Rock and gore !

 Rock and gore !

Neuvième épisode des aventures de Mona Cabriole aux éditions La Tengo. Après avoir lu « Onzième parano » de Marie Vindy, vous ne percevrez plus jamais le onzième arrondissement de la même façon. L’avatar sexe drogue & rock’n’roll vous collera aux basques. Signé Furax, avec la figure du chanteur star d’un groupe rock, dont on retrouve le macchabée d’une jeune femme dans son page, sous le signe de la collusion entre meurtre et mutilation. Mona a choisi le camp du rock et mène son enquête à un tempo d’enfer.

Le béguin quelle galère ! Mona le vénère en version je l’aime lui non plus ! « Mona le regardait. Il était beau. Il était classe. Il avait un corps à tomber à la renverse et il le savait. Un connard. Ça faisait six mois qu’elle baisait avec un connard ». (page 10) Juste pour vous mettre dans les humeurs de votre héroïne préférée pour le 9 ème couplet rock on Paname. Seulement gore à vous, ça va saigner des entourloupes et pas le temps de glisser chaloupe à l’eau depuis sa péniche.

Et puis Marie Vindy, l’auteure, n’en est pas à son galop d’essai malgré son jeune âge. Déjà trois à son actif ! Après avoir tâter les Beaux-Arts de Besançon et Nantes et s’être régalée du salaire de prof d’arts plastiques dans le secondaire, c’est la littérature noire qui fera bonne figure pour elle. Elle chronique même le judiciaire et bosse aussi sur une série pour le chevalier Bayard éditeur.

Touche à tout de talent, la preuve avec ce nouvel opus plus que jamais polar & rock’n’roll. Elle creuse ses personnages et nous donne même quelques sources, comme un cocktail de vie entre Kurt Cobain, Bertrand Cantat, Alain Bashung, The Velvet Underground et autres sound. Il en sort mistral gagnant et pas du tout gnangna, un
certain Basile Winkler, chanteur phare du groupe Surface Noise, taxé déjà de deux disques d’or, pour vous en boucher un coin sur sa notoriété.

« Il y a aussi toutes sortes de fétiches qu’il gardait chez lui. Des vêtements de femmes, des sous-vêtements. Des lettres, des photos de gonzesse… Des paroles de chansons qui lui passent par la tête et qu’il griffonne partout. Ce n’est pas de la poésie pour jeunes filles en fleur ! Et bien sûr sa collection d’images très particulières stockées dans son portable. Les techniciens n’ont pas terminé de faire parler la bécane, mais je m’attends au pire ». (page 72)

C’est son baveux qui cause un portrait en demi-teinte de Basile. Son client l’a sollicité suite au fait qu’on a retrouvé chez lui dans son lit, à son domicile, au 132, bd Richard Lenoir, à quatre heures du mat, le cadavre de Clotilde Seger avec en moins quelques morceaux de choix pour apprenti garçon boucher !

Mona avec « Sa double casquette, - rayon faits divers, mais aussi rock critic » (page 29) avait tapé dans l’œil de Reinhold l’avocat commis pour sortir de taule la rock star, d’autant plus qu’il ne badinait pas vraiment en complicité avec ce milieu sexe drogue and rock’n’roll. Pour vous donner une idée : « Soit ce type vivait avec sa mère, soit sa femme avait un goût à vomir une bouillie de pizza. Mona comprenait mieux qu’il veuille se payer les services d’une personne en phase avec l’univers de Winkler. Reinhold avait besoin d’un sacré cours de rattrapage ». (page 68)

Vingt-deux balais, la morte et une famille influente qui a trouvé le bouc émissaire idéal dans Basile, le sans foi ni loi, l’immoral converti. « Winkler est aussi accro à la chatte de jeune fille qu’à la blanche » (page 89)

Les personnages sont troussés à la perfection, les interactions qui se jouent entre eux donnent des pistes vraies ou fausses à suivre. Faut que ça saigne ! Ça baigne dans la débine, la bibine carabinée et la coke pour les coqs et les coquettes. La parano instaure sa libido en cul de sac et patraque.

Et puis ces rock-stars à la con, qu’est-ce qu’elles ont à toujours vouloir jouer avec le feu de la camarde, à croire qu’elles ont raté leur suicide à la naissance ! Non, mais c’est vrai à la fin ! La bande son qui vous accompagne en tournant les pages est colossale. Même que pour les vers des poèmes qu’elle articule dans la bouche de ses héros, Marie Vindy tape au sens large de Mickey 3 D, Nirvana, Rose et Noire, Camille… Pas de quoi s’endormir sur son bol de camomille. C’est extra !

Un regret cependant, dommage que Mona Cabriole ne soit pas entrée en contact avec le meurtrier au lieu de courir après son ombre en fin de roman. Je ne vous en dis pas plus, à vous de voir.

Sinon pour le reste, je fonce avec Marie Vindy, même que j’ai envie de me glisser dans ses autres romans. La belle écrit au noir et pas au marc de café. Accrochez-vous du bide !
Une Mona Cabriole au mieux de sa fiole, nouvel épisode dans le onzième arrondissement mouvementé. Allo tango parano, je reçois ses aventures et ses envergures. Bonne augure, elle est troussée par une écrivaine qui connait le sens des mots et sais les donner à jacter sur le papier. J’accroche et lui décoche mon satisfecit. Bonne continuation Marie Vindy et encore merci pour votre écriture rock épure.

Lancement du roman par les éditions La Tengo, le vendredi 8 avril 2011 à partir de 18h30 à La Librairie La Manoeuvre -58, rue de la Roquette, Paris 11ème

Onzième Parano de Marie Vindy, éditions La Tengo, 304 pages, 9,95 euros, 6 avril 2011