La haine (de l’Islam) en Liberté !

La haine (de l'Islam) en Liberté !

Patrick DECLERCK dit sa haine de l’Islam dans les pages horizons du journal "Le Monde".

Voici ma réponse.

Monsieur,

Le journal le Monde daté du 12 août 2004 dans ses pages horizons, vous laisse dire votre « haine de l’islam », avec une coupable complaisance.

J’ai bien lu votre « opinion » qui m’inquiète autant qu’elle me choque. Vous dites à voix haute, comme tant d’autres désormais, ce qu’hier vous étiez nombreux à ne même pas oser penser. Sous couvert de ce qui serait une légitime interrogation portée sur l’islam, vous délivrez un propos haineux et limité. Vous n’apportez rien au débat sur l’éventuelle modernisation de l’islam et son acculturation nécessaire avec les société qui désormais l’accueillent.

Que dites vous dans le fond… ? Que l’islam est porteur d’une séparation hommes / femmes tout à fait aliénante. Vous écrivez votre haine du fait religieux parce qu’il aliène l’homme. Et vous ajoutez une haine notamment de l’Islam qui, selon vous, plus que tout autre religion, « instaure un partage entre les sexes extraordinairement et spécifiquement pathologie ».

En effet, le traitement du sexe en général et le statut de la femme en particulier ne sont pas les sujet par lesquels l’islam affiche une éventuelle modernité… Et d’une manière générale, on ne peux pas dire que ce qui est majoritairement visible de l’islam aujourd’hui aide franchement ceux qui veulent plaider la cause de sa beauté spirituelle ou sociale. Je n’évoquerai pas plus le passé doré de l’islam pour tenter de faire oublier ce qu’il semble être aujourd’hui, pas plus que je n’évoquerai les abus des autres religions hier ou aujourd’hui pour excuser ceux de l’islam.

Je vous demande simplement ce qu’apporte votre affichage haineux au débat et à la communauté de ceux qui croient en sa nécessité, dans une sincérité dépassionnée et éloignée des sentiments que vous jugez enfantins… ?

La démocratie, cette « maladie mentale » comme vous l’écrivez, vous permet-elle d’écrire « Je hais le christianisme » ? « Je hais la laïcité » ? « Je hais le shintoïsme » ? La réponse est heureusement NON ! La démocratie dont voudriez sans doute nous soigner puisqu’elle est une « maladie » vous interdit en effet de dire votre haine de quoi que ce soit. Elle organise les nécessaires limites de la liberté. Incitons et encourageons les musulmans au débat critique sur l’islam. Mais faîtes nous grâce de votre haine que ne produira que de la haine en retour…

La critique et le recul, vis à vis de l’islam sont indépendants de la haine qui n’est que l’aboutissement du mépris. Pour haïr l’islam comme vous le faites, vous ne pouvez pas faire l’économie de mépriser les musulmans. Il est bien facile de parler de l’islam en oubliant opportunément que sa première manifestation sont les musulmans… Mépriser un humain, « fut-il musulman », et le haïr pour ce qu’il est c’est s’exposer à la sanction de la Loi puisque c’est de la haine « raciale ». Je formule donc le vœu de vous voir à la barre d’un tribunal pour vous y expliquer sur cette inadmissible violation. En disant ainsi votre sentiment de haine de l’autre pour ce qu’il est, vous ne « transgressez pas » comme il serait bon quelques fois de la faire. Vous insultez simplement.

Cette facilité revendiquée à écrire votre « haine de l’islam », sous couvert d’un droit à « exister debout » masque mal votre haine de l’humain en général. Vous dites votre haine des croyances parce qu’elles nous aliéneraient. Mais nous avons tous des croyances. Certaines de ces croyances sont religieuses ; toutes sont aliénantes. Haïr les croyances en raison de leur pouvoir aliénant c’est indiscutablement haïr l’humain dans ce qu’il a de plus intime et lui refuser sa part nécessaire d’aliénation.

Aucune des religions n’est à l’abri de critiques. Les monothéismes jouent sans doute un rôle social plus grand que les autres religions. Toutes les religions connaissent des phases de dormance morale et spirituelle qui succèdent aux moments de flamboiement. Toutes les religions, y compris cette très dogmatique religion de la laïcité, imposent des limites tout en ouvrant aux hommes et femmes de bonne volonté des portes vers la liberté.

La liberté de croire est indissociable de celle d’être. Les croyances sont toutes traversées par des rigidités. Certaines montrent même d’inquiétants visages de massacres et d’égorgements. Semez la haine n’apportera que la haine. Vous revendiquer le droit de dire publiquement votre haine de l’islam et inviter ainsi d’autres à vous rejoindre dans ce que vous dites être votre devoir et votre honneur. Cela s’appelle de l’incitation à la haine raciale. Si de tels propos avaient été durement sanctionnés lorsqu’ils étaient tenus contre les juifs avant la seconde guerre mondiale, notre continent aurait évité la Shoah !