Les dessous du feuilleton « On n’en parle jamais !!! »

Les dessous du feuilleton « On n'en parle jamais !!! »

Salut les gusses, mettez-vous tout de suite au jus : mézigue c’est King Konguette, la frangine à la Singette, en mieux, avec un sparadrap sur le crâne , un croc qui sort quand je souris et vachement de muscles sexy au niveau du cul
Donc on a deux hominidés pas habitués aux migrations de savane : une femme : Fred Romano de Formentera (Baléares / Espagne) et un homme : Franck dit Bart du Médoc (Gironde / France), éloignés de plusieurs centaines de milliers de kilomètres ont décidé un jour d’écrire un feuilleton à quatre mains. Même que les deux premiers épisodes pour le prix d’un gratos, c’est pour bientôt. A raison pour la suite d’un épisode par semaine, qu’on se le dise ! Nous, les grands singes, on passe le temps à des trucs vraiment utiles et super-chouettes comme attraper des fourmis avec une baguette. Enfin, bref, sans commentaires... Etant donné que je suis une vraie chieuse, je ne me suis pas gênée pour mettre les pieds dans le plat et leur ai posé toutes les questions auxquels ils ne s’attendaient pas. Et bonjour les branques, bienvenue les Freaks !

King Konguette : Une has-been avec un wannabe ? Qu’est-ce que vous trafiquez ensemble ?

Fred : Pétasse ! M’appeler has-been alors que mon dernier roman, Basque Tanger, qui s’est vendu un peu plus de 1000 ex, a été publié en 2006 et que l’éditeur est depuis en faillite ! Quel toupet ! On dirait que t’oublie, bestiole, que j’ai été la meuf d’un mec mort il y a trente ans et qui a donné son nom à une loi et à une station de métro parisienne… Ça me semble ridicule de ressasser que j’ai été la meuf à Coluche mais voilà, c’est toi qui m’as poussée. Sale bête. Quant à ce que nous faisons ensemble avec Franck, jusqu’à nos conjoints respectifs le savent : un feuilleton à quatre mains. On veut relancer une tradition disparue.

Franck : Wannabe, au moins tu pourrais jacter rabelaisien, bestiole de malheur au lieu de vouloir me fiche la honte d’une étiquette à laquelle je n’entrevois que couic ! Bas les masques ! Tu sais aussi qu’à force de pondre des manuscrits qui tombent dans l’oubliette, je me suis dit pourquoi ne pas écrire de concert avec la grande Fred, histoire aussi de s’étonner tant et plus. Et puis, je ne peux me résoudre à me dire que je n’aurai publié qu’un et unique premier roman, poing dans la gueule et à la ligne.

King Konguette : Donc des amis sur Internet. Jusqu’à quel point le virtuel est-il le paravent de votre –petite- vertu ?

Fred : Eh bien, on est de la même génération… Mais pourquoi tu rigoles bêtement, espèce de jouet infect ? Et puis avec Franck, en cinq ans d’amitié, on a bien failli se rencontrer au moins… une fois ! Mais comme ça on évite le réchauffement global, quant au réchauffement local, je suis mariée et même un peu plus.

Franck : Et puis chimpanzé de malheur, le réchauffement climatique, ça te colle des tiques. Pas vrai ? Je considère Fred comme ma frangine littéraire, on a des atomes crochus et explosifs. De là à t’imaginer des choses, t’as qu’à te coller une bonne overdose de ménopause, ça nous fera des vacances.

King Konguette : Un feuilleton et demain la Lanterne Magique ? Une expérience littéraire ou bien la Foire à la Brocante ?

Fred : On était tous deux trop bien dans nos lits respectifs à 3000 km l’un de l’autre pour écrire un autre roman chacun dans son coin. Moi, j’espérai bien le faire bosser comme un nègre tandis que je boirai du cava à sa santé. Malheureusement, il n’a pas été d’accord. Alors on a pensé à faire revivre une tradition oubliée, puisque la France est devenue si dix-neuvième siècle, la grande tradition littéraire du feuilleton, a nourri tant d’écrivains qui me déplaisent, comme Balzac, Zola, Verne et compagnie. Mais nous, comme on est deux modernes cons, on le fait gratuit et ouvert. Une vraie foire à la brocante. Les véritables affaires se trament en coulisse tandis que sur le devant de la scène on ne vend que de jolies merdes rutilantes.

Franck : Ton ratafia, tu peux te le garder, frangine. Le Médoc, c’est pas du toc. Oui c’est vrai, tous les blazes de ces zigues que tu nommes ne représentent pas non plus mon boc de pinard littéraire. La modernité mordante sur l’actualité et entendre le boum / boum de nos claviers, j’applaudis des deux mains. Transcender l’actualité dans les tripes de nos personnages, en voilà un drôle de voyage.

