis ensuite à Berlin dans un cabaret berlinois et en tant que correctrice de la presse anarchiste, elle s’est forgée une culture et un solide esprit critique, auprès de ces personnes toujours bienveillantes et ouvertes qui ne l’ont jamais jugée.

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Le Mague : Tu n’as pas répondu à ma question ! Est-elle féministe oui ou merde ?

Franck dit Bart : Je crois surtout, que ses expériences sexuelles et ses relations humaines, tant avec les hommes que les femmes, lui ont prouvé qu’une société est viable sans aucune domination de la part des hommes sur les femmes. L’inverse est valable bien évidemment, mais elle se projette aussi dans un monde pacifiste sans aucune arme tant morale que physique.

Le Mague : C’est étonnant ses rencontres originales tout de même. On retrouve à deux reprises, lors de ses deux périples de vie en tant que mortelle puis en tant que vampire, une relation fraternelle et amicale qu’elle entretient avec deux hommes qui se vêtent et se vivent en femme. Ils entrent en résonnance avec elle. Quelle importance et quelle influence vont avoir ces deux personnages sur elle ?

Franck dit Bart : Il faut d’abord préciser que encore mortelle juste après la grande boucherie de 14 / 18, elle travaille à Berlin au planning familial de l’Institut de sexologie créé par le docteur Magnus Hirschfeld. Elle y côtoie moult homosexuels et se bat auprès d’eux pour l’abrogation du paragraphe 175 qui les discrimine et les traduit en justice. C’est dans ce château qu’elle se lie d’amitié avec Lou Andréas, un travesti avec lequel elle deviendra vite très complice. Elle baigne dans ce lieu où règne une certaine harmonie. Magnus développe entre autre sa théorie du « troisième sexe » qui incluait déjà les transgenres, pour te donner une idée de la modernité du bonhomme ! Et c’est tout naturellement ensuite en tant qu’immortelle qu’elle se liera avec Josie, un autre travesti.

Le Mague : La palette des personnages qui gravitent autour de Dagmar est très riche. En revanche, devenue Bluty la vampire, il lui est beaucoup plus difficile d’échanger avec autrui.

Franck dit Bart : Tu m’étonnes ! Victime de la traque, elle doit se méfier de tout le monde et vivre en solitaire.

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Le Mague : Tu oublies qu’elle partage sa couche et sa planque avec une marionnette qui porte mon blaze ! Au fait, tu m’as demandé mon avis ?

Franck dit Bart : Je te rappelle qu’au départ de mes épopées littéraires, on avait passé un contrat, comme quoi, dans chacun de mes écrits tu devais apparaitre. Et pour Bluty, rien de tel que la présence frapadingue d’une Singette pour lui secouer les puces !

Le Mague : Donne-moi une banane.

Franck dit Bart : Si je m’abuse, tu as encore d’autres questions à me poser !

Le Mague : Salop ! Et la moto dans tout ça ?

Franck dit Bart : C’est le moyen le plus approprié pour se déplacer avec envergure à Paname et sa banlieue pour échapper à ses poursuivants.

Le Mague : Il y a des passages vraiment pittoresques dans ton roman. Il se dégage à plusieurs reprises ton humour entre les pages. Ta faconde à croquer tes contemporains, on en mange avec délice et on s’en régale. Je pense à la scène à « Cinéma vie », à la conférence Kirchner à Melun (trop drôle) et celle d’Ilostu, le célèbre chasseur de vampire devant les poulets constipés qui vibrent du képi. Déjà, dans ton précédent roman, tu brocardais à l’aise les naturistes. Où vas-tu puiser un tel regard ?

Franck dit Bart : Merci pour les compliments. Tu as forcé sur la dose avant l’overdose poupée. Je pense que j’ai beaucoup trop visionné l’œuvre de Jacques Tati ! Et puis, il y a tellement de romans qui sortent chiants à crever. Je veux donner le sourire à mes lectrices et mes lecteurs. J’avoue que j’éprouve beaucoup de plaisir à écrire ces scènes. Je ne vais pas me gêner !

