SABINE : c’est l’Afrique, une histoire de racine.

SABINE : c'est l'Afrique, une histoire de racine.

Voyage vers une ville, en pleine Afrique. SABINE. C’est l’histoire d’un lieu qui semble être inaccessible, on ne sait comment le trouver. Des enfants tentent ce trajet, pour découvrir la racine, l’essence de la création de la vie, là où tout à commencé, vers l’origine d’une femme pas comme les autres. Le chemin est long, semé de rencontres, de légendes, une belle histoire.

Trois enfants, ils jouent, ils se connaissent depuis leurs naissances. Anys, le plus jeune, au village on l’appelle « Anys à la langue fatiguée », depuis la mort de son chien il n’a plus prononcé un seul mot, et même en lui donnant le plus fort des piments à manger, il ne hurle pas, du moins il fait exprès, il a pris l’habitude du piment. Sasha, sa bouche est remplie de mensonges, il peut tout entendre et deviner avec son propre langage, mais je peux vous mentir. Bianca voudrait devenir sirène, d’où sa tenue à demie nue. Ces trois amis sont comme frères et sœurs, ils ont en commun une ancêtre, la plus vieille femme du village : Grand-mère l’Autre. Elle serait à l’origine de toute vie, des parents enfants, des petits enfants. Assise sur la branche d’un vieil arbre, un jour, la mort l’emporta. Sous l’aile de Bianca, avec Anys et Sasha, les voilà partis en voyage, vers Sabine, le village où est née leur ancêtre, là où tout à commencé, y retrouver la vie.

Maya Mihindou, jeune artiste gabonaise, nous ballade dans une Afrique étrange, avec ses dessins à la fois doux, tendre, inspirés par l’enfance, des touches de peinture, d’aquarelle, d’encre noire qui se croisent, recroisent, sans qu’on en trouve la racine, ils forment des boucles, des vagues, des ganses, et autres fantaisies, qui font les arbres, la faune et la flore, sortie droit de l’imaginaire des enfants. Tout au long de ce voyage, le dessin change, devient peinture, mélange de peinture, d’encre, d’écriture, de textures, d’un sourire, on passe au désespoir, pour un final coloré dans le ciel, au dessus des murs qui enferment la mémoire des enfants.

L’arbre est présent sur les dessins comme les textes, c’est le support de la racine d’une mémoire, d’une histoire, d’un souvenir, de jeux, de réflexion, de rêve autour de cette immense tronc feuillu, c’est de là que tout commence, il porte l’esprit, la mort de la Grand-mère, et jusqu’à la Ville, cet arbre va disparaître, s’éloigner, faire place à celui en béton, où on écrit des mots pour survivre, se rappeler, mais quoi ?! L’arbre est la mémoire de plusieurs générations, il était présent lors de la venue de la Grand-mère, jusqu’à la naissance de Anys, Bianca, et Sasha. Quand l’arbre n’est plus, le language change, il n’a plusde poésie, il ne récite pas une histoire, il n’a ni respect, ni mémoire.

L’écriture se fait à la fois à la main, douce plume, pointe fine, elle se fond au dessin, suit le parcours d’une bulle , le mot qui vient de la bouche, de la pensée. Maya Mihindou nous fait partager ses écrits et ceux des autres à travers quelques citations, des bouts de mémoires culturelles de Artaud à Welles.
De la poésie au texte de prose, les mots rejoignent l’illustration.
Cette écriture devient comme graffiti, abrupte, dur, dans la difficulté d’écrire avec le corps, avec l’esprit, comme bloqué, une écriture bâton comme les barres de bétons que forment ce village hors de la savane, hors des racines d’un arbre millénaire.

SABINE est issue de la collection Venusdea, créée par l’excellente, celle dont l’art n’échappe pas à son regard : Barbara Canepas (déjà aux manettes de la délicieuse collection « Métamorphose » ) . Elle est réunie les artistes contemporain reconnus et plus jeunes, pour leur laisser un libre court à l’imagination au fil de pages, du dessin à la photographie.

C’est un véritable coup de cœur, ce petit format carré, le travail artistique de conteuse. Maya Mihindou va vous ouvrir les yeux sur un autre mode de dessin, de manière de raconter une histoire, ici avec SABINE, de cherchez à votre tour dans votre mémoire, à vous évader dans le ciel, rejoindre votre propre arbre, et déceler l’histoire de racines. Entrez dans l’Afrique de Maya, c’est de la poésie, du charme, une sirène, des poissons, et des mots d’elle, et des autres. Une histoire comme il peut en exister partout si vous avez encore de la mémoire.

En savoir plus sur Maya Mihindou :
- son book

Corps préhistoriques (collectif)

illustration (c) Mihhindou / Venusdea / MC Productions

SABINE – Maya Mihindou (dessin, peinture, techniques mixtes et textes) / Vénusdea(Soleil production )