Danielle Mitterrand, la militante, nous a quittés cette nuit

Danielle Mitterrand, la militante, nous a quittés cette nuit

Une militante de la première heure qui avait pris le maquis dans sa jeunesse, qui s’est engagée sans concessions et avec ferveur pour marteler les mots qu’il faut, pour mener des combats vitaux, en soutenant des peuples opprimés et des causes nobles.

Une femme de valeur comme on aimerait en voir plus souvent a quitté ce monde où l’indignation ne suffit plus.

Une militante est partie laissant elle derrière elle un brouhaha pré-électoral, où les successeurs éléphanteaux de Mitterrand se bousculent bruyamment oubliant souvent qu’ils sont porteurs de valeurs à défendre. Ceux là qu’elle fustigeait depuis quelques années leur rappelant que « les dirigeants socialistes n’avaient pas de fibre socialiste »

Derrière sa discrétion, se cachait une femme volontaire, forte, inscrite dans l’action, une femme avec une conscience, ce qui est rare de nos jours, donc précieux.

Une femme débordant d’énergie se battant pour ceux qu’on entend pas, les abandonnés, les laissés pour compte. Elle s’est faite leur porte voix et n’a jamais cessé de parler pour eux, de se battre pour eux. Cela se fait rare de nos jours, où certains sous prétextes d’humanitaire sont les pantins de la politique et des financiers, elle par contre a toujours été fidèle à elle même et ses engagements.

Une femme libre qui a donné de son temps, de sa célébrité pour accompagner ceux qui avaient besoin d’une place médiatique, une femme qui n’a jamais baissé les bras.

Une femme qui n’a jamais oublié que loin des palais, des soirées parisiennes, des voyages diplomatiques, vivaient des gens dans la misère, l’oppression et l’indifférence. Elle a su leur apporter un peu de lumière et de courage.

Une femme indépendante qui n’a jamais renoncé à ses idées, ses idéaux malgré sa place de première dame de France.

Une femme passionnée qui jusqu’au bout s’est battue pour un droit essentiel à tous, et vital, l’eau. Se battre pour que l’accès à l’eau potable soit universel, pour que l’eau ne soit pas vendue comme une marchandise de luxe. Loin des futilités des baisses de prix des connexions internet ou autres, son combat était autre, il était pour les autres, et partant de là, on ne peut que s’incliner devant cette grande dame qui n’a jamais abandonné.

Une tristesse ce matin, comme si une page se tournait, comme si le courage aussi avait disparu ce matin, le courage qui vient du cœur, celui qui a fait d’elle une résistante de la première heure, et militante jusqu’à sa dernière.

Un exemple à suivre, des certitudes à avoir, qu’il faut continuer à porter, elle laisse derrière elle la fondation « France Libertés » qu’elle avait crée et porté à bout de bras.

Son rapport à la mort, elle en parlait d’une façon très simple, et qui en disait long sur qui elle était, « Moi, je serai à Cluny, près de la mienne. Je veux être dans la terre. J’aimerais à même la terre, sans cercueil, mais c’est ­interdit. Je veux une caisse en bois blanc, une robe de coton blanc, un linceul en lin, un point c’est tout". Voilà ce qu’elle déclare vouloir comme dernières volontés, retourner à la terre avec simplicité et humilité.

Son dernier message qu’on retrouve sur le site de l’association France libertés nous donne le ton sur qui elle était, et la marche à suivre pour continuer à se battre pour un monde meilleur.

« Nouveaux résistants à l’ordre néolibéral, bâtisseurs d’un monde où chacun trouvent sa part de vie, de liberté et d’action, expérimentateurs de solutions alternatives aux problèmes du temps... Qu’ils se rassemblent, s’unissent, fusionnent partout dans le monde pour mettre un terme à la dictature économique et financière, suppôt des dictateurs politiques. Celles-ci semblent être, enfin, ébranlées par la colère des peuples. C’est heureux mais ce n’est qu’un début. Je souhaite de tout cœur que nos propositions en faveur des biens communs du vivant soient comprises de tous et participent à l’urgente et indispensable métamorphose de la société humaine vers une nouvelle civilisation »

Paix à son âme, le combat pour la justice doit continuer encore et encore.