GIUSEPPE BERGMAN : L’aventure impossible !

GIUSEPPE BERGMAN : L'aventure impossible !

Aventure ! N’avez vous jamais eu envie de vivre enfin l’AVENTURE ! Sortir d’un quotidien banal : se lever péniblement du lit, déjeuner, chercher du travail … une vie monotone, sans action, rien ! Giusepe veut vivre enfin l’aventure, il veut oser ! L’Aventure va changer sa vie ! Il se jette dedans , sans hésiter ! Les années 70 osent reprendre le goût de l’action, de l’improvisation, du charme : c’est ça l’aventure ! Une destinée graphique à reprendre en main !

venture ! Ou plutôt les Aventures ! Giuseppe Bergman a enfin la possibilité d’en vivre une ! Une vrai ! Il va pouvoir bouger de son taudis et rencontrer un producteur, suite à une annonce, sa candidature a été retenue pour l’Aventure ! C’est à Venise qu’il va retrouver un mentor appelé HP pour l’aider à vivre ce grand moment d’action, de prendre ses propres décisions pour mener et vivre cet instant.
De Venise, Giuseppe se jette dans l’aventure, et elle va se multiplier : divers périples vont se dresser sur son chemin, son destin, voir son imagination : un kidnapping en ville, poursuite en voiture, puis sur un bateau sur l’amazone, pris au piège d’une tribu agile avec un arc et des flèches, des femmes aux charmes inavouables, dans l’eau, le torrent le plus rapide, sauf d’une noyade certaine, Giuseppe mène son aventure au mieux, avec des risques à chaque instant, au péril d’une mort certaine. Mais c’est son aventure ! Il peut la manipuler, la changer, revenir en arrière, refaire la scène, mais il a besoin de HP , étrange homme, un guide spirituel, un habitué de l’aventure, qui lui prodige des conseils peu suivi par son débutant dans l’exercice. L’aventure est une épreuve qui demande du tact, de la réflexion, et Giuseppe veut la vivre à pleine dent ! Mordre dedans ! La croquer ! Mais si cette aventure n’avait pas de fin ?! Venise en point de départ, Venise en point d’arrivée, mais pour continuer où ?! Hp et Giuseppe ont peut-être une réponse ?!

Les années 70 n’ont pas été très valorisantes pour la bande dessinée d’aventure, la vrai ! Celle d’un Jack London, Melville, Conrad, semblent avoir disparues pour Manara, en écrivant sa préface. Il est vrai qu’une certaine censure agit en France, avec une commission de contrôle sur la lecture jeunesse. où le typex régnait sur les onomatopées, de simple révolvers, les héros masqués sont démasqués, etc... Manara a retrouvé un espoir pour dessiner de l’aventure en fréquentant Hugo Pratt, avec la première œuvre d’aventure graphique dans la bande dessinée : Corto Maltèse. Le dessinateur italien va se lancer, il veut faire une bande dessinée d’aventure ! Au diable la censure ! Il va la défier ! Giuseppe Bergman est là pour ça ! Pour relancer l’aventure, la vraie ! Avec ses dangers , ses armes, les femmes sont nues, naïves, faciles, des hommes au caractère trempé, violents, parés à brandir le fusil ! Manara ne veut aucune couche de typex ou de transformer cette aventure à la rendre lisse, pour se rendre conforme à cette commission française (composé avec des hommes d’église catholique, et le Parti Communiste Français ) sur la lecture jeunesse. Il veut montrer la véritable aventure, la rendre adulte. La bande dessinée doit dépasser le cadre de la jeunesse.

Manara mène un style influencé par les comics américains, dessine les femmes en s’appuyant sur des photos de mannequins de mode, Son noir et blanc est équilibré, entre les personnages, les décors, la mise en scène, des vues spectaculaire, des planches avec un grand dessin d’une précision incroyable, comme une couverture, un chef d’œuvre graphique incontournable. Sur le scénario, tout les risques sont pris, et l’aventure prend forme, prend de l’assurance, le personnage Giuseppe est à la fois malmené, jeté, projeté, sauvé à temps, prend du courage, se bat contre un animal, c’est un aventurier moderne, en quête d’une vie bousculée, changée.

Manara ose, il est un aventurier, avec Giuseppe Bergman, il en fait un héros de l’impossible, du danger à tout va, et jusqu’au bout de la lecture, vous allez être pris dans un rythme où le temps de pause donné par l’étrange HP, est de courte durée, en plus d’une présence symbolique de la « censure », par une forme de diable qui le fait chuter, recommencer un geste, une action … C’est une nouvelle graphique, un roman d’aventure illustré, et de fort belle manière, avec intensité. Avec ce format inédit pour cette réédition (rectangulaire, court) , l’aventure de Guiseppe Bergman va devenir une lecture agréable, fascinante, bien prise en main. Rien ne vous échappera de l’Aventure !

GIUSEPPE BERGMAN : Aventures Vénitiennes / Manara (scénario et dessin) / Drugstore.