Plus facile de s’attarder sur ces questions que de se pencher sur la réelle crise qui frappe la France, l’Europe et le monde. Il est plus facile de montrer du doigt une minorité, une communauté, que de cibler les banques et les financiers. La crise est là, bien là, et c’est une crise qui résulte des actions des banquiers, financiers qui à force de jouer à la spéculation ont réussi à entrainer derrière eux des nations. Le coupable idéal est l’autre, celui qui aura du mal à répondre, et au lieu de l’aider à trouver sa place sous le soleil français, on lui dit que désormais la charte pour devenir français il signera, et ses études il reprendra.

Pour devenir français, il faut montrer patte blanche, avoir un emploi, être en France depuis plus de 5 ans, et surtout renoncer à tout autre nationalité. Et oui, devenir Français ne permettrait plus aux ressortissants bi-nationaux d’avoir deux nationalités, ce qui semble déjà impossible quand certains pays comme le Maroc affirme que ses ressortissants et leurs enfants seront marocains quoi qu’il arrive. Il faut choisir et bien choisir, choisir son camp quand on décidera de se lancer dans la demande de nationalité française.

Ajoutons à cela le niveau de français requis, un niveau collége parlé et écrit. C’est écarter d’emblée ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, sachant qu’ils étaient venus en France pour travailler, nourrir et élever leur famille. Une difficulté de plus, et une stigmatisation d’une catégorie de la population. On peut adhérer à cette idée si comme dans les autres pays européens des organismes de formation existaient pour accompagner les gens dans cette démarche, ce n’est pas le cas en France. Ces immigrés en question parlent français, ont su vivre et se débrouiller, et même s’intégrer en France sans aucune formation pour certains, et ne sont pas des dangers pour la République. Il faut savoir parler français, a dit Mr Guéant et je renvoie ce conseil au personnel de l’Elysée. Quand on lit le communiqué de l’Élysée en date d’hier pour parler de la mort de Danielle Mitterrand, on ne peut que leur conseiller de suivre une formation en français leur évitant toutes ces fautes indignes de l’Elysée, et pourquoi pas leur retirer leur nationalité française pour l’exemple.

Mr Guéant souhaite aussi qu’ils connaissent l’histoire française, la culture générale et la société française et là on demande un niveau brevet des colléges, il faut adhérer selon lui à l’histoire et aux valeurs françaises pour prétendre devenir français.

La question que je me pose alors, qu’en est il du français de naissance qui n’a pas connaissance de sa propre histoire, dont le français semble plus approximatif. A t il lui aussi besoin d’une formation pour rester français ? Est-on sûr que tous les Français connaissent l’histoire de France et ont des connaissances de culture générale niveau fin de scolarité obligatoire. Selon certains, beaucoup échoueraient à ce type de tests, encore une fois, une reconnaissance du citoyen à double vitesse, une lecture de l’égalité à géométrie variable.

Ce texte doit encore être validé par le Conseil d’Etat avant de se transformer en décret pour une application en janvier.

La France mérite mieux qu’une discrimination de plus, il faudrait se pencher sur ce qu’on a proposé aux immigrés quand on avait besoin d’eux, et ce qu’on leur propose en temps de crise. Il faut savoir garder mesure et ne pas vouloir faire du sensationnel avant tout. L’intégration passe par l’accompagnement, et l’acceptation de l’autre dans ses différences, et comprendre ses lacunes sans les montrer du doigt. Cette mesure aura l’effet escompté, diminuer les demandes de naturalisation de certaines personnes.

Les gens qui font la demande de naturalisation le font car ils se sentent français, car ils adhèrent à la vision de la France, et non pas pour des raisons administratives ou autres.

La France devient élitiste, discriminante et oublie son passé de terre d’asile, des droits de l’homme, de terre d’accueil. D’intégration, on passe officiellement en mode assimilation, Mr Guéant affirme « Quand on vient en France, on adopte les modes de vie français et on n’importe pas les modes de vie d’ailleurs ». Il faut se fondre dans la masse et encore une fois devenir l’invisible.

L’identité nationale passe par l’acceptation de la différence, si on veut faire de la France un pays noble, respectable, attractif, il faut savoir passer par l’acceptation de l’autre, et par ce que ses différences peuvent apporter, culturelles, sociales etc. Fermer la porte à l’autre ne signe que le début officiel du repli et de l’intolérance.

La cohésion nationale ne passe pas par le formatage Mr Guéant, elle passe par une ouverture d’esprit que certains semblent avoir perdu.