Développement durable, casse-toi pauv’con !

Développement durable, casse-toi pauv'con !

Legor Gran est un pamphlétaire rageur à l’irrespect salvateur qui accorde ses humeurs à brocarder le développement durable alias le DD et l’idéologie du bio qui nous polluent les neurones comme tyrannie partagée par le plus grand nombre des gogos. « L’écologie en bas de chez moi », son dernier brûlot dégomme dans le mille ! Essai, autofiction ou roman d’un sacré bonhomme bien inspiré qui a l’œil et le bon sur son époque et le courage de la rétorque. Humour constant et notes en bas de pages décapantes et parfois hilarantes, alors, si les verts de gris des esprits constipés vous boursouflent le souffle, lisez Legor vous n’en serez que plus fort !

Né à Moscou, Legor Gran pose ses valises à 10 ans en pays franchouille. Pas vraiment dans la norme scolaire, l’Ecole Centrale lui fait de l’œil. Qu’à cela ne tienne, bon pied bon œil il s’intéresse à ce qui l’entoure et il écrit au vitriol. Déjà dans son premier roman Ipso Facto paru en 1998 il avait étripé la bureaucratie. Avec ONG, banco les humanitaires lui mettent le pied à l’étrier et il obtient le grand prix de l’humour noir en 2003.

Il a le front haut à la Boris Vian lui aussi ancien centralien défroqué. Ces deux-là touchent à tout avec art et partagent aussi une forme d’humour avec amour. Marions-les et ils eurent des lardons, géniaux rigolards. Le génome humain étant ce qu’il est à cette heure, il vous faudra patienter, mais vite ça urge !

Tout commence par la diffusion à la télévision obligatoire de Home (clone de propagande digne héritier dans la lignée de Leni Riefenstahl), le film de l’hélico tartuffe, « un opportuniste oppressant, onctueux comme un pet » (page 17), ex photographe-reporter pendant dix ans du Paris-Dakar. Ça vous marque le moteur à réaction ! D’autant, quand son œuvre est parrainé par Luc Besson et François-Henri Pinault, les militants écolos bien connus du grand public. Legor s’énerve vite. «  On veut m’imposer quelque chose. Une inquiétude, comme un réflexe, moi qui suis né dans un pays de l’Est. On aimerait bien penser à ma place ». (page 11). De la publication d’un papier Rebond (le 4 juin 2009) dans Libération et son exaspération toujours croissante nait l’idée de ce livre ouvert porté par ce que « Mon instinct me dit que toute cette affaire est une atteinte à la liberté, à la culture, à l’intelligence. Il y en aura des lésions  ». (page 15)

Et comme Legor a de la répartie, c’est un terrassier intello, il aime creuser son sujet et nous l’asséner avec ses notes en bas de pages bien senties. « Je peux, quand je veux, écrire tout un chapitre sans notes en bas de page  ». (note en bas de page en page 112) Je note et je compatis !

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Il se fiche de perdre ses amis dont son vieil aminche Vincent. Il tient la route jamais à court d’arguments. Nicolas Hulot qui s’est trop shooté à l’ostie consacrée n’a fort heureusement aucun lien de parenté avec le personnage de Jacques Tati. Il frise souvent à la démesure, l’humour malgré tout, dans son tour de chauffe des esprits avec les conneries qu’il diffuse sur les plateaux des médias à sa croupe. « Chez Hulot, dans Le Syndrome du Titanic, le trip hallucinogène : « J’ai vu la planète se rétrécir sous mes yeux », côtoie les appels à la vocation digne de Saint-Paul : « Je ne suis pas né écologiste, je le suis devenu », et les poses sacrificielles : « Jusqu’où suis-je prêt à aller dans le choix, dans le renoncement ? ». (page 49)

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Il passe même au crible son tarin sensible concernant la plus grande source de pollution pour notre planète chargée en CO2. « La question des flatulences enfin ! Un pet est constitué de CO2, de méthane (25 fois plus méchant que le CO2), pour l’effet de serre) et de gaz odorants sulfurés, le tout en proportion variable, jamais tout à fait prévisible… Les pets et les rots de bétail constituent une source préoccupante de gaz à effet de serre, tant et si bien que Paul Mc McCartney, toujours à la pointe du sympa pédagogique, tendance camp de rééducation, a lancé le Meat Free Monday, afin de réduire notre consommation de viande. Attention, tous les légumes ne sont pas nos amis pour autant : les lentilles, les pois, les flageolets, le soja augmentent les flatulences, comme le dit la sagesse de grand-mère. S’y ajoutent la pomme de terre, le maïs, le blé, ect., sournois gisements de mauvais gaz  ». (notes en pages 83 et 84)

Autres sujets qui le fâchent dans son entourage proche, aux différents étages de son immeuble, vous vous reconnaitrez peut-être également dans la dame du 3ème étage C, du généraliste crétin. Des lieux et des noms qui vous chient à l’oreille tels Beaubourg, le Commandant Cousteau, le WWF, Carrefour, le salon de la Planète durable

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Il insiste sur le danger des ampoules fluocompactes très et trop dangereuses en cas de bris de verre…

C’est touffu, c’est fluide, l’argumentaire toujours très fouillé. Legor n’écrit jamais à la légère, c’est aussi ce qui lui permet cette liberté de ton unique et si salutaire.

Legor Gran représente un bol d’air à lui tout seul en bas de chez vous. Pourquoi vous priver du plaisir de le lire, le découvrir et décrypter avec lui les messages subliminaux des propagandes sur le développement durable qui frappent à votre porte tous les jours, sans que parfois vous vous en aperceviez. Danger imminent, danger permanant de l’écologie comme obligation collective. Danger d’autant plus compulsif par manque d’esprit ; « Je le savais pourtant que le double sens et l’humour sont absolument honnis de l’univers DD  ». (note en page 169)

L’humour honnis chez ces trublions fadasses, la culture est aussi leur pire ennemi. « La culture est une gueule cassée. Pour les troubadours de l’éco-responsabilité, il faut l’oublier, ne pas en parler, la mettre de côté. Nulle et non avenue, la culture. Dans les accomplissements humains, elle vient derrière la capote et les congés payés  ». (page 157).

Comment peut-on vivre sans humour et sans culture, je vous laisse deviner quelle société au pas de l’oie souhaitent pour vous les grands chefs DD ?
A suivre… les prochains épisodes du DD, chef de fil idéologique durant la grande farce tragico-comique des prochaines élections pestilentielles de 2012 !

Suite à la lecture de son brûlot, je me suis jetée à corps perdu et esprit tordu dans la bible du DD avec sa revue phare terraeco. Plus qu’un médicament pour soigner votre prurit intellectuel, c’est un appel de média putatif avec ses pubs pour RFI et la voix de sa maîtresse Anne-Cécile Bras long, Politis de concert écolo bobo, Arte abonné au Global mag et le clown Denis Cheissoux de France Inter. Vous n’y couperez pas !

Legor Gran vous donne un éclairage sans demi-teinte, sans vous commander ni encore moins toquer à votre porte pour s’imposer. Réfléchir, comprendre pour agir et se positionner pour être actrice / acteur de son existence et savoir décrypter les langages en vigueur, avec humour et esprit, telles sont les tâches qu’il s’est données à accomplir pour notre plus grand plaisir.

L’écologie en bas de chez moi de Legor Gran, éditions P.O.L, 189 pages, février 2011, 15,50 euros