Sandrine Bernard ou la passion féminine du bon vin !

 Sandrine Bernard ou la passion féminine du bon vin !

Dans la famille Bernard au Château Grand Gallius situé à Gaillan, je voudrais la mère qui reçoit la clientèle et cultive son jardin extraordinaire, le père qui parle aux oreilles de ses bestiaux avec son merveilleux accent qui roule des cailloux et enfin la fille Sandrine. Bonne pioche, la passion du vin au féminin c’est elle qui débouche avec enthousiasme et offre le respect de la qualité à ses clients, en distillant tout son savoir-faire, pour proposer le plaisir en bouche du bon vin rouge ou rosé. Santé et longue vie au château Gallius qui ne se la pète pas mais sait au contraire, écouter, échanger, apprendre pour toujours s’améliorer en toute simplicité et dans la convivialité.

La Singette : Bonjour Sandrine, vous êtes une jeune viticultrice, quel est votre parcours professionnel ?

Sandrine Bernard : En fait, je l’ai arrêté plutôt que prévu. J’ai travaillé dans la vigne de bonne heure. A l’âge de 17 / 18 ans, j’ai commencé à faire les vendanges à la main. J’ai travaillé au Château Pontet-Canet à Pauillac en hiver et je suis restée très attachée au domaine de la terre. J’ai eu des chevaux toute jeune. Le vin j’ai appris par moi-même, par l’expérience du travail. Sans avoir de diplôme d’œnologue, ça n’empêche pas d’avoir ma passion du vin. Marion Fouchou-Lapeyrade oenoconseil m’aide beaucoup à mener jusqu’au bout cette passion. Marion adore mes vins et les assemblent avec ferveur. Ensemble on essaie d’apporter un bon vin jusqu’au bout.

La Singette, quel a été l’impact de votre enfance dans votre choix de vie et quelle place a pris l’exemple de vos parents ?

Sandrine Bernard : Mes parents m’ont beaucoup appris à travailler toute jeune et à me donner dans le travail. Je suis restée avec eux sur le domaine de la terre et de l’agriculture. La propriété a évolué et progressé. Si j’ai repris le flambeau, c’est pour encourager mes parents qui ont donné toute une vie de labeur. C’est eux qui ont fondé ce vignoble dès le départ. Je n’ai fait que soutenir ce projet de la vigne, du bon vin et de la famille.

La Singette : Qu’est-ce qu’une femme peut apporter toujours en plus aux métiers du vin ?

Sandrine Bernard : Une femme va jusqu’au bout. Quand je m’insère dans un projet c’est pour aller jusqu’au bout. Peut-être qu’il y a des hommes qui sont moins courageux, qui sont pressés, mais en fait le chemin est très long et il faut avoir beaucoup de patience. Alors qu’une femme, même si c’est dur, elle prend beaucoup sur elle. Elle le fait par vérité, par conviction, amour aussi. Parce que lorsqu’on élève des enfants à côté, on le fait aussi par amour. Si je le fais, c’est que je suis capable de mener à bien ce chemin.

La Singette : Quelles sont selon vous les principales qualités d’une viticultrice ?

Sandrine Bernard : On est très vraies, humaines, courageuses et accrochées à ce que l’on a. On va suivre tout le travail de la propriété.

La Singette : quels sont les différents moments importants de l’année pour une viticultrice ?

Sandrine Bernard : C’est d’abord le moment des vendanges où on va donner beaucoup pour fabriquer ce vin. Autre moment important c’est la dégustation après les vendanges parce que c’est l’œnologue qui va juger avec moi tout le travail que j’ai fait dans la propriété et me dire en cuve si le résultat est bon. Quand on goûte le vin, qu’on se fasse plaisir. Et puis aussi le retour des clients qui achètent et qui disent souvent : qu’est-ce qu’il était bon votre vin ! C’est la plus grosse récompense que j’attendais. Cela représente pour moi la boucle d’un vin qui est travaillé, qui est acheté, qui est dégusté et pour lequel on vous dit qu’il est très très bon. C’est le résultat de son travail.

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La Singette : D’où provient le nom de château Gallius ?

Sandrine Bernard : C’était une villa gallo-romaine qui existait sur la propriété ? C’est aussi un ami à nous qui depuis les années 70 a effectué des recherches archéologiques sur la propriété. Il a trouvé des pièces, des poteries. C’est lui qui s’est investi avec nous pour nous donner le nom de château Gallius parce qu’il pensait que ça retraçait cette histoire romaine. C’est vrai que le nom on le porte bien, parce qu’on a voulu mettre les pièces romaines sur les bouteilles qui créent aussi leur effet. Et comme les bouteilles sont à l’effigie des pièces romaines, ça donne un cachet et aussi une histoire. Et comme on fait du bon vin, elles portent bien le nom du château. Il y a l’harmonie de l’histoire romaine et la passion du vin. Les deux réunies ça fait un tout.

La Singette : Pouvez-vous nous parler des différents vins que vous produisez ?