King Konguette : De quoi ça parle ? Comment ça finit ?

Fred : Chuuuut ! Mais ta gueule ! ON N’EN PARLE JAMAIS !!! Ça va faire du bruit…

Franck : Motus des sinus et cosinus, une équation bizarre qui va vous éclater les esgourdes.

King Konguette : Avez-vous des exemples de feuilletons qui vous transcendent les sens ?Fred : Rouletabille et l’Aiguille Creuse. Mais je crois que c’est la composante phallique.

Franck : Les aventures de Boro reporter photographe de Franck et Vautrin, avec sa canne il se compose un joli mâle plein de charme. J’adore les héros qui se bougent les puces sur le terrain des conflits et des bouleversements mondiaux et se fondent une vie badaboum à tous les instants.

King Konguette : Quelle est votre mode de fonctionnement dans l’écriture du feuilleton ?

Fred : l’Auberge espagnole. Chacun amène son monde et le consomme sur place. On a le droit d’engueuler son voisin s’il pue des pieds, s’il fait des fautes d’orthographe ou s’il n’est pas assez clair. Un mot clé : transparence. Une nécessité : Internet.

Franck : Auberge espagnole, trop facile depuis ton île de Formentera ! Etonne moi, ce fut aussi notre leitmotiv positif et ça marche, la preuve.

King Konguette : Pensez-vous, que de par votre entière liberté de créer avec le moins de contraintes possibles, vous aboutirez à un texte qui tient la route ?

Fred : Francky Boy, retiens-moi, je vais lui mettre un pain, à cet animal ! Tu veux que je te transforme en guignol ? Hein, animal pas même foutu de lire un texte ! Parce que si tu poses ce genre de question, ça veut dire que tu n’as pas été sensible à la grande force sensible de notre création commune ou alors que t’as lu « en diagonale » comme la plupart des gratte-papiers à peine sortis de l’école de journalisme. Ils sont contents, regarde maman, je fais de la lecture en diagonale, au moins du deux pages/minute ! Ils sont contents de leur performance parce qu’en fait, ils n’ont pas le temps de lire. Donc on a décidé de leur simplifier la vie et d’offrir à tous un format qui convient aux aléas de la vie moderne, un format qui séduira jusqu’à ceux qui n’aiment pas lire.

Franck : Court et concis avec de l’action et une chute qui met en haleine à vite aller voir ce qui déboule pour la suite au prochain épisode. Rien de nouveau à l’Ouest, sauf que le feuilleton populaire hebdomadaire, nada sur toute la ligne il est pour ainsi dire passé l’arme à gauche. Quand il n’y avait pas l’écran de décervelage installé dans toutes les pièces des maisonnées, à la radio ou dans les journaux, il avait cours ce sacré feuilleton et c’était bonnard.

King Konguette : Ecrire à deux, quels plaisirs en tirez-vous ?

Fred : C’est une interview pour lecteurs de plus de dix-huit ans ? Mais enfin, sale bête, arrête de ricaner ! Je ne phantasme pas ! Le plaisir est partout, surtout puisqu’on est tous les deux acti-vite et dyslexiques, cad deux malades mentaux qui confondent la gauche et la droite. C’est amusant sur la route comme en politique ! Et puis j’en profite pour lui piquer des trucs à Francky Boy… Je prends que le meilleur…

Franck : Arrête de te fourrer la banane par les trous de nez, ça va te rendre encore plus maboule, ma poule. C’est fou ce que j’apprends à lire et à écrire avec Fred. Je suis pour les échanges créatifs collectifs et fédérateurs. J’en ai aussi un peu marre de marner seul avec ma pomme. Ecrire c’est éprouver beaucoup de plaisir et aussi de la souffrance, à deux c’est encore mieux.

King Konguette : Le feuilleton, c’est pour quel public ?

Fred : Mondial francophone, européen, polyglotte, informé, conscient, ironique, individualiste, bref des gens qui n’existent pas (encore). Des gens virtuels, disons.

Franck : J’espère un public concerné par l’actualité et très curieux. Un public engagé qui aime se poser des questions. Un public qui gerbe une certaine littérature nombriliste qui nous encombre par trop les pages ici et maintenant, partout. Et enfin, un public qui j’espère a de l’humour et ne se prend pas trop au sérieux.

King Konguette : Vous n’avez pas peur qu’en le diffusant sur la toile, votre feuilleton soit pillé ?

Fred : Qu’ils pillent. Niveau 4 du plan stratégique : la propagande par le piratage. Et ne pleurniche pas sur les droits d’auteur, marionnette, le fric on le laisse aux ONG (Ouvroir des Nunuches Glaireuses) puisque ça les fait baver. De toutes façons, en Espagne, on ne donne plus le top ten des ventes mais celui du piratage. Tu saisis l’esprit des temps modernes, animal ? Mais bon j’en profite pour passer un petit message personnel : si un éditeur ou un journal ou un site web voire même un petit enfant veulent nous faire un contrat juteux, nous étudieront toutes les propositions.

