L’ÉVASION : Supporter la prison

L'ÉVASION : Supporter la prison

La prison, cet endroit où il est plus facile de s’évader, mais aussi d’y rentrer, particulièrement dans la bande dessinée. Un mauvais larcin, et direction la tôle, les trois murs, pas de séparation pour le WC , douche collective, circulation d’objets en tout genre...et parfois, un taulard sort du lot avec une idée en tête : dessiner. Comment supporter ses voisins de cellule, la cohabitation entre les barreaux, suivez Berthet One, il a un plan !

Nous sommes pas dans le pénitencier où Lucky Luke y dépose nombre de bandits. Non, de cette prison là, on ne s’y évade pas en creusant avec une cuillère ou un bâton de dynamite comme on pu le faire les Dalton , ou encore le célèbre Bobo ( de Deliège ) car on ne cherche pas à s’évader comme l’ont souvent réussit dans la bande dessinée. Berthet One, l’auteur, a commis un acte de délinquance, puis un autre, puis encore plus gros, et se voit condamner à dix ans à l’ombre. Et ces années, il faut savoir les entretenir, ne pas se prendre au piège de quelques clichés bien connu. Dix ans à surveiller ses fesses... Le muscle fessier est très important.

Ce quotidien carcéral ressort de ces coins d’ombres des personnages des plus grinçant des dents, avec des démangeaisons dans les mains, avec des fesses très musclées, Tout ce qu’il faut savoir pour survivre sans le confort d’une pioche, d’une pelle, d’un hélicoptère au dessus de la cours de promenade, ou une idée sur un bout de papier laissé par Mesrine ( plus de 4 évasions à son actif). Alors il faut tout observer, et intégrer quelques astuces pour rendre son séjour moins pénible.

La douche, lieu où il ne fait pas bon de tomber un savon. Il faut avoir le bon muscle à la bonne longueur parmi le reste, pour ne pas s’attirer plus d’ennui.
Autre partie du bas plus utile, les fessiers : le camouflage idéal pour le téléphone portable ; éviter le mode vibreur et une sonnerie trop forte.
La cantine. C’est vomi ou repas gastronomique en cas de richesse. Le sexe en prison, se résume entre un programme de télé crypté du samedi soir, ou votre codétenu au physique plus imposant. Attention toutefois à ne pas confondre la gardienne de prison à l’infirmière, la libido n’’est plus la même.
Les saisons en prison, on peut apprécier l’été si le ventilo marche, l’ hivers les murs ne chauffent pas, sauf votre codétenu si vous y tenez vraiment.
Avoir la bonne astuce pour ne pas dévoiler le méfait commis. Et surtout bien cacher son téléphone cellulaire.
Savoir vivre en détention, c’est avoir le bon contact avec le gardien, le mettre au courant parfois, juste pour des raisons pratiques en cellule, de dénoncer quelques possessions sous le traversin de ses camarades de cellule. Et les bons points pour la sortie, la perm’ exceptionnelle, préparer la sortie, c’est être en bon terme avec le J.A.P (Juge Application des Peines), pour retrouver les instincts du plein air.
Passage par la case prison, et en cas de sortie, surtout, n’y rentrez plus.

Berthet One s’est trouvé une occupation de derrière les barreaux, pour se faire oublier des autres détenus, éviter la douche ( bien que d’après l’histoire, il semblait bien armé pour ne pas y rencontrer le moindre problème de savon ) : le dessin. Un personnage, une fille qui n’a rien de sexy, une sorte de Marie-Paule, mais la bosse et la sexualité dépravée en moins ( lire « Marie-Paule est romantique » de Carali ) trotte dans sa tête, une étudiante moche en banlieue. Mais elle ne fait que passer dans cette univers carcéral. Il caricature les gardiens, les détenus, le juge, l’infirmière, quelques dessins pour faire rire autour de lui, sauf certains concernés qui l’envoient à l’infirmerie.
Le dessin de Berthet One reste toutefois très amateur, débutant du dessin, ses premières armes comme dans les vieux fanzines de bande dessinée en noir et blanc photocopiés dans les années quatre vingt dix. La couleur au numérique enlève cette magie, et prend beaucoup trop le dessus sur le dessin, voir à le gâcher. Vous avez toutefois quelques pages où le dessin n’a pas été abordée par le pinceau digital.
L’univers carcéral de l’underground amateur dans le scénario, court, parfois un jeu de mot manqué. L’auteur s’implique plus en voix off en cadre, et laisse peu de place à quelques dialogues entre détenus et gardiens, à part quelques onomatopées.
En bonus, parcourez la biographie et les dessins classés trop membré qui ont fait le parcours de Berthet One, de la prison au premier croquis, à un blog par l’intermédiaire de ses amis, et son courrier la lettre pour se faire éditer, le papier pour la liberté !
Attention. Ne pas confondre Berthet One avec l’unique et grand Berthet, dessinateur de grand talent, aux influences du polar hollywoodien, du « Privé d’Hollywood » à des nouvelles très sombre, et la série « Pin Up » (avec Yann au scénario)
L’Évasion décrit l’essentiel des idées sur la prison, son vocabulaire issue du verlan, ses méfaits, son école où on apprend à compter avec des chiffres de la drogue, la douche, le téléphone portable, les fesses musclés, le film de canal plus à minuit, et la liberté au bout !
C’est votre passage par la case Prison, sans jouer au monopoly, et pour la carte liberté, passez par la carte Berthet One, et son éditeur INDEEZ , nouveau dans la place, aux albums sur la variation du rap, du graffiti. Hip-hop.
Prenez la liberté d’accédé à l’album de Berthet One, échappez vous !

L’EVASION : journal d’un condamné / Berthet One (dessin & scénario ) / INDEEZ – urban éditions.