Sandrine Bernard : Le premier, ça va être le mien que je vais sélectionner à partir de mes cuves. Avec l’œnologue, on va garder les meilleures cuves de la propriété. En assemblant cabernet et merlot. Une partie va partir en barriques, le meilleur vin. Une autre partie va rester pour le vin en vrac en bag-in-box pour mes clients de la propriété. Après il y a une deuxième partie, c’est pour le négociant. Il est un peu inférieur en assemblage. C’est du bon vin rouge, mais il y aura plus de merlot. On va faire un vin plus rond qui sera vendu au négociant. C’est du rang de mise de la cuve à la bouteille. Il n’y a pas d’élevage en barriques.

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La Singette : Je sais que vous avez aussi une particularité, vous produisez un fameux rosé. Pouvez-vous nous en dire deux mots ?

Sandrine Bernard : Le rosé, ça nous est venu depuis l’année 2004. On avait beaucoup de jus dans le chai. On s’est dit, on va prendre du jus de nos cuves pour améliorer le rouge pour concentrer les tanins du rouge. Et ça a démarré qu’on a fait du rosé dans un cuve et on a trouvé ça bon.

La Singette : Je confirme, il est excellent !

Sandrine Bernard : On y a pris goût. On s’est dit si on fait du rosé, on va le vendre à la propriété à des gens qui vont l’apprécier surtout l’été quand il fait chaud. En plus cette année, le nouveau produit, c’est le Clairet. Il y a eu un peu plus de macération dans la cuve donc il a plus de couleur. Il est différent en bouche. Il se boit frais. Mais ça plait aussi. Je vais avoir des clients qui vont aimer le rosé et d’autres qui préfèrent le Clairet.

La Singette : L’année 2011 sera-t-elle un bon cru ?

Sandrine Bernard : Tout dépend de la météo, si septembre donne du soleil, on va redonner du tanin au vin. Et s’il y a plus d’humidité, on verra pour la qualité 2011. Sinon, je sais qu’il y aura une belle vendange. Les pieds de vigne ont des raisins en qualité. Qualité et quantité ça doit être équilibré.

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La Singette : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes de caractère comme vous qui voudraient se lancer dans la profession de viticultrice ?

Sandrine Bernard : D’abord, qu’il faut avoir commencé très jeune. Quand j’ai commencé chez mes parents j’avais 25 ans. Et je me dis aujourd’hui quand j’avais cet âge-là, je ne me fatiguais jamais. Voilà la différence, car même à trente-six ans maintenant, je pèse mes gestes et je fatigue plus. Et comme j’ai mes deux enfants qui grandissent, qui me prennent aussi une énergie le soir. Je me rends compte quand je grimpe en haut des cuves, je souffle. Mais il me reste encore de l’énergie à donner. Je pense aussi que pour se plier au travail, il faut commencer jeune. Plus on commence jeune, plus on prend et apprend plein de choses autour de nous et on fait notre tri. Arrivé à notre âge, où on croit toujours avoir raison mais ce n’est pas vrai. Mon œnologue va me dire quelque chose, me donner un conseil et je vais me dire, elle doit avoir raison. Il faut l’écouter. En fait, on en apprend et on en apprendra tous les jours. Il faut savoir apprendre pour évoluer. C’est un partage des connaissances. Je partage la connaissance avec mes clients qui m’apprennent beaucoup de choses. Mais aussi avec mes parents, avec mon œnologue qui me donne de bons conseils, et quand on reçoit de bons conseils avec des gens avec qui on a confiance, on prend les idées. Il faut prendre beaucoup d’idées pour faire un bon vin.

La Singette : Quelle est votre maxime qui revient souvent chez vous ?

Sandrine Bernard : « L’art de faire son vin au féminin ». C’est joli, c’est un article qui m’a été consacré et c’était le titre de l’article qui me correspondait bien. Ça sortait de l’ordinaire. Cette jeune femme qui donne autant avec conviction à sa vigne.

La Singette : Si vous avez quelque chose à rajouter ?

Sandrine Bernard : Comme je disais à mon œnologue qui est aussi féminine puisque c’est l’art de faire du vin au féminin, c’est que dans le temps et pour mes clients, il faut garder la passion du vin. Parce que la passion ça reste tous les jours dans ce qu’on fait et tant qu’on a la passion on a l’envie de faire du bon vin. Les gens qui oublient cette passion, la qualité du vin elle risque de baisser. Le but, c’est de garder cette passion pour offrir à mes clients du plaisir. Parce qu’il faut que le vin ce soit du plaisir. On ne boit pas du vin comme de l’eau et le vin c’est du plaisir comme une gastronomie. Et moi j’apprécie tous les clients, y compris le petit client qui vient me chercher un cubi de rosée de temps en temps. Petits ou grands clients, on est toujours contents de les recevoir. Tout le monde a sa place à Gallius. Ce qui plait beaucoup aux gens, c’est l’accueil et la simplicité pour être au plus proche, la vérité et tout le travail que l’on fait pour obtenir un bon vin. La proximité, c’est échanger des choses simples.

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Château Grand Gallius : Médoc fûts de chêne, Bordeaux rosé, Clairet bouteilles et bibs, dégustation et vente directe à la propriété / 7 route du Portail Rouge, 33340 Gaillan en Médoc, tel 05 56 41 67 99 / 06 16 89 29 71 / courriel : chateau-grand-gallius@orange.fr