PROTOTYPE : Dieu a raté Adam

PROTOTYPE : Dieu a raté Adam

L’Éden est un véritable brouillon, Dieu ne sait plus quoi faire … Puis il crée l’homme à son image : Adam. Pour lui donner un minimum de défaut, il fait confiance à Lucky, un serpent accroché à un pommier. Ce dernier doit assurer le bon déroulement de l’éducation de ce primate à barbe, affublé d’une feuille de vigne. Le contenu d’une pomme va tout changer ! Et si Adam se mettait à réfléchir et ne plus croire en l’existence de son créateur ?!

Les catholiques vont être frappés d’un grand coup dans leur croyance. La partie première de la Genèse vient de prendre un coup, les voix de Dieu ont été pénétrées par Adam ! Ralf König revisite à sa manière l’Éden, la pomme, une girafe, et le gars qui est à l’image de Dieu avec un cerveau , fait de l’esprit et met en doute l’existence du créateur ! Adam aurait la connaissance !

(Noir). Lumière ! Même si il fait nuit, aucune importance pour le sommeil du serpent Lucky sur son pommier. Il y a du neuf en Éden : l’homme. Il est à l’image de Dieu, et s’appelle Adam. Le plus dur, c’était de travailler sur son cerveau. Mise en route. Aie ! Il parle avec intelligence, on reformate, on change deux-trois données... c’est reparti. Adam loue son créateur. Il a une feuille de vigne qui cache son pénis, mais pas le droit d’y toucher. Prototype, voilà ce qu’est le premier homme façonné et télécommandé par Dieu tout là haut.
Adam doit croire en son créateur, et ce de façon permanente. Au moindre doute, Dieu prend sa télécommande et lui inflige quelques douleurs physiques, comme un mal de dent, provoque un déluge ! Si il veut un peu d’amour, un câlin, Adam se contentera d’une girafe (elle est à l’état de brouillon, Dieu hésite à lui rallonger le cou, à mettre plus de vertèbres … ) il peut se branler les couilles ça ne sert pas à grand chose. Alors Adam chante des louanges.
La pomme. Il a faim l’homme. Il y a cette pomme sur cette branche, à bonne hauteur pour la cueillir. Il n’a pas le droit, même si Lucky le serpent le pousse un peu, cette pomme là, c’est NON ! Et cela doit rester un secret entre Dieu et Lucky sur le contenu de ce fruit. Il y aurait comme un trop de « vitamine C ». Le grand là haut, a mis un peu trop de … connaissance ! Dieu n’a pas eu de la retouchée. Et une pomme tombée sur le sol ?! Adam pourrait la manger .Le serpent l’y pousse. L’homme croque sa première bouchée. En lui pénètre la connaissance. Tout va basculer : Le serpent ne sait plus quoi faire pour le ramener à la raison. L’homme à feuille de vigne doute de l’existence d’un type assez puissant pour créer l’univers. Tout devient une question de science, de physique, chimie et philosophie. Adam est intelligent, et le serpent en devient usé, fatigué, il a en marre de faire le boulot du type aux voix impénétrables. Adam a les connaissances d’un Gallilé, Platon, Einstein.
Dieu, il s’en fiche, le déluge n’est qu’une catastrophe naturelle. Alors vint Ève. Adam lui propose de croquer la pomme...

Ralf König revisite la belle histoire du Paradis, le réduit à l’état de poussière, Adam a croqué, il peut penser par lui-même, observer, et câliner avec une girafe mal finie. Dieu a raté l’Éden Il est resté tellement haut, qu’il ne reste pas que ses voix qui sont impénétrables. Lucky le serpent essaye de le convaincre, de le bousculer, de donner des idées pour un monde meilleur, plus réfléchit, plus conscient... mais rien à faire, Dieu est un égoïste, et comme tout est à son image, forcément … à par les louanges, il ne reste plus grand à faire dans cet immense jardin, si ce n’est ajouter un animal ici ou là. Le serpent n’est pas aussi diabolique qu’il n’y paraît, Lucky est une forme de psychologue, un peu philosophe, cultivé... comme un Jiminy Criket est à Pinocchio, un bref souffleur, mais face à un ego impénétrable.. rien à faire. L’histoire écrite par un Pape sous la chaleur du soleil en Avignon est mise à l’envers. Le fruit défendu n’entraîne pas la relation sexuelle. Ça détourne. La pomme rend intelligent ! C’est le défaut du grand là haut, il a fait une erreur, Les louanges, c’est fini.
Un fruit traîne et l’histoire change, ce n’est pas Ève qui a tenté Adam, c’est Dieu qui a délaissé la curiosité de sa création prendre le dessus, et puis le serpent s’ennuyait ferme, alors il incite à croquer.
La connaissance n’est pas à l’image du tout puissant qui aurait tout créée, du moins pas tout à fait, il avoue tout de même le secret du Big Bang à Lucky,serpent ou diable de son état avant de changer de peau.
Une bouchée de pomme et Adam en a fini de croire à ces balivernes du très haut tout là haut, il n’est qu’une simple excuse pour la conscience. De toute façon, ces histoires là finissent comme contes pour endormir les petits enfants comme Caïn et Abel. C’est raté pour ce prototype. Il n’existe pas de copie, il s’est reproduit avec Ève, et une fois mort, pas de promotion au « paradis ».

Toute la croyance est balayée par la chute d’une simple pomme contenant toute la connaissance : physique, chimie, philosophie. Premier essais, raté pour le type là haut. Il ne recommencera plus. Le Prototype. C’est un premier jet, jeté en pâture, on essaye de lui apprendre tout et n’importe quoi , pourvu qu’il y croit. Dieu lui fait suffisamment peur au début avec les douleurs , le déluge. Bah. Raté, rien à faire : il a juste pensé un peu plus, a croqué la pomme. Elle aurait pu être retouchée en retirant juste la connaissance. Le prototype a eu le dernier mot. Dieu éteint la lumière. Il a une nouvelle idée … il a repéré une jolie fille … Marie.. il pourrait envoyer son fils ?!

De l’humour à la provocation, Ralf König a remis en cause une histoire de religion, de la croyance, un Dieu bidon qui ne sait même pas gérer sa propre création à son image. Le dessin est simplifié, pas trop de décors, aucun détail réel de l’Éden Juste un fond pour accompagner les protagonistes, des couleurs primaires. Tout est place dans le dialogue entre le serpent et Adam, Dieu a une écriture Gothique, c’est une voie miraculeuse impénétrable, son lettrage montre son imposante présence invisible. Il n’y a qu’un seul arbre, le fameux pommier, avec Lucky qui se ballade de haut en bas, à discuter, à parlementer avec son ami le tout puissant créateur brouillon et le prototype qui va se mettre à réfléchir, à le rendre à l’état de simple animal.
La nouvelle Genèse selon Ralf König devrait faire son bruit encore en 2011 (la première édition en Allemagne était en 2008 : The PROTOTYP ). D’ici là, nous sommes les descendants d’un prototype qui a mangé une pomme. Il fallait bien trouver une descendance, la gravité l’a apporté à portée de bouche.

Allez on éteint la lumière.
(noir)

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