La mouche. Cet insecte attiré par l’odeur forte et animale, celle d’un Troll par exemple. Du moins, cette bête légendaire, à la force surhumaine, en a plus d’une qui tournoient au dessus de sa tête, signe que nous avons face à nous, un adulte. Le troll, ce monstre plus poilu qu’un singe, avec des habitudes assez proche de nous les hommes, si ce n’est sur un petit point : ils adorent manger des êtes humains, avec une bonne sauce, parfois accompagné d’une tranche de dragon (à moins que n’ayez pris certaines habitudes culinaires proche du cannibalisme, contactez nous au journal,on transmettra à Arleston, fin gourmet). Force et appétit d’ogre, c’est ça un Troll. Pourtant ils doivent en cacher bien plus ?! C’est ce que tente de découvrir, entre une grande bibliothèque, une salle de chimie et de sortilèges, l’homme le plus puissant de la région de Ekmüll dans le monde Troy : Ryota Fuquatou. Il tourne autour du mystère Troll comme une mouche au dessus du crâne de cette bête.

Il y a une autre légende qui court, depuis la forêt des Trolls, une petite fille vivrait parmi eux. Abandonnée dans un fossé, un joli bébé bien en chair est retrouvé par des trolls lors de l’attaque d’une calèche, trop chargée et digérée de son contenu, tant en nourriture, qu’en humain. A l’habitude, un être aussi dodu qu’un nouveau né, ça se mange , on n’attend pas, surtout pas un troll affamé et déjà la bouche baveuse, la langue pendante, savoir que sa femelle conçoit déjà une succulente recette. Parmi ces trolls, l’un d’eux va craquer pour ses gros braillements et une morsure au doigt très costaude. Teträm va prendre ce nourrisson, une petite fille, sous son bras. Elle s’appellera Waha ! Le plus vaillant des trolls va l’élever comme une des leurs : tailler un arbre en deux parties : fazun, et fazedeu , ou encore fracasser un gros cailloux, et autres jeux et coutumes Troll. Tel un papa, il va la protéger du clan, où déjà se présentent quelques jalousies entraînant la bagarre. Et gare à celui qui touche de près ou de loin à Waha, Teträm est prêt à distribuer les baffes ! Ne lui faites pas prendre la mouche !

Waha et Fuquatou ont pourtant un lien, une paternité, avec la complicité d’une sorcière légèrement vêtue répondant au nom de Hätyfe. Mais les mouches n’y sont pour rien. Elles sont restées avec les Trolls.

De l’aventure très troll pour ce 14ième volet des Trolls de Troy. Suite au succès de Hébus le Troll (dans Lanfeust de Troy et plus si affinités) , Arleston a pointé sur son immense carte dans son bureau, la forêt de Troy, décale le temps et remonte à plusieurs milliers d’années avant même que naisse le petit Lanfeust, et nous voici dans les entrailles d’un petit village gaulois... Oops ! D’un petit village de Trolls, à peine organisé, sans chef, ou alors c’est celui qui a le plus de mouches au dessus de la tête le chef ? Pour tout vous dire, c’est le Troll qui cogne le plus fort ! (Haïgwepa est le plus costaud, cogne le plus fort, c’est le chef ! La démocratie par le coup dur ) . Tous ont un caractère différents, avec ce point commun de la chasse pour l’appel du ventre. Et il arrive même à partir d’un humain, d’improviser sur un support de type rocher , d’exploser une sanguinaire inspiration artistique.

Arleston s’amuse parmi les Trolls, il entre dans des dialogues truffés de références proche de la belle région de Provence, parfois à y trouver du vocabulaire local, le tout avec des pointes de jeux de mots, entre sur les noms de ses personnages. Il est un peu un Goscinny, et les gaulois sont devenus des Trolls qui résistent à la magie des hommes, et sont déjà tombés dans la marmite de potion magique, le sanglier est devenu un être humain qu’on dépèce avec respect et poésie. Côté cuisine, Arleston est fin gourmet, et il serait bon de retrouver quelques plats de Trolls sur le menu d’un restaurant (d’ailleurs, je me demande même si il y en a pas déjà dans un restaurant … entre les Bouches du Rhône et le Var ). En tout cas, le scénariste de Lanfeust s’amuse dans cette petite forêt.

Côté dessin, le talent de Mourier est d’une grande efficacité, dans un style où il rend ces Trolls amusants, attachants, un peu comme si les ogres des contes de fée n’ont pas une tête à faire peur. Même si ils ont du muscle, de la force, Mourier leur donne une attitude entre le grand chimpanzé, et un adolescent qui tient à peine en équilibre et se plie ses genoux, un peu rock (’n’Troll attitude, titre du 8ième opus, le cri du rock vient du Troll ! ).
La faune, la flore, les mouches complètent le décors pour y mettre en scène ces géants de poils et de mouches, avec entre autre, une superbe planche : un repas autour du feu, entre Waha et Teträm, dégustant un dragon en broche.

Aventure et humour sont les liants de ce monde de Troy, à travers ses histoires et légendes de Trolls, ces bêtes à poils et à mouches. Une petite dose d’héroic-fantaisie, de la chaire bien dodue, une cuisson saignante, exprimez le troll qui est en vous ! Tarzan a été élevé par des singes, Mowglie par des loups, Peter Parker par une araignée, vous trouverez bien en vous une trace d’origine de Troll : une pilosité très poussée, voir des mouches qui tournent au-dessus de votre tête. Vérifiez, on ne sait jamais ! Vous n’êtes surement pas loin d’une forêt ! Le Troll est en vous !

Les infos en plus : Retrouvez à partir du 24 janvier, au Festival International de la bande dessinée à Angoulême, une exposition consacrée au Monde de Troy de Arleston et ses dessinateurs des quatre coins de cette terre.
Et si vous vous posez cette question : Lanfeust avait il des mouches au-dessus de sa tête étant petit ?! Lisez le nouvel opus de « Gnomes de Troy » (Arleston – Tarquin / Soleil )

TROLLS DE TROY : L’histoire de Waha (tome 14) : Arleston (scénario et recettes culinaires ) & Mourier (dessin) – avec les couleurs de Claude Guth / Soleil