ANNIE GIRARDOT OU LA FIN HORRIBLE D’UNE LEGENDE

ANNIE GIRARDOT OU LA FIN HORRIBLE D'UNE LEGENDE

Enfermée à l’intérieur de son propre corps, à l’affût de quelques bribes de souvenirs, lointains et brumeux, rapportés par son entourage et sur lesquels elle ne pouvait mettre des noms ou des dates, ni même les rapporter à certaines étapes de sa brillante carrière cinématographique et théâtrale, telle était la vie que vivait, ces dernières années, Annie Girardot.
Alzheimer aura été son dernier grand combat, celui qui nous éloigne chaque jour un peu plus de la réalité et de nos souvenirs. Quelle horrible punition pour tous et encore plus pour celle qui consacra sa vie à se rappeler de ses textes, afin de pouvoir nous émerveiller par sa truculence et l’incarnation profonde qu’elle savait donner à certains de ses personnages, jusqu’à nous en faire oublier qu’elle était Annie Girardot tellement elle savait changer de peau.

Une légende vivante vient de disparaître, au même titre que ce cinéma auquel elle donna ses lettres de noblesse.

Belle dehors et dedans, Annie rayonnait par sa seule présence, jusqu’à nous faire penser que nous la connaissions déjà, avant même de la voir sur grand écran. Son côté authentique pouvait la faire ressembler à notre voisine de palier, celle qu’on aime rencontrer simplement pour s’imprégner de sa paisible présence rassurante.
C’est cette humanité qui la faisait ne ressembler à personne d’autre qu’à elle-même et certaines femmes faisaient tout pour essayer de la prendre comme modèle afin de lui ressembler, sauf que la simplicité et la gentillesse ne s’inventent pas.

Sans elle, le cinéma risque de ne plus pétiller autant et pourrait bien ressembler à une boisson insipide, voire même à un Art qui perdrait une partie de son âme. Annie le faisait vivre à cent à l’heure, ce cinéma Français, comme si elle se doutait inconsciemment que la vie ne lui laisserait pas le temps de tout faire pour nous régaler de sa présence.
Une étoile vient de s’éteindre dans ce ciel glacial et il faudra du temps avant d’observer sa petite sœur jumelle.

Annie Girardot vient d’aller rejoindre Louis de Funès et nous prions tous pour que ces deux monstres sacrés sèment la zizanie au paradis, afin que nos chers disparus se fendent enfin la poire !