LES POISSART : au paradis, c’est gratuit !

LES POISSART : au paradis, c'est gratuit !

Les Poissart sont toujours plongés dans la précarité, mais voilà que la chance semble leur sourire et le paradis va leur tendre les bras ! Un voyage inoubliable où tout leur est possible. Vivre parmi et avec et comme des riches dans un hôtel de luxe. Partez en vacances dans comédie dramatique sociale.

Une décharge publique, une caravane sur une petite colline, et à l’intérieur une famille, les Poissart ! C’est aussi le lieu pour apprendre à parler les langues étrangères sur les emballages alimentaires. Mais c’est là que Éric, le fils trouve un billet de tombola au sanatorium, dont le premier prix est un séjour dans un hôtel de luxe en Afrique. Ce ticket gagnant n’est pas vraiment entre les bonnes mains comme celle des Laudry : le mari est un riche entrepreneur, c’est même lui qui avait viré le brave Maurice Poissart, le patron qui gagne toujours plus, et qui tente avec sa femme d’inculquer et montrer la vrais vie en dehors à leur fils, plus concentré sur la console Nintendo que sur le monde des pauvres, le réel !
Les trois couples en Afrique, les Poissart, les Laudry dont la femme voudrait voir vraiment la réalité en dehors de l’hôtel, et le directeur du sanatorium avec l’infirmière en chef qui n’hésitent pas à comploter des idées pour détourner de l’argent du centre soin, à spolier les investisseurs. Et la dernière idée est surprenante, proche d’une méthode qui aboutit directement dans un four pour être réduit en poussière.
Tout ce luxe, ce personnel au service à tout instant, les Poissart sont émus aux larmes, mais Maurice tient à préserver de sa pauvreté, de sa dignité : ne pas trop profiter de toutes ces richesses. Ne pas abuser de cette propreté, de se faire cirer les chaussures, d’abuser du buffet à volonté GRATUIT … Oui, les Poissart sont au paradis , mais à petit pas.
Mme Laudry voudrait voir la réalité sociale Africaine, et la montrer à son fils qui ne quitte pas des yeux sa nintendo. Lors d’une petite excursion dans les alentours de l’hôtel, ça négocie ferme le prix d’une statuette chez le directeur du sanatorium, et monsieur Laudry ne se rend pas compte de la valeur de l’argent, à payer de trop un artisan local pour le dédommager de quelques dégâts, il y met le prix de la boutique, et du côté des Poissart, Maurice fait plaisir à son fils Éric, en lui apportant un souvenir gratuit : une signature du footballeur Didier Drogba ! Du moins, c’était floqué sur le dos du maillot du jeune joueur de foot, comme ceux du reste de l’équipe.
Pour épater sa femme à son anniversaire, monsieur Laudry va user de son argent, à embaucher quelques africains pour simuler une révolution par les armes ! Mais est ce les bons qui vont venir ! En tout cas, pour le repas, il y aura bien cette surprise inattendue, le comique préférée de la petite bourgade est là : Monsieur Paintex et son imitation inratable de Madame le préfet.

Tronchet revient à une de ses grandes séries , une satyre sociale, les riches contre les pauvres, la richesse compatit à la pauvreté. Entre drame et comédie, les personnages sont bien en place, avec chacun un statut social bien défini : les très riches avec les Laudry : le mari est prêt à écouter les pauvres mais ne répond jamais, Madame veut connaître la vérité mais son époux lui la masque très bien, quant au fils, il est très bien au chaud, dans la richesse, à ignorer le monde le nez plongé dans la console.
Puis la classe qui veut devenir très riche, et le fait par le biais du détournement : Lionel, le directeur du Sanatorium et sa petite amie l’infirmière en chef, qui ne cessent de combiner plans sur plans pour amasser un maximum d’argent pour partir en voyage à Venise ou autre destination dans le monde, sur une île à siroter des cocktails en laissant crever les patients du sanatorium.
Et les plus pauvres, SDF, une adresse : la caravane dans la décharge publique, les rebuts , les rejetés de la société, entourés par la mondialisation à la lecture des paquets alimentaires. Les Poissart résistent pourtant aux saisons, aux intempéries, aux échecs, et là pour une fois, ils sont gagnants ! Ils ont accès au paradis du « tout gratuit », comme si ils étaient riches (car ils l’ont été, la famille avait sa petite maisonnette, décorée avec le poster de la boîte de chocolat de noël). Lorsqu’ils sont dans ce luxe, les Poissart s’emploient à garder la modestie, ils connaissent la pauvreté, et son presque gênés d’avoir des gens à leurs services. Et quand ils visitent l’Afrique, ça leur rappelle chez eux, aucune différence, la même misère.

Tronchet allie l’humour et la phrase choc , les mots de la vérité qui viennent du pauvre, le scénario est bien mené, l’Afrique qui cherche ses révoltés, et le petit français pauvre, Maurice Poissart respectueux de tout ces évènements, prêt à les aider, à rester sur place, pour voir si il y aura une amélioration , soutenir l’indignation. Ce cinquième volet est planté dans l’actualité sociale, économique, et étrangère, quand la France visite l’Afrique, ce n’est pas pour la rendre meilleure. Les couleurs employées sont chaudes, le soleil rougis les personnages. C’est la sueur qui dégouline, pas vraiment moyen de se rafraîchir la conscience tranquille. Même le soir, le feu s’embrase sur l’hôtel de luxe.

Les Poissart avance encore plus dans la pauvreté, la richesse leur fait peur, et pourtant tout est gratuit ! Le buffet est à volonté ! Les draps sont propres ! Ils y des oreilles moelleux, et même un ascenseur ! Dans la pauvreté, il faut rester digne, même au milieu du luxe. Lisez sans détour ce cinquième volet des Poissart, car avec ça, comme dirait Madame le préfet : « Et dans vôôôtreee cafééééé... je vous mets un ou deux sûûûcre ? » (ha il ne la loupe pas celle là ! Merci Monsieur Paintex ! )

A l’occasion les tomes précédents des « Damnés de la terre » (autrefois édité chez Delcourt, puis Echo des Savanes) sont remis à jour sous le signe de la famille « les POISSART ». Et sous peu, nous aurons aussi l’occasion de vous présenter l’intégrale des premiers tomes à paraître chez Drugstore.

LES POISSART tome5 / Tronchet / Drugstore.