L’Incompris, « machine à faire pleurer » !

L'Incompris, « machine à faire pleurer » !

Sortez vos mouchoirs, il va pleuvoir des larmes avec ce film mélo/morbide signé Luigi Comencini en 1967. Votre sensibilité d’humanos va être titillée dans le sens des blessures de l’enfance chez un rejeton du consul à Florence. Presque un huit clos aseptisé où le fairplay britannique s’astique la chique pour garder ses sentiments au jardin. Tous les ingrédients y sont pour que la sauce prenne son fade, avec Mozart et Carpi qui vous mettent en appétit. L’incomprise pour ce film, c’est bien moi ! Sans doute mon côté animal et mon manque de sérieux chronique pour ne pas apprécier de calancher avec le jeune personnage tombé de sa branche ! Je ne dois pas partager ce côté gamine. Moi ce que j’en dis c’est qu’il n’y a pas que la mort dans la vie !

L’incompris (1967) de Luigi Comencini représente l’anti dote de son époque troublée et flamboyante. Sous les pavés la plage, ce qui explique la vague désabusée des critiques lors de sa sortie. On a presque des difficultés à croire que c’est le même homme qui réalisa deux fameuses satyres sociales telles La Grande pagaille (1960) et L’Argent de la vieille (1972) qui ont comme de bien entendu mes préférences.

Autant les mélos d’un Fassbinder peuvent toucher ma fibre animale, autant cette « machine à pleurer », comme la désignera Comencini, m’ennuie profondément et me donne envie de baiser avec Morphée. Les ricains toujours à l’affût d’un bon plan pour se remplir les fouilles ont réalisé la même chose (pour ne pas utiliser un terme angliche) par Jerry Schatzberg en 1983 avec Gene Hackman ex french connexion piqué au vif. Vous pouvez imaginer le topo et sniffer vos tire-jus en chœur !

Je ne sais pas du tout ce qui lui a pris à Florence Montgomery d’écrire le roman dont s’est inspiré ce film. J’imagine une crise existentielle pour combler son ennui.

De même que Comencini aura plus de pif en réalisant Les aventures de Pinocchio en 1971. Ah ! La nostalgie de l’enfance, c’est bon pour arnaquer les adultes à venir poser une fesse distraite sur un divan. Raison de plus pour un consul britannique qui s’installe dans le faste à Florence. Pour en venir à l’histoire, le zigue vient de perdre sa femme, il confie la nouvelle à son fils ainé Andréa âgé de 10 ans et futur incompris. Vous aurez pigé l’astuce et qui tire les ficelles. Même que le pater austère lui fait promettre de cacher la vérité à son petit frère Milo cinq ans. Comencini ressort les arcanes de la psychologie de bazar en voulant nous faire croire, que Andréa, le grand garçon sera prendre sur lui à l’image de son père froid comme une montagne de glace. Il a tout faux et nous détaille les miasmes des sentiments qui aiguisent leurs blessures à l’azur où tout se joue une bouleversante tragédie.

Les enfants, (heureusement pour nous), surtout le petit garde à l’esprit un imaginaire faste, ce qui réveille le film à certains moments. Il y a aussi le personnage de l’oncle Will plein d’humour qui pousse la dérision à faire croire à Milo que les messieurs à la peau noire avec lesquels il va partager son repas en compagnie de son frère et son père, ne souhaite qu’une chose : le manger. Et comme le gamin ne sait pas tenir sa langue. On frise l’incident diplomatique. C’est la seule scène qui m’a sorti une salve souriante. Merci tonton !

Il y a aussi les jeux de pouvoir et de domination qu’exerce le père sur le grand, au jeu de dupe en l’invitant dans son bureau à devenir son secrétaire. L’enfant ne songe qu’à une chose : se surpasser à l’audaciomètre, pendu à une branche vermoulue qui nargue une mare en contre-bas. Trop facile les ficelles, badaboum ! Andréa rêve du portrait de sa mère et qu’on l’enterre….

Ce film en tant que machine infernale à tester votre capacité lacrymale tourne à plein régime. C’est esthétique, c’est chic. Bon film ? !

L’Incompris de Luigi Commencini, 1967, nouveau master restauré, version originale / sous-titres en français, couleurs, durée du film 100 minutes, distribué par Carlotta Films, 19 janvier 2010, prix 14, 99 euros

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