LA VIE SENTIMENTALE DE LAURENCE P. : la destinée d’une patronne.

LA VIE SENTIMENTALE DE LAURENCE P. : la destinée d'une patronne.

Il était une fois, une gentille petite fille prénommée Laurence. Son avenir est tout tracé par ses parents, qui ont font une fierté auprès de nombreuses personnes très haut placées. Elle n’aura qu’une destinée, c’est tracé. Elle combattra les syndicalistes, devra trouver plus d’un discours pédagogique pour vaincre les manifestants, et plaire dans les idées à transmettre au gouvernement aux grands patrons...Laurence sera la future Patronne des Patrons ! Jésus, Marie, Medef.

Depuis toute petite, Laurence a une phobie : rester seule et perdue en pleine fête de l’Huma au milieu des Communisssss ! Enfant, elle a tout de même partagé un pain au chocolat de Fauchon avec une copine, fille d’un syndicaliste ! Dans les années 80, le 10 mai 1981 plus exactement, sa famille a été contrainte à l’exil. Mais au tournant de 1985, champagne ! C’est le retour !
Laurence, une femme, un combat, des convictions, elle a son destin tout fait, tout prêt, elle est élue Patronne des patrons au sein du Medef. Son idole de toujours, c’est la dame de fer, Margaret Thatcher et sa fameuse réplique : « There is no alternative ». Elle est la femme actionnaire majoritaire, et une tarte au pomme, on ne la partage pas à parts égales !

Mais comment ce bout de femme a pu conquérir les patrons, et influencer à ce point tout un gouvernement, des syndicats...Ses idées pour faire bouger l’entreprise:improvisation, inspiration, être sur le terrain, de la communication pédagogique, presque enfantine, et Rosine sa super coach pro !

Pour son second mandat, sa campagne est basée sur un remake adapté de Blanche Neige avec sept nains très travailleurs, et un Prince Charmant portant les traits de Arnaud Largadère, la sorcière est syndiquée à la CGT, elle est communisssSSS !

Fini les séquestrations dans l’horreur par d’horribles grévistes qui retiennent les patrons dans un petit bureau. La mallette (de marque Vuitton) anti-séquestration ! L’ultime recourt de secours avec un contenu très ingénieux ou presque : la résistance du patron avec des carrés Hermès pour la femme, et des cravates de rechange pour ’homme.

Les retraités peuvent encore servir dans le marketing : le Benchmarketing : l’art d’exploiter les sexagénaires sur l’exemple des Rolling Stones.

Payer moins d’impôt quand vous êtes un grand patron aussi puisant que Charles Dassault ?! Laurence a la solution écolo ! Mais attention ! Pas avec n’importe quoi ! Pas question de Hulot ! Heureusement on se rappelle le souvenir et la présence du fantôme du Commandant Cousteau ! ( (re)lire « le fantôme du Commandant Cousteau / Fluide glacial )

Vous ne trouvez pas un moyen valable lors d’une réunion autour d’un bon Médoc, de virer deux employés récalcitrants ?! Laurence P. vous trouvera la formule idéale : la Faute Lourde ! On ne dévoile pas les secrets de fabrication à la concurrence !

Expliquer avec pédagogie la retraite à 65 ans, aucun problème : de jour comme de nuit, Laurence travaille dessus, elle arriverait même à convaincre les jeunes den Ler len gage !

Le but absolu de tout patron, c’est mettre un terme aux syndicats, être dans la compétition internationale pour le bien de l’entreprise. Laurence P. a fait appel à Igor-Grichka Allègre, imminent scientifique : il a découvert via l’ADN de la patronne des patrons, le gêne la compétitivité. Il sera transmis à ces salauds de syndicalistes par le biais d’un autocollant. Compétitivité !

L’égalité des hommes et des femmes, cela doit passer aussi par le congé « paternité » obligatoire. De quoi donner un rejet de café à Charles Dassault. Armée de fléchettes-seringues à la camomille, elle réunit les grands patrons pour les convaincre de l’utilité d’un congé de paternité obligatoire, un rendement incroyable pour l’entreprise !

Le fameux réseau social avec un oiseau, où 140 signes sont possibles, là aussi il faut prouver sa compétitivité ! Il faut buzzer, clasher, passer chez Morandini et Denisot à la fois, et parfois il suffit d’une phrase et déjà 1000 followers pour Laurence !

Laurence P est une grande sentimentale, elle aime ses travailleurs, que dans un élan de stresse et de fièvre, elle pourrait même leurs accorder une semaine à 33 heures, et une troisième pause pipi, pour une simple paix sociale. Laurence , son désir, c’est enfin la femme à l’égal de l’homme dans la plus haute responsabilité de l’entreprise. Tout petite elle savait conjuguer l’expression : « bafouer le code du travail ».C’est une destinée extraordinaire, d’un média à l’autre, du canapé de Michel Drucker au compte twitter de Morandini, être la patronne des patrons n’est pas de tout repos, pas comme les grévistes de la CGT ! L’entreprise idéale et harmonieuse existe, elle en tient le projet, les propositions.

Isa s’attaque une belle personnalité, après le Commandant Cousteau, c’est au tour de Laurence P. patronne du MEDEF. Une Femme parmi les hommes, une femme de pouvoir munie d’une caricature avec un nez aussi gros et long que sa bouche, et une telle sensibilité dans le regard. Les patrons sont des gentils, les syndicats on les aura ! Isa prend la défense du Medef et sa dirigeante dans l’humour et les lois de l’impossible dans l’actualité du monde du travail. Faire plaisir aux patrons, même les plus virils , machos et misogynes avec l’exemple de Charles Dassault, ou le côté bellâtre avec Arnaud Largadère. Le dessin d’Isa donne le ton de l’humour, du décalage, une belle mise en place des personnages dans l’entreprise, avec des dialogues des plus corrosifs, adapté et détourné du code du travail, de l’actualité récente, du marketing, de l’esprit d’entreprise, à mettre en parallèle avec cette ancienne rubrique de Nulle Part Ailleurs : « le message à caractère informatif » , où des films d’entreprises sont détournés par un doublage parodique, avec ce fil rouge de la fameuse holding : la Cogip ! )

Ce livre est une belle réussite, les patrons peuvent investir dessus, et l’agence mondiale de l’humeur, la Moody’s peut attribuer la note du triple A, voir même quadruple A ! Le Cac40 va grimper, et il en sera fini des syndicalistes qui comprendront on l’espère, le mot « compétitivité » et « flexibilité ». Et même si personne n’est d’accord, Margaret Thatcher l’a répété (et c’est l’idole de Laurence P. ! alors c’est dire ! ) : THERE IS NO ALTERNATIVE ! There is no Alternative ! There is No Alternative ! There is no...

LA VIE SENTIMENTALE DE LAURENCE P. / Isa (scénario et dessin) / Fluide Glacial.