LES QUASI : recomposer une famille, pas si facile.

LES QUASI : recomposer une famille, pas si facile.

Le divorce est déjà une sacrée étape après quelques années de mariage, mais les raisons sont là. Alors on partage tout les meubles et la garde des enfants. À quarante ans, ce n’est pas évident de refaire de sa vie, d’être à nouveau en couple , avec les enfants au milieu des deux côtés. Les deux nouveaux amants sont quasi ensemble, les liens entre et avec les progénitures du petit âge à l’adolescence sont quasi en bonne voix.. Quasi, c’est le mot qui va mener à la recomposition familiale.

Quasi. C’est un état proche, qui va prendre du temps avant d’être au complet. Recomposer une famille, ce n’est pas une tâche facile, même si le divorce se passe dans les conditions des plus chaotique sur la garde des enfants, le plus difficile, c’est le défilé des nouveaux amis-amies des parents, surtout lorsqu’il y a d’autres enfants ! Deux personnes s’aiment, mais comment faire avaler ce passage aux rejetons ?!

C’est à une kermesse à l’école que Michou et Jim se croisent et se parlent pour la première fois dans un stand de crêpes. Puis à l’occasion d’un anniversaire pas vraiment costumé, Jim le pirate s’éclipse avec la dame Michou, premier baiser, l’amour commence entre les deux, d’un petit rendez vous à un autre... et entre les deux, tout en essayant de garder la discrétion de leur relation, il y a les enfants. Deux dans chaque camps. Bien sur l’idéal tombe lorsque les enfants sont envoyé en week-end chez les ex-époux.
L’amour avance, et les soucis de certains week-end s’incrustent, et il va falloir bien trouver pour Jim et Michou, LE moment idéal pour parler aux enfants de leur envie d’être en couple, de réunir les quatre enfants sous le même toit.
Point sensible, les enfants. Pourtant tout semblait bien se passer au moment de la première rencontre... Lola trouvait Jim « super cool », suite à un maquillage réussit de « maître Yoda ».
Deux clans vont se former chez les progénitures : les deux garçons, le plus jeune, Jean-Cy, fils de Jim, et Ziggy, un peu plus âgé, acceptent la relation nouvelle de leurs parents. Pour les deux filles : Bérénice la fille de Jim, et Lola celle de Michou, vont tout mettre en œuvre pour exprimer un excès de jalousie, d’empêcher d’installer ce moment fatal de réunir les deux parents. L’étranger n’est pas bienvenue. Tout est permis.
Lola simule une crise d’estomac à peine elle voit pour la première fois sa mère dans les bras de Jim. Elle joue son meilleur joker avec son père pour exaspérer sa mère : Bernard : un soixante-huitard , il roule en van, adepte du yoga, et aime les ballades en campagne, la ferme familiale, change de copine comme de cassette rock … pour lui, rien n’est grave, il faut laisser faire, et tombe souvent en désaccord avec son ex femme Michou. Lola esquive au mieux, confronte la position financière de son père en plein supermarché, et le soir même de la réunion de la reconstitution et présentation complète de la famille, les deux filles mènent le bal pour gâcher la soirée !

Fonder une famille reconstituée, une terrible étape, surtout avec des enfants qui ne se connaissent pas, voir à peine si ils sont dans la même école, et comme Lola et Bérénice, faire un pacte pour empêcher ce rapprochement.
Bien sur au début, la relation des deux parents se fait dans la plus grande discrétion, une petite sortie impromptue, on envoie les enfants dormir chez leurs copains, ou l’ex conjoint, mais parfois ces rendez vous tombe à l’eau, une dernière minute, un air de jalousie, pas question de partager.

Olivier Neuray pose son dessin avec facilité, ne pousse pas trop les détails, figures simples, des décors modernes, ça ne reste pas son principal soucis, et se recentre plus sur les personnages, sans trop d’expressions visibles, la position pas très souple, presque rigide...Une ambiance à peine relevé par les couleurs de Ruby, des aplats, des couleurs différentes selon la situation, des ombres à peine distinguées. Neuray semble imiter presque le dessin du duo Dupuy et Berberian dans « Monsieur Jean », mais le ton est en dessous, possède quelques maladresses, entre autre lors du cauchemar de Jim où il voit sa mère en aigle ou autre volatile, et plus loin avec la tonte d’un mouton.
L’ensemble fonctionne sur un bon découpage, et quelques plans senties entre autre sur la première planche avec la kermesse de l’école.

Val écrit un très bon scénario, original, sur la famille reconstituée, basé sur son propre vécu (il est à noté que Val et Oliver Neuray forment un couple du même type... ) Elle place le centre de l’histoire sur une histoire d’amour difficile à mener, tambours battants, débordée par des imprévus, et les dialogues sont pimentés, très réalistes sur certaines disputes d’adultes, comment mettre en accord deux ex-conjoints pour l’éducation d’un enfant proche de l’adolescence, en pleine crise de jalousie, prêt à toute les bêtises. Val place l’innocence et le coin d’espoir de cette relation entre Michou et Jim par la présence de Jean-Cy, le petit garçon, qui accepte très bien la présence de la dame auprès de son papa. Il l’adopte facilement. Bien sur, l’accent est surtout porté sur les deux filles : Lola et Bérénice, qui ne mâchent pas leurs pensées, ni leurs mots, portant les pires critiques sur le couple, avec des menaces de partir chez les ex-conjoints dont l’ambiance paraît plus « cool », mais là bas aussi, il semble que la terreur règne, signaler par un retour de week-end, avec un ordinateur portable du petit ami de l’ex de Jim, qui a subit les assauts d’un coca posé à côté (mais ce n’est pas la faute de Jean-Cy ! Mais sa sœur le met en avant comme supposé coupable) . Humour et petite réflexions mènent ainsi ce one-shot, faisant monter la sauce des étapes jusqu’à la réunion des deux familles.

Quasi. C’est le mot clé qui est lâché par les enfants dans la cours de récréation, ça vient d’un cousin à la campagne qui connaît déjà cette situation de famille recomposée. Quasi.. c’est le frère ou la sœur qui vient se rajouter. Ils ne le sont pas tout à fait, ce sont des Quasi-frère, quasi-soeur... quasi-chien... etc.

Ce livre devrait pouvoir rassurer de nombreux quadragénaires divorcés, avec enfants, pour tenter de refaire sa vie, de manière recomposée. Tout n’est pas facile, et le happy-end n’est pas assuré, ou presque, c’est quasi fait !
Les Quasis sera le nouveau mot qui circulera parmi ces couples, qui ne pensait plus trop à la relation amoureuse, et d’un coup voit tout l’avenir chamboulé car celle-ci va mener à trouver le fameux terrain, le bon moment pour y ajouter les enfants en crise de jalousie pour la plupart. Tout se passera bien, ne vous inquiétez pas ! C’est du Quasi !

LES QUASI : un peu, beaucoup, passionnément. / VAL (scénario) et Olivier NEURAY (dessin) / Glénat