Mon combat personnel contre la chute des cheveux

Mon combat personnel contre la chute des cheveux

Je souffre de racisme capillaire au premier degré. La vue d’un crâne chauve me hérisse le poil. J’ai du mal à faire confiance à un rasé ou un tondu du caillou. Je sais c’est con, intolérant, injuste et cynique, mais c’est comme cela, même si je m’en mords la touffe parfois le soir en m’endormant.

La perte des cheveux m’angoisse. Non seulement la mienne, mais encore davantage celle des autres. Je me fais des cheveux pour un rien, « je suis un anxieux » comme dit ma femme.

Ca doit être parce que toute ma famille souffre d’alopécie, nom scientifique donné à cette « maladie » là.

Ca doit être parce que j’ai été mordu par un teckel à poil court lors de ma neuvième année, celle où j’étais le plus mignon - et où des filles de quatorze et seize ans me roulaient des pelles chez ma cousine en échange qu’elles me montrent leurs seins dodus.

Ca doit être parce que j’aime bien emmerder le monde et l’e-monde avec des phobies pas comme les autres.

Ca doit être parce que toute la société de la séduction est basée sur les cheveux qui se lavent avec du shampoing. A force de voir à la télé des pubs « parce que je le vaux bien », le truc a fini par me monter à la tête. C’est peut-être pas plus bête que cela si ça se trouve.

De toutes façons, les chevelus sont plus sympathiques, votent plus à gauche, sont plus gentils, moins violents que les boules à zéro de salopards de nazis. Ce n’est pas encore scientifiquement prouvé mais j’y travaille d’arrache-pied.

Mon pire cauchemar c’est qu’après un viol collectif de la part d’un groupuscule d’extrême droite, de Skin Head assoiffés de vengeance et de mort, ces couillons à grosses chaussures me scalpent millimètre par millimètre pour que je le ressemble un peu, pour me faire venir dans leur secte d’enculés.

C’est pour cela que je me balade jamais seul, que j’ai toujours un peigne sur moi et un livre d’Alain Soral pour montrer que moi aussi je suis un extrémiste.

Bon ben voilà, étant donné qu’on est entre-nous, je vous fais toutes ces confidences, faites-en ce que bon vous semble, ne prenez pas cela à rebrousse poil, épargnez-moi les insultes habituelles « cheveux longs idées courtes », « c’est pas parce que tu es beau comme Alain Delon jeune et cultivé que tu dois la ramener avec ta perruque... » etc....

La bise.

Photographie de Frédéric Vignale prise par Helmut Newton en 2002

Photographie de Frédéric Vignale prise par Helmut Newton en 2002