BILLY BROUILLARD doute du Père Noël !

BILLY BROUILLARD doute du Père Noël !

Noël, c’est le moment de croire au fameux bonhomme en rouge qui apporte les cadeaux. L’enfant va avoir le jouet qu’il a commandé au père noël, tout neuf, à sortir du paquet cadeau. Billy Brouillard a un petit soucis avec le monsieur à la barbe blanche, il va émettre un gros doute qui pourrait l’entraîner dans un terrible monde noir, de monstres et autre fantaisies cauchemardesques.

Billy Brouillard est un gentil garçon, courageux, vif en imagination, il a perdu son plus grand ami, son confident : son chat Tarzan (cf« Billy Brouillard et le don de trouble vue » ). Noël approche, ce bon vieux Père Noël pourrait lui apporter en cadeau son ami vivant, du retour du royaume des ombres. Mais un élément tragique intervient dans cet esprit de croyance enfantine : et si après tout Le Père Noël n’existait pas ! Billy en a un début de preuve. Mais une peur s’installe, un cauchemar, le plus terrible des monstres sous le lit ou dans le placard, voir à la fenêtre : le méchant Croquemitaine !
Même étant armé de sa super capuche, la force ne suffira pas à Billy Brouillard pour échapper au Croquemitaine ! Dans ses épreuves, dans ce possible éveil ou sommeil, dans une poésie noire, plongée dans les ombres à la fois diaboliques, mystérieuses, étranges. Dans la gueule du Croquemitaine, il va croiser une jolie sirène , mais je ne vous dirai pas son prénom, elle ne le prononce que pour celui dont elle est amoureuse.
Dans cette poésie noire, Guillaume Bianco entraîne le petit Billy habillé de son sweat-shirt avec sa capuche pour se déplacer à grande vitesse, dans le noir, éclairé à la bougie, par la lune, dans un rêve, ou une dimension où le petit garçon veut retrouver son chat Tarzan, avec ce doute posé sur la croyance au père Noël, et Billy a peut-être bien grandi à travers cette supposition sur l’existence du bonhomme en rouge avec sa hotte.

Au fil de la lecture, vous aurez des pages de l’encyclopédie illustrée par Billy Brouillard, son bestiaire personnel, découvrez les dessous de la Mort, les origines du Croquemitaine, l’anatomie d’une sirène comparé à la sardine, ou encore le masque de peste à l’origine des fameux elfes du Père Noël pour l’aider à distribuer les cadeaux. Tout en rimes, l’écriture simple et enfantine de Billy Brouillard va vous transporter dans des bouts d’histoires, comme une transition, une pause, où Billy se sent bien, il se laisse aller, s’abandonne presque.

Guillaume Bianco en a usé des plumes pour ce second volet de Billy Brouillard , il n’use pas de la case, il déborde à peine pourtant les dessins qui se succèdent sur une planche, une pluie noir en trait pour la nuit, l’ombre pleine sans hachure pour la peur. C’est l’imaginaire d’un grand garçon dans le corps d’un plus petit, un côté inspiré de l’univers de Tim Burton par « L’étrange Noël de Mr Jack », il reprend les plus grandes peurs de notre enfance. Jamais les parents n’interviennent, si ce n’est pour retirer cet étrange pouvoir, ce don de « trouble vue », pour ne plus avoir peur du noir.

Billy est un garçon courageux, une capuche magique, il apporte son affront, sa ténacité face à ses convictions soudaines, à chaud, Billy n’a jamais tort, il ne se pose pas trop de question, il a une idée en tête et ira jusqu’au bout pour la prouver, pour réussir ce pari fou, dans ce second tome, pour ramener son chat Tarzan du royaume des ombres et s’évader de l’emprise du Croquemitaine.

Guillaume Bianco a gardé un fond d’enfance dans une bouteille d’encre de chine, et la sort de celle-ci, elle est loin d’être vide, Billy pourrait bien retrouver son don, et son dessinateur au sommet de sa plume n’est pas encore arrivé à vider le noir, il risque de revenir encore pour quelques nuits, comme celle de noël.

Billy Brouillard fait parti de cette formidable collection « Métamorphose », crée par Barbara Canepas (d’ailleurs je profite pour dire que le mot en italien sonne beaucoup mieux, et il est beaucoup plus agréable) avec différents formats pour les livres, le graphisme et l’histoire sont poétiques. Ces livres se présentent comme ceux que vous trouvez dans le grenier de vos grands parents ou vos aïeux, le beau livre, avec des ornements sur la tranche, les feuilles grainées. La couverture offre ce bel effet brillant sur le personnage à la hotte. La typographie est classique, celle des journaux du début du 19-20ième siècle, où on retrouve ce style graphique sur les pages jaunies de l’encyclopédie de Billy.

Mettez vous sous une couette et des draps bien chaud, la veille de noël, lisez Billy Brouillard, et dans votre rêve, vous ne nierez pas de trop votre croyance au Père Noël. Pensez y pour au pied de votre sapin, votre cadeau le plus attendu s’y trouvera pour votre joie d’enfant.

BILLY BROUILLARD : Le petit garçon qui ne croyait plus au Père Noël / Guillaume Bianco (scénario, poème et dessin) / Soleil – Collection Métamorphose.