Le Maître d’Armes : un vrai message !

Le Maître d'Armes : un vrai message !

« Le Maître d’Armes » est un film d’Arts Martiaux de Ronny Yu, datant de 2006. Tout comme dans « Ip Man » de Wilson Yip, on y retrouve un message dont devraient s’inspirer celles et ceux qui se vantent d’avoir un superbe hakama et une ceinture noire très élevée, sur laquelle il n’y aura bientôt plus de place, en raison du nombre incalculable de « dan » qu’on a bien voulu leur attribuer, plus pour la technique que pour la sagesse.

Les élèves ne sont qu’à l’image de celle ou celui qui leur enseigne les Arts Martiaux. Ce qui est étonnant c’est que ces arts de la guerre sont censés nous faire évoluer et que nous n’évoluons pas en les pratiquant, même à ce jour. Il existe toujours des rivalités entre les différentes écoles d’apprentissage dont les élèves sont encore prêts à en découdre, avec ceux du dojo d’à côté, en prétendant que notre art ne vaut rien et que notre Maître n’est qu’une lavette.

Tous les Arts Martiaux se valent, si on enlève le phénomène compétitif entretenu largement par nos dirigeants qui méprisent la pureté originelle d’une discipline de vie élevée, par eux au rang de tournoi, avec des vainqueurs et des vaincus, avec des médailles pour les premiers et des crachats pour les seconds.

Il n’y a pas un art martial plus efficace qu’un autre, comme il n’y a pas un être humain identique à son voisin. Seuls les Hommes parvenus au stade de la maîtrise d’un sport de combat font de cette méthode, un art de vivre, avec certes des techniques corporelles, de la sueur, mais surtout avec une âme et une philosophie de vie… Ou bien ces Maîtres décident d’en faire un Art Martial de spectacle, voire d’extrême dangerosité !

Dans une vie d’artiste martial, il est bon de rencontrer plusieurs Maîtres, pour choisir simplement ce qui nous semble le mieux adapté à notre développement personnel. Celles et ceux, qui n’ont pas fait ce cheminement, sont déjà dans l’erreur, sans ouverture d’esprit sur les autres disciplines. Lorsque nous aurons pu découvrir plusieurs styles et Maîtres, viendra alors le temps de la réflexion, du choix de la voie à emprunter et de la sagesse, sans oublier qu’il existe mille possibilités pour arriver à ce stade et que les arts martiaux ne constituent pas l’unique chemin d’accès.

Le vocabulaire des Arts Martiaux, tout comme le Code d’Honneur et de Morale Traditionnelle « Bushido » qui en est l’essence même, ne sont plus connus ou enseignés. On ne pense plus qu’à donner des coups et à montrer des parades pour les éviter, sans même connaître la réalité d’un véritable combat de rue, dans lequel rien n’est codifié comme au Dojo. On prépare nos jeunes à l’échec de toute une vie, en croyant leur donner des valeurs qui n’en sont pas.

Le Dojo est le lieu où l’élève va se transformer, avec l’aide des autres et celle de son enseignant. Il n’y a pas d’adversaire à battre, à part celui qui dort secrètement au fond de nous, en nous aveuglant avec sa fierté et sa haine. « Tel tu te comportes au Dojo, tel tu es dans la vie de tous les jours » disait un de mes Maîtres, dans le Mondo qui précédait souvent ses stages.

Tout ce cheminement ne se fait pas en un jour, en un mois ou en une année, car il faudra beaucoup de temps pour descendre en soi, dans ce puits de la connaissance que certains nomment l’inconscient, avant d’avoir les réponses que nous attendions. C’est à cet endroit précis qu’il nous faudra mener le plus dur des combats, c’est là et pas ailleurs qu’il nous faudra aller chercher notre mauvais côté pour le vaincre, c’est ici qu’il nous faudra récurer la croûte épaisse et sombre de notre noirceur, pour que le fond de nous brille enfin… C’est vous dire si notre temps terrestre est précieux, d’où l’utilité de l’employer à aimer.

Le Maître d’Armes est, à ce titre, un très beau film que chacun de nous peut comprendre. L’acteur Jet Li y campe le rôle de Maître Huo Yuanjia, spécialiste dans l’Art du Mizougyi devenu plus tard le Jingwu. Derrière des combats spectaculaires et intenses se cache un grand technicien invaincu et aveuglé par son succès. Après avoir bu et tué, à mains nues, un autre Maître en Arts Martiaux criminel, il rentre chez lui pour découvrir l’horreur, puisque sa mère et sa fille viennent d’être assassinées. C’est au cours de sa descente aux enfers, puis de sa renaissance, qu’il prendra tardivement conscience du but ultime de son Art que lui avait révélé, quelques temps plus tôt, sa propre mère.