Le Mague : Pourquoi as-tu choisi Dagmar, ce prénom pas du tout courant par chez nous pour ton héroïne ?

Franck dit Bart : Pour deux raisons. La première en clin d’œil à Dagmar Krause, chanteuse et interprète allemande au timbre riche autant que son parcours musical. La seconde raison, Dagmar signifierait en slave : « La gloire du jour » qui colle parfaitement pour la contradiction en demi-teinte de mon personnage (rires).

Le Mague : Un mot tout de même à propos de la couverture qui est très réussie et en jette presque plus que moi, c’est dingue !

Franck dit Bart : Au départ, je voulais un tableau de Kirchner, « Personnages entrant dans la mer » qui m’a beaucoup inspiré et que j’ai mis en scène dans un chapitre phare du roman. Trop cher pour l’éditeur. Alors j’ai demandé à Babi, jeune artiste médocaine prometteuse de représenter une scène de nu très colorée au bord de la mer qui serait coupée par une diagonale où entrerait en ligne de force un autre aspect plus sombre du personnage devenu vampire et évoluant en ville.

Le Mague : Pour en venir au Médoc justement où tu t’es installé maintenant depuis près de 6 ans, tu ne te trouves pas comme un rat mort, toi qui a vécu plusieurs décennies en banlieue parisienne ?

Franck dit Bart : Ce qui me manque le plus, ce sont les musées et les expos. Ici je dois rouler au minimum 75 bornes aller pour atteindre les fruits de la médiathèque de Blanquefort. En contre-point, indubitablement le cadre de vie magique, avec l’océan Atlantique, la forêt, l’estuaire de la Gironde, les vignes et tous les autres domaines des éléments naturels me clouent la chique. Je n’échangerai pour rien au monde ce mode de vie qui me façonne un plaisir unique. Et puis en plus, j’ai fait des rencontres extraordinaires avec des personnes formidables que je n’aurai jamais rencontrées à Paris, puisqu’elles se seraient tout comme moi évaporées dans la masse vorace.

Le Mague : A t’écouter, cette Pointe du Médoc t’inspire beaucoup puisque dans ton précédent roman et dans ton nouveau, elle y tient sa place de choix. Quels sont tes prochains projets ?

Franck dit Bart : Un roman tout d’abord, la suite de Dagmar dans le Médoc justement avec des illustrations en photos de mon héroïne en action. Je vais aussi reprendre et compléter mon recueil de nouvelles naturistes. J’ai proposé à un éditeur mon roman « Sarah Soledad, le crabe des apparats » qui se situe à Paname et à la Pointe du Médoc. Il tourne en dérision une certaine secte féministe qui brûle les ficelles des strings lors de ses cérémonies et ce roman décline certaines formes de la dictature des apparences.
J’envisage aussi une ou deux suites possibles à Dagmar dans le milieu dadaïste et lors des années de plomb en Allemagne dans le registre des actions du groupe Baader Meinhof. Et puis enfin je lance un appel, s’il existe une éditrice ou un éditeur qui serait intéressé(e) pour éditer une biographie d’Ernst Ludwig Kirchner que j’ai déjà débutée et qui traiterait de sa période « die Brücke » (le Pont) entre 1905 / 1913 et engloberait sa période berlinoise.

Le Mague : Bon ça y est, tu as craché tout ton venin. Tu vas me la donner cette banane. Hé attends, t’en va pas, lâche ce vélo…. Salop de Bartos ! Reviens… Tu vas me le payer crapule. Je vais te saquer dans le chapeau !

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Franck dit Bart et la Singette seront présents à la fête du livre de Soulac les 14 et 15 avril 2012
Egalement le 9 ou 16 juin 2012 à la Librairie de Corinne à Soulac

Dagmar de Franck dit Bart, éditions Kirographaires, 200 pages, mars 2012, 18, 45 euros