Une création, adaptée du livre éponyme de Gilles Ascaride (aux Editions L’Ecailler du Sud), qui n’est pas le moins doué de cette fratrie de gens de théâtre qui nous a également donné Ariane et Pierre. Et comme si ça ne suffisait d’avoir écrit et adapté pour la scène ce court récit d’overlittérature, c’est Gilles Ascaride lui-même, car il est aussi bon acteur qu’on peut l’être dans sa famille, que l’on retrouvera sur scène pour interpréter le personnage principal, un hurluberlu qui vaut au texte son titre. Alors, qui est ce sultan dans l’escalier ?

D’abord un habitant de Marseille, ville mystérieuse par essence, qui regorge dans son histoire de personnages hors du commun : sorciers, mages, assassins, prêtres déments, prophètes, savants illuminés, aventuriers, cambrioleurs, escrocs sympathiques, flics hors norme...mais aussi des rois.
Tous très invraisemblables mais bien réels et pour un temps couronnés, et qui ont séjourné ou transité dans cette ville atypique ou même y sont nés. Ces rois de carton ont vu le plus souvent leur destin lié à la conquête et à l’histoire coloniale, profondément ancrée au cœur de l’antique cité phocéenne.
Alors dans sa pièce, Gilles Ascaride a imaginé un petit-fils d’un de ces souverains improbables ! Ce vieil homme, Frédéric Audibert, hante l’escalier d’un ancien immeuble bourgeois marseillais, soliloque et affronte le fantôme moqueur de Madame Ficcadenti, la concierge. Il raconte sa vie et celle des autres. Ancien ouvrier de la réparation navale, il va nous apprendre l’incroyable histoire de sa dynastie. Car il est bien roi ! Du moins le prétend-il en s’empêtrant dans le comique de sa majesté. Il va ainsi à travers son grand-père, puis son père, puis lui, dérouler le Marseille colonial, le Marseille de la guerre, le Marseille de l’après-guerre et celui qui veut se faire reconnaître dans Euroméditerranée. Émotion et rire iront donc de pair avec cette histoire qui n’a de farfelue que son mode de narration et l’audace iconoclaste de l’auteur.

La Ville de Septèmes les Vallons (capitale mondiale et déclarée de l’Overlittérature) a décidé d’être partie prenante, en coproduction avec le Théâtre du Millénaire, pour la création de ce spectacle ! Et j’invite tous ceux qui n’ont pas encore découvert l’auteur moustachu sur scène à ne pas rater cette occasion. Ceux qui l’ont déjà vu, et notamment dans Rencontre avec mon beau-frère avec laquelle il a tourné partout et près de deux cent fois, ne se feront eux pas prier. D’autant plus que Gilles Ascaride interprètera son sultan en compagnie de Claire Deffilippi et de Gérard Meylan, bien connu du grand public pour être l’acteur fétiche de Guédigian ! La mise en scène est de Jean-Marc De Cesare, ce qui pour les amateurs est un nouveau gage de qualité, et comme on ne sait pas quand ce texte sera rejoué, contribuons à son succès futur en ne remettant pas à demain le plaisir de compter parmi les spectateurs !