Thérapie (littéraire) de couple !

Hier, la femme de ma vie future, m’a demandé de persévérer dans l’écriture en changeant de style. Apparemment, c’est fatiguant d’être à mes côtés dans l’état actuel des choses. Selon elle, je serais plutôt le garçon qui aime l’ombre, le crépuscule crasseux et la frange masochiste. Elle souhaite désormais un homme brillant.

Il serait temps que cela bouge pour enfin transformer mes courroux cou-cou en tendance orgasmique éclatante. « Je ne sais pas moi, essaye de parler d’un sujet qui vaut le coup à tes yeux… un truc que tu défendrais aussi bien que lorsque tu mords à tout bout de champs les jambes des cons. Cela n’avance à rien de tuer à nouveau un mort. »

Me voilà bien avancé. Tout ça est assez puéril. Je croyais qu’elle avait perçu mes efforts pour modifier mon vocabulaire, les thèmes variés poussés à l’extrême, mon penchant pour les films tchèques, ma fascination calculée des musiques du monde, ma façon nouvelle de ne plus utiliser ni ’ne’ ni ’pas’.

Insuffisant ! retourne à ta table de travail et cherche à policer ton image. Elle souhaite me couper l’herbe sous le pied. Je dois jurer de changer ma position sur le monde. Cet acte de foi me fait dire adieu aux frites et aux hamburgers. Mes matinées à casser du sucre sur le dos des personnalités préférés des français sont à ranger dans le placard des frustrations amoureuses. Me voilà, conduit par la main, en caresse, au pain et à l’eau. Mais ne dit-on pas ’vivre d’amour et d’eau fraîche’.

Sache, mon amour, que je n’aime pas lorsque tu agites, sous mon nez, ma rage de création. Je suis probablement une cellule souche du Hamster, si mes dents ne s’aiguisent pas sur une bêtise quotidienne, j’en viendrais à me bouffer. Je suis le seul étudiant de l’enfer à être sortis avec la mention Très Bien sur l’homélie poil à gratter.

Mes coups de gueules hargneux sont ma thérapie saine. La voilà repartie, je l’entends de la cuisine : « C’est tout de même pas compliqué de faire, en positif, ce en quoi tu excelles sur le mode négatif ». J’ai l’impression à l’entendre que je suis tout simplement un courant alternatif et qu’un simple interrupteur peut m’apporter la lumière. Seulement voilà, le va et vient de mes sentiments me conduit toujours à l’électricité statique dès qu’elle m’embrasse.

Dans ma carrière, j’ai collectionné une tripoté de révoltes. En barils. A ma grande surprise, tous mes coups de gueules restent cependant assez homogène. Je ne m’éparpille pas. Je suis même fier de moi. C’est assez rare pour le souligner. Droit comme un "I". [Finalement pour qui elle se prend cette conne avec ses conseils ! Je vais les lui faire bouffer…] Hé merde… voilà que cela me rattrape. J’enrage trop facilement. Impossible de trouver un sujet qui ne soit pas à l’origine d’une polémique…

Politique : faisandé : je vais directement fouiller dans les sacs des dames, je mettrais 3 lignes pour démarrer au quart de tour sur la piste de l’exaspération. Sujet Artistique : pas assez consensuel et c’est bien le seul endroit ou mes coups de cœurs sont supérieurs à mes coups de gueules [reconnais le !].

Il ne me reste que ce qui fait tourner à pleine vitesse le monde : l’amour. Le sacro-saint besoin d’aimer. Là, oui, je rage de plaisir. Je rugis comme la barre Ovomaltine. J’adore surfiler mes complets d’amoureux transi. Dépoussiérer les tapis, prendre un bain en compagnie de l’attachement. Je bulle, je me motive, je ne vois que le rose et le bleu accouplés.

J’aimerais tellement qu’ ’Elle’ soit ma poire pour la soif. Actuellement, et par sa faute de coatching de la vie, j’ai le gosier sec. Mais tout de même, j’adore me prosterner sur sa beauté. La regarder bouger, parler en fumant des cigarettes qu’elle ne finit jamais. Ses indignations sont des petits coups de tonnerres comparés à mes boucans d’enfer. Lorsqu’elle montre du doigt les injustices de la société j’ai fréquemment le sentiment qu’un feu d’artifice illumine mon sombre quotidien.

C’est décidé, je coupe ma moustache ridicule, stop les affres des affaires mondaines et ne change plus de sujet. Je deviens paysans de son culte en cultivant sa personnalité. J’érige des vestales et prie Eros de me l’amener sur un plateau d’argent. Je sens en moi la bonté. Je ne dirais plus jamais de mal. Promis. Juré. Si je mens je retourne en enfer. Même le pire salaud n’aura plus le droit de vivre dans ma cité lustre. Rien qu’ ’Elle’.

Je sens que mes nombreux employeurs qui n’attendaient de moi, sur mes copies maculés de haines, que griffes et coups de surins dans le bide du politiquement correct, vont vite me désigner la porte pour seul exit à mes envies.

J’assume ! Ou alors trouver moi des groupies, des femmes sataniques qui m’aiment pour le mal que je fais. Pour l’instant, j’essaye péniblement de m’accrocher aux ailes d’un ange. Il vole. J’ai peur de me casser la gueule.

Je ne suis pas fait pour les hauteurs. Mais voilà mon premier sujet : « Croire en sois et profiter de la vue ».

Vous voulez que je vous dises : Je suis assez bien placé.