Franck : La toile est un fameux outil de communication gratuit, alors pourquoi se gêner et se priver d’exercer son droit de liberté de penser et d’écrire ? Bienvenue à nos personnages anticonformistes par excellence qui dérangent le ronron du quotidien par trop aseptisé. Tout le reste n’est que SACEM, pour paraphraser dans le contexte musical, une chanson de mon ami Joan Pau Verdier.

King Konguette : Acceptez-vous des commentaires de vos lectrices et lecteurs et en tiendrez-vous compte ? Seront-ils susceptibles de modifier l’intrigue ?

Fred : Oui, bien sûr, et nous les mettrons en ligne. Les commentaires sont souvent une source surprenante d’inspiration. Je crois sincèrement qu’on devrait aussi mettre les liens vers les sites pornos qu’ils aiment à nous vendre. Nous en discuterons avec nos hébergeurs. Si les lecteurs seront susceptibles de modifier l’intrigue, ça on verra bien. On a ceux que l’on mérite, à ce qu’il paraît.

Franck : On ne demande que cela, un retour et une communication ouverte avec notre lectorat. Ce qu’aucun(e) auteur(e) ne peut se permettre sans sa phase d’écriture, nous avec le feuilleton, on le peut. Alors faites-vous plaisir, on n’est pas susceptible.

King Konguette : Alors comme ça c’est la loi du talion ? Vous ne serez fidèles à personne ?

Fred : Nous avons prévu plusieurs hébergeurs, effectivement. Je ne vois pas pourquoi on serait obligés de se marier : notre exclusivité est trop chère pour eux. Parce que nous désirons être payés en milliers de lecteurs francophones.

Franck : Fidèle, fidèle, je suis resté fidèle, je laisse la fidélité au fou chantant que j’apprécie beaucoup en passant. Et puis l’amour libre c’est moins pesant.

King Konguette : Quand je souris, quelle est la première chose qui vous vient à l’esprit ?

Fred : Vomir. Acheter une nouvelle paire de lunettes. Consommer moins de champignons hallucinogènes. Cette année j’aimerais aussi publier mon nouveau roman « Aimer ». C’est le meilleur que je n’aie jamais écrit. Et à propos de cocotiers, j’accepterais sans trop rechigner un voyage en Polynésie parce que c’est pas avec ma pension d’invalide des castagnettes que je vais me payer l’aller-retour Formentera-Moorea . Envoie ta carte Visa, peluche ! Avec le PIN, merci.

Franck : Fais gaffe Fred, si tu lui parles de pine, c’est foutu elle va monter au rideau. Puisque on évoque nos souhaits, en 2011, j’ai un projet collectif avec un photographe éditeur et une amie qui deviendra modèle dans le Médoc pour incarner dans un roman, l’image de Bluty, mon personnage de vampire motarde préférée. Et puis, pour mes chroniques sur le Mague et sur le Post.fr, j’ai plein de personnes à rencontrer, à qui donner la parole créative et / ou associative. J’ai encore beaucoup de livres à lire, de film ou dvd à voir, écouter des cd… Toute une actualité vivante et vibrante qui m’enchante.

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Fred Romano

Bibliographie de Fred Romano :

* « Madame Azkhéri est tombée », nouvelle, L’Autre Journal, 1986
- Premier prix mondial de la nouvelle RFI / Ministère de la francophonie 1994

* « Edward_Amiga », le premier hyperoman en français, impossible à publier sur papier(1997) : http://www.telefonica.net/web2/worldwindows/ed_amiga/index.htm

* Le film pornographique le moins cher du monde », roman, 2000

* « Contaminations », nouvelles, 2001

* « Basque Tanger », roman, 2006

* Nouvelles dans le recueil de nouvelles de l’atelier du Gué, 2008
- Premier prix de la nouvelle francophone de l’université de Louisiane (2007)

* Plein de projets, en français, en espagnol et en anglais….

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Franck dit Bart
caricature de Julien Wolga

Bibliographie de Franck dit Bart : -

* Quelques piges pour Moto magazine, le pavé dans la marre, et feu la Vie au Soleil et dans Naturisme magazine

* Carl et les vies parallèles, roman aux feux éditions Michel Champendal, 2006

* Chroniqueur pour le Mague sur la toile : http://www.lemague.net sous le pseudo de la Singette Missdinguette, pas loin de 250 articles en ligne dans différents domaines culturels, sociaux et locaux (« Gens du Médoc »), avec des interviews. Chroniqueur également sur le Post.fr : www.lepost.fr/perso/la-singette

* Un projet de roman vampirique autour d’une femme libre motarde, illustré par des photos dans le Médoc en 2011